Avant Trinita
Le 24 avril 2015
Bastons, engueulades, fusillades et gags potaches sont au programme de cette comédie western qui a précédé le succès du fameux On l’appelle Trinita.
- Réalisateur : Duccio Tessari
- Acteurs : Giuliano Gemma, Antonio Casas, Cris Huerta, Julio Peña
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : Artus films
- Durée : 97 min
- Titre original : Vivi o preferibilmente morti
- Date de sortie : 17 septembre 1969
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- Sortie DVD : le 5 mai 2015
Bastons, engueulades, fusillades et gags potaches sont au programme de cette comédie western qui a précédé le succès du fameux On l’appelle Trinita.
L’argument : Afin de toucher l’héritage de son oncle, Monty (Giuliano Gemma), joueur et flambeur, doit vivre pendant six mois avec son frère Ted, un fermier bougon et solitaire. Peu enclin à vivre l’aventure de l’ouest, mais poussé par l’impatience de ses créanciers, Monty part rejoindre la ferme de Ted. Alors que tout sépare les deux frères, ils vont devoir apprendre à se connaître, et faire équipe pour affronter une bande de pillards.
Notre avis : Ce qu’on aime en général dans le western italien, ce sont ses ambiances sombres, parfois à la limite du gothique, son souffle épique, sa violence stylisée et ses partitions musicales hallucinées. Pourtant, à la fin des années 1960, le genre semble en train de décliner et, comme souvent, des parodies apparaissent. On en change le ton ténébreux pour l’amener vers des spectacles comiques grand public. En ce sens, ce Mort ou vif... de préférence mort annonce la déferlante de la série Trinita qui connaîtra son heure de gloire au début des années 1970. Aussi connu sous le titre La chevauchée vers l’Ouest, ce long métrage a aussi été exploité aux Etats-Unis en tant que Sundance and Butch the Kid pour flirter sur le succès d’un film paru plus tôt, Butch Cassidy and the Sundance Kid avec Robert Redford, Paul Newman et Katharine Ross. Dans le film de Tessari, on retrouve la même idée classique d’un duo d’acteurs qui se détestent et se bagarrent sans cesse mais qui se révèlent inséparables. L’un vient de la ville. C’est Giuliano Gemma. Charmeur et décontracté, il joue le rôle de Monty Mulligan, un joueur incorrigible attiré par le gain. L’autre vient de la campagne et semble bien plus rustre. C’est le boxeur Nino Benvenuti qui l’incarne pour son premier grand rôle à l’écran. Si Gemma connaissait déjà le réalisateur Duccio Tessari, avec lequel il avait déjà tourné plusieurs fois, notamment dans le grand succès populaire Les Titans (1962), Benvenuti, lui, a longtemps hésité avant d’accepter. Et en effet, la critique ne sera pas tendre avec lui, même si le film a très bien marché en salles. C’est la ressemblance entre les deux hommes et leur amitié qui remontait à leur service militaire qui a convaincu les producteurs. Et il est certain que la bonne humeur est ici communicative. Du moins, eux se sont bien amusés.
Car il faut bien le dire, le film n’est quasiment jamais drôle, ou peut l’être pour des enfants. Pourtant, les liens avec le slapstick de l’époque du muet semblent ici totalement assumés. On voit d’ailleurs à un moment les personnages découvrir le cinématographe, comme si le réalisateur avait voulu rendre hommage à cette antique forme de langage cinématographique. Si nous n’adhérons pas vraiment à cet humour tarte à la crème, il faut en revanche souligner que les scènes d’action et de cascades sont bien plus réussies. Les rebondissements sont permanents, et malgré les fusillades, il se dégage une énergie bon enfant de l’ensemble. Les seconds rôles n’y sont d’ailleurs pas pour rien, notamment Antonio Casas qui interprète Barnds, un joueur de poker qui amène les deux frères à commettre des vols de banques, Cris Huerta qui joue le rôle de Jim, le chef de la tribu de malfrats qui poursuivent les deux frères et les interrompent dans leurs tentatives (toujours ratées) de hold-up, et Sydney Rome dans la peau de la fille du directeur de la banque, une chieuse gâtée encore plus hystérique et stupide que la Scarlett originelle d’ Autant en emporte le vent.
En raison du physique athlétique et avantageux des deux acteurs masculins principaux, on remarquera les nombreux passages où ils exposent leur anatomie, et surtout une scène assez notable où la bande d’affreux de Jim les a ligotés et où les bandits s’amusent à un jeu sadique. Jim a délimité une ligne sur le sol et ses hommes jettent des pièces brûlantes sur le corps des deux frères en train de se contorsionner pour éviter les lancers. Exactement le genre de scènes que l’on aurait trouvé dans la rubrique "More Movie Mayhem" du magazine gay cuir seventies Drummer. Heureusement, pour sauver les apparences, Sydney Rome réveillera l’appétit hétérosexuel de Ted, le frère fermier, même si à la fin il avouera n’en avoir rien à faire d’elle pour continuer ses péripéties avec son frère.
Le film repose donc en grande partie sur la complicité entre les frères Mulligan et leur rapport amour/haine, et fera passer un agréable moment à tous les amateurs de ce genre que Duccio Tessari appréciait. Il était d’ailleurs devenu un des spécialistes des films légers mélangeant les codes du western, de l’espionnage ou du péplum avec le style parodique et humoristique. Le but du film était de faire de Nino Benvenuti une star de cinéma. Celui-ci s’en écartera pourtant bien vite, alors que Giuliano Gemma continuera son ascension.
Les suppléments
En bonus, nous trouvons une présentation du film par Curd Ridel. Ce dernier arrive toujours à aller chercher des anecdotes étonnantes. Il s’arrête ainsi sur les acteurs principaux, nous parle de la passion de Giuliano Gemma pour la sculpture, acteur qu’il a d’ailleurs déjà rencontré. Il nous relate l’histoire de ce fan africain qui s’était tailladé la joue avec un clou pour avoir la même cicatrice que son idole. Il nous parle aussi de l’idylle entre Sydney Rome, actrice, chanteuse et top model, avec le chanteur de variété Gérard Lenormand alors que les deux étaient mariés. Ce dernier écrira la chanson "Je vous écris" spécialement pour elle. Les anecdotes se succèdent ainsi pendant quarante-six minutes. Il faut noter aussi, même si ce n’est pas mentionné, que le monteur du film était Mario Morra, célèbre réalisateur de Mondo Movies très violents et nihilistes (notamment Dimensione Violenza) et de la fameuse "trilogie sauvage" qu’il dirigera avec Antonio Climati entre 1975 et 1983. En suppléments, se trouvent aussi six bandes annonces de la collection des westerns européens d’Artus et un diaporama.
Image & Son
Le long métrage est proposé en format 1.85, avec une image rendant un bel hommage à la photographie du film. La version française se révèle très bonne, avec de sacrées voix qu’on a entendues dans des tas d’autres films (Claude Giraud, Serge Sauvion...). Le doubleur de Cris Huerta est juste fantastique. Comme souvent avec les VF d’époque, celle-ci sature un peu sur la partition musicale. Donc pour mieux profiter des compositions de Gianni Ferrio, assez comiques et ludiques, vous pourrez vous tourner vers la version italienne sous-titrée. La musique emprunte allègrement au genre country et au style fanfare, avec des morceaux chantés qui s’éloignent des envolées dramatiques et planantes d’autres western spaghetti de l’époque. Il n’est d’ailleurs pas rare que les morceaux soient chantés mais c’est surtout l’utilisation de la guimbarde que l’on retiendra.
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