Le 16 juin 2024
Inspiré des séries et du cinéma américains des années 80, Love Lies Bleeding serpente entre la romance lesbienne, le thriller psychédélique et même le fantastique. Une œuvre aussi originale que follement captivante.
- Réalisateur : Rose Glass
- Acteurs : Ed Harris, Jena Malone, Kristen Stewart, Dave Franco, Katy O’Brian, Anna Baryshnikov
- Genre : Thriller, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h44mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 12 juin 2024
- Festival : Festival de Berlin 2024
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Résumé : Lou, gérante solitaire d’une salle de sport, tombe éperdument amoureuse de Jackie, une culturiste ambitieuse. Leur relation passionnée et explosive va les entraîner malgré elles dans une spirale de violence.
Critique : Le générique de début pourrait faire penser à un mauvais film érotique avec ces corps perlés de sueur où les muscles rivalisent de puissance, jusqu’à ce que la caméra s’arrête sur l’héroïne principale, Lou, qui gère une salle de sport. La réalité est plus austère avec les WC qu’il faut déboucher, la vulgarité teintée d’homophobie des clients et la sinistrose des paysages extérieurs. Heureusement, le regard de Lou croise celui de Jackie, une culturiste passionnée, qui vient à sa rescousse dès les premiers moments de leur rencontre. Mais la princesse a ses faces sombres et ses secrets, se révélant peu à peu d’une brutalité quasi animale.
Love Lies Bleeding n’a rien du film manichéen. Tous les personnages sont habités par des démons intérieurs qui les rongent et les poussent à des comportements pour le moins paroxysmiques. On serait tenté de penser au célèbre duo de Thelma et Louise en regardant les déambulations désespérées des deux jeunes femmes pour échapper à la violence et à leur destin, ou encore, d’une certaine façon, à celui de Sailor et Lula qui tente de fuir la brutalité de d’un clan familial. Voilà donc un long-métrage très inspiré, qui semble même puiser ses idées dans des séries totalement contre-intuitives comme L’incroyable Hulk. On n’aura pas vu un film aussi original sur les écrans depuis quelques années, sans pour autant céder à l’intellectualisme et l’illisibilité.
- Copyright Metropolitan FilmExport
À trente-quatre ans, la réalisatrice et scénariste britannique, Rose Glass, à l’œuvre déjà très prolixe, opte pour un long-métrage résolument féministe. Les deux héroïnes occupent l’écran du début à la fin, dans une lutte nerveuse contre le patriarcat aveugle et les violences commises contre les femmes. Le Mal domine les relations et les personnalités de l’ensemble des protagonistes qui composent un univers très coloré mais totalement au bord du vacillement. Les policiers, quand ils ne versent pas dans la corruption, semblent errer dans une passivité profonde qui donne toutes les latitudes aux mafieux pour continuer leurs activités scabreuses. Si l’univers dépeint par Rose Glass a tout d’un certain décadentisme, la mise en scène se moque des conventions et tord le cou à la noirceur des thrillers.
Love Lies Bleeding apparaît donc comme un long-métrage original et très créatif qui ne s’arrête sur aucun genre précis. Il n’empêche que la relation amoureuse qui se noue entre les deux femmes est très belle, évoluant entre la passion, la violence et la manipulation. Les scènes sexuelles sont mesurées, illustrant avec brio la détermination de Lou à protéger sa compagne d’elle-même et de ses agissements, et la force de leur amour. On ressent en même temps chez toutes deux une grande désespérance qui prend ses racines dans une enfance brutale, aux côtés de parents aussi inconséquents que pervers.
- Copyright Metropolitan FilmExport
Love Lies Bleeding offre une fin absolument incroyable. L’intérêt du film réside d’ailleurs dans la manière dont Rose Glass bouscule les genres pour parvenir à cette issue complètement azimutée. On se doute bien que le Mal gagnera de toutes façons, là où chez Lynch, pour reprendre la référence à sa Palme d’Or de 1990, terminait l’escapade des deux amoureux dans un hymne merveilleux qui prônait la victoire du Bien. Les années ont passé, et le temps hélas n’est plus à l’optimisme. Même le combat féministe semble condamné à une forme d’impasse, face à un monde où les choses se complexifient et les limites entre le mal et le bien s’estompent. le film apparaît donc aussi désespéré que d’une certaine façon joyeux et hilare.
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