Losing my religion
Le 4 janvier 2007
Pork and milk, par son point de vue atypique, tranche avec la production documentaire et parvient à renouveler l’habituel discours sur la religion.

- Réalisateur : Valérie Mréjen
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 29 mars 2006

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– Durée : 52mn
Pork and milk, par son point de vue atypique, tranche avec la production documentaire et parvient à renouveler l’habituel discours sur la religion.
L’argument : Valérie Mréjen est allée en Israël pour rencontrer ceux qui, élevés dans l’orthodoxie la plus sévère, ont décidé un jour de rompre avec le fanatisme religieux, ceux dont on dit en hébreu qu’ils ont choisi "d’aller vers la question".
Notre avis : "Devenir laïque ;" La phrase est répétée avec un soupçon de honte. Rompre avec la religion, pour ces Israéliens élevés dans des familles ultra-orthodoxes, c’est un peu l’histoire du fils d’industriel qui souhaiterait devenir artiste. A la fois émancipation de soi et vague sentiment d’inquiétude.
Derrière son titre énigmatique, tout à fait justifié pour qui connaît la religion juive, Pork and milk se présente comme une suite d’entretiens avec ces rescapés de l’intégrisme qui, sans renier leur religion, ont su dire non à la ghettoïsation volontaire (les juifs orthodoxes se regroupent dans des quartiers qu’ils ne quittent qu’exceptionnellement). Car si le documentaire se concentre sur ses entretiens, filmant avec application les visages, il n’en demeure pas moins que le hors-champs, le monde extérieur, fait progressivement surface au gré des discussions, des descriptions. Ainsi la mise en scène, statique, se plaît-elle à retranscrire les contradictions d’un pays entre étanchéité sociale et ouverture sur l’extérieur. Alors que tant de de films et de documentaires se penchent sur la délicate question de l’embrigadement religieux (dernièrement expédiée à grand coup d’avenirs bouchés et de partie de foot dans Syriana), Valérie Mréjen adopte la démarche inverse et pointe les variable d’enfermement (la première d’entre elle étant le mariage) dont le but est d’éviter la menace, toujours présente, d’une "fuite" spirituelle. Il est décidemment plus facile d’adopter une religion que de la quitter.
La réflexion, handicapée par la sécheresse du dispositif cinématographique et la trop courte durée du programme, n’en demeure pas moins passionnante. Tout particulièrement lorsque les intervenants se laissent aller à évoquer leurs sentiments, parfois conflictuels, à l’encontre du geste qu’ils ont accompli. A l’image de ce jeune homme qui, quand il va au cinéma, raconte toujours s’asseoir au premier rang, quitte à ne rien voir. Geste touchant et parfaite illustration de ces destins évaporées, qui, pour rattraper leur retard, s’évertuent à vivre plus fort que les autres...