Le 26 septembre 2016
Mr. Robot saison 2, ou la dictature insupportable du twist.
- Acteurs : Christian Slater, Portia Doubleday, Rami Malek
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Américain
- Chaîne de TV : FRANCE 2
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Résumé : Elliot est un jeune programmeur anti-social qui souffre d’un trouble du comportement qui le pousse à croire qu’il ne peut rencontrer des gens qu’en les hackant. Il travaille pour une firme spécialisée dans la cyber-sécurité mais un homme connu sous le nom de Mr. Robot l’approche un jour pour faire tomber une compagnie surpuissante qui fait partie de celles qu’il doit justement protéger...
Notre avis : Alors qu’enfin la saison 1 de la série qui déchaîne les foules est diffusée sur France 2, sur une plage horaire honteuse il faut l’avouer, la saison 2, elle, vient de se clôturer il y a quelques jours de cela, au terme de 12 épisodes largement médiatisés. Car si il y a bien une chose qu’on ne peut enlever à Mr. Robot, c’est l’engouement assez impressionnant qu’elle suscite chez les spectateurs, coup de poker pour un show diffusé sur une petite chaîne, USA, et à l’univers loin d’être facilement abordable. Malgré cela, la série a su conquérir son public (et pas des moindres), au point de se voir récompenser aux Emmy Awards de cette année, où Rami Malek, alias Elliot Alderson, s’est vu attribué une statuette pour son interprétation. Encore à l’heure qu’il est, très peu ont digéré les derniers épisodes du show, aussi bien acclamée par la presse que par le public. Ce qui n’est pas notre cas.
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Divisible en 2 grosses parties bien distinctes par un twist au septième épisode, la saison 2 laisse au terme de ces 12 segments un sentiment d’amertume désagréable d’avoir assister à une série trop sûre de ses qualités d’écriture pour ne pas s’embourber dans d’exaspérants travers, pas tant dans sa première moitié que dans sa seconde. Aux 7 premiers épisodes ne pourront être "que" reprocher l’ennui qu’ils procurent par intermittence. C’est au bord du chaos et à l’approche d’une nouvelle révolution que l’on avait quitté Elliot et ses copains hackers dans la saison 1, et c’est chez sa mère qu’on le retrouve cloîtré, refusant d’assumer ses responsabilités, séparé d’un monde certes en crise, mais dont la gravité semble toute relative, pendant que ses amis de FSociety patientent gentiment en commettant ça et là quelques actions à la portée symbolique limitée. On pouvait espérer plus excitant, mais soit, ces retrouvailles restent raccord avec la tonalité intimiste et anti-spectaculaire de la série. Ainsi, pendant 7 épisodes on attend, on assiste au combat intérieur d’Elliot, rongé par son alter-ego, à l’ascension d’Angela au sein d’Evil Corp, et à la passivité de FSociety. La lassitude guette dans la description de ce quotidien, cependant mis en scène avec talent et originalité (à défaut d’être rythmé), qui est sauvé par quelques interventions de Joey Bada$$, très à l’aise dans son premier rôle à l’écran, mais surtout par une intrigue secondaire à la mise à mal d’ECorp, celle entre Elliot et Ray, administrateur d’un site type Le Bon Coin pour tordus et criminels. Avec son antagoniste aussi ignoble qu’attachant, cet aparté constitue le meilleur lien séparant le spectateur du sommeil. C’est avec son dénouement que la saison 2 amorce un virage à 180° degrés et se recentre sur le véritable sujet de la série : Le démantèlement de tout un système capitaliste.
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Comme pour relancer l’intérêt et justifier le caractère amorphe des 7 premiers épisodes, un énorme twist vient perturber nombre de nos certitudes, avec l’impression d’avoir été pris pour un idiot par un showrunner (Sam Esmail) profitant du point de vue interne de son personnage mentalement instable pour nous faire avaler tout et n’importe quoi. Ce retournement de situation agace d’autant plus qu’il s’inscrit dans une logique d’écriture implacable. Impossible dès lors de reprocher à Sam Esmail de sortir sa révélation de nulle part tant les indices corroborant sa version sont légions. Mais dans ce contexte où, concrètement, tout peut arriver du moment que l’on suit Elliot, comment continuer à s’impliquer émotionnellement si chaque situation dramatique peut être remise en cause ?
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En cela, on pourrait presque émettre un rapprochement entre Mr. Robot et The Walking Dead. Après tout, les deux semblent dévaler la même pente glissante, où pour être sûr de l’existence d’un événement, il faut que le spectateur l’ait vu de ses propres yeux (et pas à travers ceux d’Elliot). Et par ses propres yeux on entend y assister en gros plans, avec une certitude de 100%, au risque sinon de revoir un personnage que l’on croyait mort, puis vivant, puis mort, puis on ne sait plus, puis on s’en contrefout. Là est la terrible conséquence, alors que la première saison fournissait un grand travail d’écriture pour s’attacher aux personnages, la seconde détruit cet effort pour flirter avec le sensationnalisme voire le putassier, quand l’on regarde le nombre d’épisodes se terminant sur des énormes cliffhangers, qui déboucheront par la suite à des réactions telles que « tout ça pour ça ? » (l’exemple le plus illustratif restant l’intrigue centrée sur Joanna). En pilotage automatique, on se désintéresse pour une intrigue bien trop complexe, obscure et froide, que l’ajout de nouveaux personnages plus ou moins bien écrits (mention spéciale à l’agent DiPierro, très bonne surprise) ne parvient pas assez à dynamiser. Au final on se retrouve dans le flou le plus total à l’issu de ces 12 épisodes, qui répondent aux questions suscitées par la fin de la première saison par de nouvelles questions, plus nombreuses encore. Sauf que cette fois-ci la volonté de connaître le fin maux de l’histoire n’y est plus.
Un énorme gâchis.
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