Flic ou voyou
Le 25 mai 2015
Ce polar ibérique d’excellente, inédit en salle sur notre territoire, voit l’éditeur TF1 vidéo réparer le préjudice en intégrant ce chef d’œuvre à la noirceur abyssale dans sa collection "Polars du Monde".
- Réalisateur : Enrique Urbizu
- Acteurs : José Coronado , Rodolfo Sancho, Helena Miquel, Juanjo Artero
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Inédit (salle, vidéo)
- Nationalité : Espagnol
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Durée : 1h45mn
- Titre original : No habrá paz para los malvados
- Festival : Festival du film Policier de Beaune
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– Date de sortie en DVD : 18 février 2015
Ce polar ibérique d’excellente facture, inédit en salle sur notre territoire, voit l’éditeur TF1 vidéo réparer le préjudice en intégrant ce chef d’œuvre à la noirceur abyssale dans sa collection "Polars du Monde".
L’argument : Passablement éméché, l’inspecteur Santos se retrouve mêlé à un triple meurtre dans un bar et laisse échapper un témoin. Il se lance à sa poursuite et comprend vite que cela s’avère être beaucoup plus qu’une affaire de drogue… Une véritable chasse à l’homme se met en place.
Notre avis : Avec Pas de répit pour les salaud, auréolé par pas moins de six Goya en 2012, parmi lesquels ceux du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original et meilleur acteur, le cinéaste Enrique Urbizu, déjà scénariste et réalisateur de l’excellent Box 507 (œuvre multi récompensée au festival du film policier de Cognac lors de la 21ème édition en 2003), aborde l’image du flic sous un angle particulièrement sombre.
Le personnage principal de Santos Trinidad, incarné par un José Coronado au charisme incandescent, est planté comme un flic anti héros ténébreux à la dérive carburant au rhum coca et à la sèche. Sa déchéance l’amène à commettre un triple meurtre totalement amoral au sein d’un dancing louche sur le point de clôturer sa nuit. Problème, un témoin réussit à s’échapper.
Afin de rattraper sa bavure, notre flic aux agissements répréhensibles va tout mettre en œuvre pour tenter de le retrouver. Par la même occasion, il se voit catapulté, de façon tout à fait hasardeuse, sur la piste d’un dangereux réseau terroriste (une approche qui ne manque pas de trouver un écho dans les attentats de Madrid qui avaient ébranlé l’Espagne en 2004).
Grâce à un récit à la maîtrise plus manifeste que jamais, on suit en parallèle l’enquête menée par les services de police espagnols conduite par la tenace juge Chacón (Helena Miquel). En choisissant de structurer son intrigue autour de deux pôles en totale opposition (d’un côté une figure méprisable de la justice représentée par le personnage de Santos, de l’autre la droiture symbolisée par celui de Chacón), l’investigation prend peu à peu un tournant férocement captivant. Sans le savoir, lorsque les pistes commencent peu à peu à se rejoindre, celui qui pensait orchestrer la traque à lui seul se mue aussi en une proie mise sur la sellette.
Urbizu tire d’ailleurs admirablement profit de l’ambiguïté de ce jeu du chat et de la souris à l’instar d’une scène d’interrogatoire ultra tendue où Santos fait étalage d’un sang froid olympien. Présenté initialement comme une ordure aux méthodes perfides qui ne le distingue guère d’un truand, Santos Trinidad, s’il a certes bien du mal à nous convaincre de le ranger du côté des hommes de bien, va pourtant trouver, et de façon tout à fait imprévisible, une opportunité de rédemption qu’il tâchera de saisir (la référence christique cachée derrière son nom, traduction quasi littérale de la "Sainte Trinité", prenant ainsi tout son sens lors de son sacrifice), tout ça au beau milieu d’un dernier acte à l’âpreté radicale.
En définitive, Pas de répit pour les salauds est une descente sans phare, dense et acerbe dans ce que le cinéma de genre espagnol peut apporter de plus noir. Le personnage de flic qui navigue en eau trouble joué par José Coronado demeure sans conteste l’une des figures les plus marquantes vue dans une production issue de l’autre côté des Pyrénées depuis fort longtemps. On se demande encore comment une œuvre au potentiel aussi culte a bien pu passer à travers les mailles des filets des distributeurs. À découvrir d’urgence.
LE TEST DVD :
L’éditeur TF1 Vidéo délivre une édition plutôt honnête pour le support.
Les suppléments :
Un seul module est présent dans la section des bonus. Il s’agit d’un making-of d’une vingtaine de minutes parfaitement recommandable. Ceux qui souhaitent approfondir leur vision autour du film sauront l’apprécier puisque les interventions du réalisateur Enrique Urbizu et des acteurs apportent un petit plus sur la manière d’appréhender certain aspect du long métrage (avec entre autres le rôle prépondérant du hasard dans le film ou bien encore la dimension religieuse reliée au patronyme du protagoniste principal).
L’image :
En dépit de quelques passages au grain pas toujours heureux, la copie tient plutôt la route avec des éclairages bien retranscrits et qui respectent parfaitement le travail du directeur de la photographie Unax Mendia.
Le son :
Les deux mixages Dolby Digital 5.1 français et espagnol assurent une qualité d’écoute de belle envergure. On vous conseille cependant de découvrir le film dans sa version originale, la langue espagnole permettant ici de profiter du jeu intense de l’acteur José Coronado totalement habité par son rôle.
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