Le 20 avril 2021
Plonger dans l’Histoire de France se révèle toujours un pari ambitieux pour une série en costumes. Là où on attend de la subtilité, sur une période pendant laquelle le pays est déchiré par l’affaire Dreyfus et balance entre antisémitisme et anarchisme, la série choisit le glauque. Crimes, sexe, chantage, violence… une production chargée, qui contraste avec une écriture très distinguée.
- Acteurs : Marc Barbé, Evelyne Brochu, Patrick d’Assumçao, Jérémie Laheurte, Christian Hecq, Christophe Montenez
- Genre : Historique, Policier
- Nationalité : Français
- : Universal Studio Canal Video
- Durée : 8 épisodes de 52 minutes
- VOD : Canal+
- Date de sortie : 3 mars 2021
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Résumé : Paris, 1899. Le président français, Félix Faure, rend l’âme, l’antisémitisme fait rage. Paris est sale, violent, sanguinolent et la pauvreté le gangrène. La police tente alors de mener l’enquête suite à la découverte d’une femme dans une malle grâce à de nouvelles méthodes scientifiques. Jeux de pouvoir, opinions et séduction se mêlent dans un Paris méconnaissable à l’aube du XXe siècle.
Critique : Le premier épisode nous fait entrer dans le vif du sujet : Marguerite Steinheil, la maîtresse de Félix Faure, alors président sous la IIIe République, assiste à la mort de son amant, en pleins ébats. Cette anecdote de l’Histoire, qui peut prêter à sourire, est le début d’une collaboration et d’une première trame de cette intrigue : le parcours d’une jeune femme contrainte de devenir espionne, pour subvenir à ses besoins. On découvre ensuite le commissariat et le jeune inspecteur Jouin, rebelle à sa hiérarchie, qui se confronte à l’antisémitisme politique, à travers des scènes violentes et sans concession.
C’est bien le principal problème de cette série : l’absence de nuances et de subtilité. Les personnages sont grossiers, comme des caricatures d’époque. Une figure de style des réalisateurs ou simplement une volonté de souligner le dégoût inspiré par le sujet ? La maîtrise est évidente pour ce qui est des costumes, des détails, des éléments historiques et l’on devine un grand travail de recherche, afin de donner à voir, avec précision, la période historique évoquée. En revanche, la mise en scène perpétuellement sombre, repoussante, couplée à un jeu d’acteurs surdosé, presque ampoulé, rend mal les ambiances. On a l’impression d’assister à une succession de tableaux particulièrement travaillés, mais peu harmonieux dans l’ensemble.
- Crédits Rémy Grandroques - Tetra Media Fiction / Canal+
L’écriture pêche également dans les différentes trames qui sont développées. Passé le premier épisode, les intrigues deviennent confuses, sans suspense, mais avec des scènes glauques vraisemblablement assumées. On devine certes que l’ambiance des abattoirs de la Villette n’était pas des plus glamours ; en revanche, la cruauté avec laquelle les personnages y sont traités n’est pas nécessaire. La violence et la noirceur servent l’intrigue policière qu’a voulu développer la série, à travers des meurtres qui rappellent le Londres de Jack l’Eventreur : même cruauté dans les actes perpétrés, même recours à la drogue ou à la violence envers les femmes. L’enquête, qui veut cependant se concentrer à la fois sur les victimes et les aspects politiques, ne parvient pas à surprendre ou à intéresser : son récit est trop étiré par les différentes directions d’écriture.
Bien sûr, le travail historique est remarquable. Les personnages ou les faits bénéficient parfois d’une vraie dimension fictionnelle : on retient en particulier le préfet Lépine, ici incarné par Marc Barbé, qui crée entre autres les brigades criminelles et avec qui on devient familier. On mentionnera également Jules Guérin, figure de l’antisémitisme en France durant cette période, qui incarne ici le journaliste à la tête de l’hebdomadaire « L’Antijuif », dans une époque où cette pensée a pignon sur rue. En outre, la série se consacre, dans une dimension presque anachronique, à mettre en valeur les femmes de cette époque : d’abord Meg Steinheil, qui fut la maîtresse de Faure, très justement incarnée par Evelyne Brochu, mais aussi Jeanne Chauvin, première femme avocate à avoir plaidé en France. D’autres personnages ont également une épaisseur historique qui accrédite le sérieux de cette création.
- Crédits Rémy Grandroques - Tetra Media Fiction / Canal+
De prochaines saisons sont annoncées : on espère y trouver l’épaisseur nécessaire au traitement de périodes historiques qui résonnent encore dans la société française contemporaine.
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