Le 23 novembre 2016
Rendu absurde par son cadre spatio-temporel aussi déglingué que ses personnages, Preacher amuse par sa galerie de sacrés phénomènes, dont l’intérêt ne réside pas tant dans son protagoniste que dans certains seconds rôles perchés et attachants.
- Acteurs : Dominic Cooper, Jackie Earle Haley, Ruth Negga, Joseph Gilgun
- Genre : Comédie, Action
- Nationalité : Américain
- : Sony Pictures Home Entertainment
- Chaîne de TV : OCS
- Date de sortie : 26 octobre 2016
Résumé : Après avoir assisté à un événement surnaturel, le prêtre Jesse Custer se voit attribuer un pouvoir obligeant n’importe qui à obéir à ses paroles. Accompagné d’un vampire et d’une criminelle, l’homme d’Église va en profiter pour redonner vie à son édifice religieux et orienter les habitants de sa petite ville vers Dieu.
Notre avis : Que Seth Rogen (n’oublions pas aussi Evan Goldberg et Sam Catlin) ait entrepris depuis toujours d’adapter le comics Preacher, dont il est un grand fan, ne surprend que peu au vu du résultat de cette transposition. Série que l’on imagine fidèle à son matériau d’origine, le bébé d’AMC condense l’absurdité de l’univers du comédien / producteur / scénariste / plein d’autres choses, tout en lui donnant les limites par une histoire préexistante et celles imposées par la chaîne câblée (pas de grossièretés à base de « fuck » notamment). Autant dans son élément qu’un vampire dans une banque de sang, lui et ses compères s’éclatent à donner vie à des personnages évoluant dans un univers si absurde et dénué de sens qu’il ne peut que déteindre sur ces derniers (ou bien le contraire, est-ce l’environnement qui façonne les personnages ou les personnages qui façonnent l’environnement ?). Le fin fond du Texas ici mis en scène concorderait presque avec notre vision la plus caricaturale de ce no man’s land peuplé de ploucs, et d’éléments d’un autre monde, comme une reconstitution à taille humaine d’une bataille de la guerre de Sécession, des bastons à grande échelle devant un shérif indifférent, un shérif, du coup (les américains...), un maire victimisé qui sert à rien, des morts à la pelle et enterrés grâce à celle-ci ou encore un bordel. Son esthétique et son ton western évident, Preacher l’assume et assure clairement pour y faire naître un décalage humoristique percutant, pas délicat pour un dollar, et c’est tant mieux.
- Copyright : AMC
Formellement déjà, la série avance dans son récit avec d’énormes sabots, à grand renfort d’effets visuels et sonores grossiers, sans être grotesques, ajoutant un peu plus à l’atmosphère quasi-apocalyptique d’un ensemble extrêmement efficace, presque jouissif dans l’angle d’attaque adopté par le show pour certaines de ses scènes de combats (les 3 premières du pilote, « présentant » les aptitudes de chaque membre du trio principal), clairement orientées vers le fun délirant (on repense un peu à la scène de l’église de Kingsman dans l’esprit). Malgré son aspect « longue introduction de 10 épisodes », avec le final du final envoyant tout balader dans un élan de gros je-m’en-foutisme, rampe de lancement au postulat de base, Preacher emmagasine de nombreux éléments indispensables à la construction narrative et psychologique de ses personnages. Plus étonnant et dommageable, les interactions entre les têtes d’affiches manquent parfois de profondeur et de significativité, entre Jesse et Cassidy, et plus étrangement entre Jesse et Tulip, où l’alchimie ne se dégage que par intermittence, alors que Dominic Cooper et Ruth Negga sont pourtant mariés dans la vie civile. Prises à part, les différentes gueules composant le cadre idyllique d’Annville, en particulier les seconds rôles, forment l’attraction principale de Preacher, dont l’humour (et même la dramaturgie) prend vie grâce à ses interprètes.
- Copyright : AMC
Bouffé de bout en bout par Joseph Gilgun et Ruth Negga, Dominic Cooper peine à convaincre et surtout à engendrer de l’empathie pour son personnage de prêtre, en particulier lorsqu’il s’engage à purifier la population de son petit bled, avec des séquences maintenues fragilement hors de l’agacement religieux. Cela relève d’un déroulement logique du super-héros découvrant son pouvoir, pour autant, pendant 2 ou 3 épisodes, Jesse Custer passe au second plan dans les attentes du spectateur, préférant jeter son dévolu sur le vampire alcoolique et cocaïnomane (ça et d’autres substances amusantes) ainsi que sur la femme la plus burnée de tous les hommes du Texas. Attachants en moins de temps qu’il n’en faut pour qu’un ange ressuscite, les deux acolytes du prêtre nous régalent par leurs manières complètement décalées d’aborder certaines situations, de relativiser certaines de leurs actions, ou simplement dans les dialogues, la plupart très bien écrits. Dédié à ses personnages, Preacher trouve sans aucun mal le juste milieu afin d’engendrer de la sympathie mais surtout de l’empathie envers des anti-héros, parfois monstrueux, que rien ne semble arrêter. Pas même le Paradis.
- Copyright : AMC
Le blu-ray :
Les suppléments :
Pas avare en bonus, le coffret de Preacher recèle de modules assez passionnants sur la production d’une série que personne ne voulait produire, sur les effets spéciaux géniaux et autres cascades et costumes. Dommage qu’ils soient cependant un peu courts. On peut autrement compter sur les habituels scènes coupées des différents épisodes, d’un bêtisier et même de la lecture du pilote autour d’une table entre les producteurs et tous les acteurs récurrents de la série. On vous avouera que pour ce dernier, l’intérêt montre très rapidement ses limites.
L’image :
Le blu ray rend justice à la magnifique photographie sèche et aride de la série. Poussant les teintes saturées à son maximum (exception faite des séquences western, volontairement grisâtre / marron poussière), l’image dispose d’une colorimétrie exemplaire en plus d’une définition assez impressionnante dans les scènes bien éclairées (il suffit de regarder la barbe de Jesse Custer pour s’en convaincre). Seule ombre au tableau, une importante baisse de précision est à signaler dans les scènes de nuit ou d’intérieur en sous éclairage. Rien de bien persistant dans cet ensemble où prédomine les séquences sous le chaleur infernale du Texas.
Le son :
La VO en 5.1 DTS HD dispose d’un joli coffre. Les voix sonnent graves et profondes, l’ambiance sonore, dont les nombreux bruitages associés à l’apparition des encartes indiquant temps et villes, se révèle lourde sans être abrutissante, de même pour les scènes d’actions, très immersives. On la préférera largement à la VF 5.1, moins percutante, aux doublages qui, jamais, ne pourront égaler les accents magiques des différents acteurs.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
birulune 9 décembre 2016
Preacher saison 1 - la critique (sans spoiler) + le test blu-ray
Série géniale s’il en est. On regrette un peu le coté foutraque de certains aspects du scénario et c’est bien peu de chose comparé à l’excellence de brio et de ringardise affichée de cette fichue série:pas un ordi pas de Facebook juste de la poussière et des âmes torturées portées par des gueules cassées incroyables. Kass’ cartonne en double en négatif de Custer qui peine à se convaincre qu’il peut être un prédicateur digne de son père, et Tulip, l’éternelle amoureuse de mauvais garçon veut sauver son ex’ de ces bondieuseries qui fonctionnent plus comme un exutoire que selon une réelle vocation de Jesse ( d’où quête et remise en question de soi, d’où tyse et coups de gueules etc...)
Les angelots employé du Très-Haut sont fendarts mais ce sont ces images archétypales du grand Sud américain qui font tourner la série autour d’un thème qui touche tout le monde ( l’absolution et l’espoir)