Le 11 février 2024
Un court-métrage captivant et sans concession, en lice pour les Césars 2024.
- Réalisateur : Basile Vuillemin
- Acteurs : Arieh Worthalter, Arnaud Duléry, Thierry Barbet, François Gillerot, Hugo Simon
- Genre : Drame, Thriller, Court métrage
- Nationalité : Français, Suisse, Belge
- Distributeur : Origine Films
- Durée : 0h20mn
- VOD : myCANAL, Unifrance
- Festival : César 2024
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– Film visible sur MyCanal et Unifrance
Résumé : Jorick est l’un des cinq membres d’équipage d’un petit chalutier. Après quatre jours d’une campagne de pêche infructueuse, il se retrouve face à un dilemme cornélien : rentrer les cales vides ou décider, contre l’avis d’une partie de l’équipage, de partir braconner en zone interdite.
Critique : Nommé au César du meilleur court-métrage au nez et à la barbe de quelques pépites, Les silencieux est un film qui n’a pas volé sa place dans le carré d’as… si ce n’est plus (rendez-vous pour la cérémonie le 23 février 2024).
En ne choisissant pas un sujet facile (la pêche en chalutier et les contraintes techniques que le milieu marin impose au tournage d’un film), Basile Vuillemin signe une œuvre ramassée, d’une bouleversante humanité. La capacité de son auteur à concentrer en si peu de temps le drame et le cas de conscience qui s’y joue - dont on ne révélera rien - et surtout sa façon de dégraisser le récit de toute scorie pour travailler à l’os ce qui l’intéresse, augure d’un sens de la dramaturgie et de la mise en scène plus que prometteurs.
- © Olivier Boonjing
En quelques plans francs, sans concession, l’univers est brossé, sonore tout d’abord, mais aussi dans les rapports humains qui se tissent entre collectivité par défaut et solitude face au néant. La longue séquence de nuit, à ce titre, évoque une variation lointaine d’Alien et son univers cosmique, vaisseau anxiogène et poétique lancé dans une nuit sans fin. Mais point de science-fiction ici, plutôt un réalisme ancré, éminemment cinématographique, pensé dans l’alliage du découpage et de la psychologie. Arieh Worthalter incarne ce personnage opaque et détestablement humain qui nous pose cette question terrible : peut-on pardonner une tragédie à quelqu’un qui agit par la peur ? En traitant de front le thème de la responsabilité et de l’impossible retour en arrière, Les silencieux s’érige en film questionnant, sourd mais attentif aux consciences qui s’oublient, et aux erreurs irréparables qui entraînent par ricochet toute une équipée.
Sans pathos, et fort de son succès dans divers festivals, ce film donne envie de parier sur un cinéaste dont l’aventure ne fait que commencer : Basile Vuillemin prépare un long-métrage né du scénario de ce coup d’essai éblouissant de maîtrise.
Un réalisateur à suivre de très près.
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