Le 30 août 2024
Derrière les intentions très louables de ce film sur une fratrie livrée à elle-même, se posent de vraies questions de vraisemblance qui rend le tout assez bancal.
- Réalisateur : Mika Gustafson
- Acteurs : Ida Engvoll, Bianca Delbravo, Dilvin Asaad, Marta Oldenburg, Mitja Siren, Safira Mossberg
- Genre : Comédie dramatique, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Suédois, Italien, Danois, Finlandais
- Distributeur : Épicentre Films
- Durée : 1h48mn
- Titre original : Paradiset brinner
- Date de sortie : 28 août 2024
- Festival : Festival de Venise 2023
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Résumé : Dans une région ouvrière de Suède, trois jeunes sœurs se débrouillent seules, laissées à elles-mêmes par une mère absente. Une vie joyeuse, insouciante et anarchique loin des adultes mais interrompue par un appel des services sociaux qui souhaitent convoquer une réunion. L’aînée va alors devoir trouver quelqu’un pour jouer le rôle de leur mère…
Critique : Elles sont trois sœurs, dans une maison où la mère et le père ont disparu. On n’en connaît pas vraiment la raison, sinon que l’aînée des trois tente de maintenir un pseudo-équilibre familial. Mais un appel des services sociaux vient bousculer cet univers fragile et les trois filles s’embarquent dans une forme de recherche de repères parentaux qui pourraient venir remettre un peu de l’ordre dans leur foyer.
Paradise Is Burning est bourré de belles intentions. Le personnage principal, qui est la sœur la plus grande, évolue entre beaucoup d’immaturité et un irrépréhensible désir de protéger les deux plus jeunes. Évidemment, au vu de la précarité de la situation, les gamines ont des comportements plus que limites, qui traduisent fondamentalement leur insécurité affective et psychologique. Le cinéma comporte de nombreux films qui traitent ces formes de foyers avortés où les enfants sont contraints de s’éduquer seuls. En l’occurrence, le récit se passe en Suède, pays d’Europe où nous sommes plus habitués à côtoyer sur les écrans des bourgeois. Ce regard sur la communauté ouvrière de la Suède constitue pour le coup l’intérêt et l’originalité premiers de ce long-métrage qui, par ailleurs, s’enlise dans une somme d’invraisemblances.
- Copyright Epicentre Films
Un autre problème survient, à savoir la longueur. Pendant toute la projection, le spectateur s’interroge sur la nécessité d’étendre autant le récit. Le réalisateur en plus intègre un grand nombre de personnages qui forment comme des satellites autour des trois sœurs, sans que l’on ne parvienne à comprendre d’où ils viennent, comment ils vivent et les raisons de la relation qui se noue entre les filles et eux. Cela rend les situations un peu bancales, ce que renforce l’inaction des services de protection de l’enfance présentés de façon assez caricaturale.
Dit autrement, Paradise Is Burning ne fonctionne pas. L’émotion est empêchée par un rythme assez lent, des invraisemblances majeures et un scénario qui ne parvient pas à clarifier les motivations des adultes qui entourent les trois jeunes. Le plus incompréhensible demeure la relation que l’aînée établit avec une jeune femme, maman apparente d’un nourrisson, qui pourrait jouer le rôle de la mère disparue lors de la visite des services sociaux. Bien sûr, l’intrigue met des bâtons dans les roues dans ce projet assez incongru, ce qui est heureux, sinon le long-métrage aurait failli définitivement aux sirènes du mélodrame.
- Copyright Epicentre Films
Mika Gustafson vient du documentaire. Elle réalise ici son premier long-métrage de fiction, qui traduit de vraies carences dans l’écriture même du scénario. Un film ne peut pas reposer que sur des digressions fantasmatiques d’un monde qui a failli. En plus, le manque d’explication confère les personnages dans des rôles assez confus, mal définis, qui jouent avec la transgression et la norme en permanence. Ces carences pèsent véritablement sur l’attention du spectateur qui est parfois entraînée dans des espaces tentant de forcer son émotion.
On sera donc resté à côté d’une œuvre absolument louable dans ses intentions. Même l’interprétation remarquable des trois jeunes actrices n’aura pas suffi à nous convaincre réellement.
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