Entre puritanisme religieux et débauche sexuelle
Le 8 mai 2014
Deux jumelles sexy, un Peter Cushing hanté, un vampire pervers et des décors gothiques et somptueux. Un film de la Hammer avec tout ce que l’on peut attendre, ni plus ni moins.
- Réalisateur : John Hough
- Acteurs : David Warbeck, Peter Cushing, Damien Thomas, Kathleen Byron
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Elephant Films
- Durée : 1h23mn
- Titre original : Twins of Evil
- Date de sortie : 10 mai 1972
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– Sortie Combo Blu-Ray + DVD : 6 mai 2014
Deux jumelles sexy, un Peter Cushing hanté, un vampire pervers et des décors gothiques et somptueux. Un film de la Hammer avec tout ce que l’on peut attendre, ni plus ni moins.
L’argument : À la mort de leurs parents, Frieda et Maria doivent quitter Venise pour un petit village, où elles sont recueillies par leur oncle, Gustav Weil. Ce fanatique religieux traque et brûle les sorcières des alentours. Il s’oppose au comte Karnstein, une créature de la nuit, qui convoite les jumelles pour les initier à ses perversions maléfiques.
Notre avis : Les sévices de Dracula fait partie de ces classiques de la Hammer que les éditions Elephant Films nous font redécouvrir en versions restaurées à partir de ce 6 mai. Nous vous invitons d’ailleurs à lire les critiques d’autres œuvres de la collection sur ce même site, que ce soit la série fort recommandable La maison de tous les cauchemars ou les films Comtesse Dracula, La fille de Jack l’Eventreur ou Le club des monstres. On retrouve dans ce long métrage tout ce que les amateurs apprécient dans la maison de production britannique : décors impressionnants, femmes superbes aux décolletés plongeants, vampires assoiffés de sang, villageois superstitieux, châteaux gothiques et cierges aux étranges connotations phalliques (vous verrez à quelle scène nous faisons référence). En revanche, il faut le dire d’emblée, le titre est une arnaque. Ce récit n’a rien à voir avec le roman de Bram Stoker si ce n’est qu’il s’inspire très légèrement du Carmilla de Sheridan Le Fanu, qui influença Bram Stoker par la suite. Il s’agit en fait du dernier épisode de la trilogie autour de Mircalla Karnstein - les deux premiers étant The Vampire Lovers et Lust for a Vampire - et le seul à être sorti en France. À cette époque, la Hammer se cherchait beaucoup car le paysage du cinéma d’épouvante changeait profondément, avec des approches plus psychologiques, contemporaines et sociales (Rosemary’s baby, Répulsion, La nuit des morts vivants, etc.). Pourtant, elle restait attachée aux figures fantastiques et aux monstres qui avaient fait sa réputation, mais tentait d’aller plus loin dans l’érotisme et le gore, à l’image des films italiens de l’époque. Les sévices de Dracula (1971) est typique de ce moment charnière. Les actrices principales sont souvent dévêtues et le final offre quelques moments gore grand-guignolesques (et très datés bien entendu).
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Le film bénéficie de plusieurs atouts. Tout d’abord, la réalisation du alors très jeune John Hough est très dynamique, et malgré la diversité de son travail de metteur en scène, on comprendra pourquoi il reviendra régulièrement au cinéma d’épouvante (La maison des damnés en 1973, Les yeux de la forêt en 1980, Incubus en 1982, American Gothic en 1987, etc.). Ensuite, l’interprétation de Peter Cushing illumine ce film. Amaigri, presque cadavérique, suite au décès tragique de sa femme, il a le visage dur, sombre, et interprète avec brio cet Inquisiteur sinistre aux méthodes expéditives, Gustav Weil, qui brûle les sorcières sans leur donner le luxe du doute. Face à lui, les sœurs Collinson, premières jumelles à avoir posées nues dans Playboy, apportent la touche de charme et de légèreté nécessaires. Les autres acteurs masculins sont tout de même bien moins marquants, notamment Damien Thomas dans le rôle du comte Karnstein, au physique intéressant mais au charisme déficient, et David Warbeck que l’on retiendra plus tard pour ses rôles chez Lucio Fulci. Ils sont éclipsés, comme souvent chez la Hammer, par les décors, les couleurs et un travail de la photographie toujours très classe, et mettant en avant la beauté des actrices. L’intrigue, quant à elle, est assez convenue, avec l’idée de malédiction de la lignée familiale, les figures de vampires qui sèment la terreur chez les villageois et bien sûr l’aristocrate décadent vivant dans sa forteresse surplombant la vallée, à laquelle on arrive en traversant la forêt. Le sujet en est là encore la lutte entre le Bien et le Mal, sauf que l’histoire est bien plus ambiguë que cela et c’est peut-être à ce niveau-là qu’elle se démarque.
Droits réservés
Le titre original du film, Twins of Evil, se prête lui-même à une double lecture. Il souligne la gémellité mais il en appelle surtout à deux figures du Mal bien distinctes : celle de Karnstein et de ses crimes pervers, mais aussi ceux de son ennemi, le fanatique Weil et ses actes tout aussi cruels, qui ne sèment que le chaos et la terreur. Au milieu d’eux se trouve le jeune premier Anton, qui lui même sera attiré par la jumelle "perverse" Frieda, et non Maria, bien trop douce et fade. De la même manière, il n’intéressera pas Frieda qui lui préfère un expert en débauche comme le comte. Le Mal est donc présenté comme bien plus attirant, mais le vice peut aussi se révéler monotone, et le comte se livre à des sacrifices sataniques pour toujours chercher plus d’excitation. Le Mal prend divers visages ici : les lynchages injustifiés et les crimes de haine de Weil, les victimes sacrifiées du comte... Les personnages se nourrissent de la mort des autres dans les deux cas. Pourtant le film va, dans sa seconde partie, prendre un chemin plus traditionnel, et au final il faudra sauver la pureté de la jeune vierge. Il est dommage que les scénaristes soient tombés dans cette facilité après un début si prometteur. Ce que l’on retient aussi, c’est que le seul but de ces deux hommes est de contrôler les femmes et les tuer au besoin si elles ne se prêtent pas à leurs désirs. Elles sont des objets de fantasmes que l’on rêve de souiller et détruire. Seul le personnage de Frieda dénote, en assumant ses choix dans un XVIIe siècle où la femme n’a rien à dire. Au bout du compte, c’est peut-être à travers cet obscurantisme et cette aliénation de la femme que le film fait vraiment froid dans le dos, car sinon ne vous attendez pas à frémir de terreur.
Le film joue donc sur des contrastes forts, hommes/femmes, innocence/perversion, extravagance/introspection, foi religieuse/pratiques démoniaques, mœurs urbaines/rurales, et malgré quelques rares rebondissements, l’intrigue se révèle trop convenue jusqu’à un final où les figures du Mal sont anéanties, avec en prime une bonne scène de décapitation. Les sévices de Dracula se révèle être un divertissement typique de la Hammer du début des années 70, correct mais sans plus.
Le DVD
Une édition limitée Blu-Ray + DVD en version restaurée.
Les suppléments
Au niveau des suppléments, nous bénéficions juste d’un entretien de 24 minutes avec Alain Schlockoff, d’une galerie d’images et de bandes-annonces d’autres titres de la collection. Malgré un packaging soigné, on ne peut ignorer ce petit détail qui fait mal, ce sont les fameuses fautes de frappe (oui, le comte Karnstein s’écrit avec un M et pas un N, et les jeunes filles viennent de Venise et non de Vienne ...) mais là c’est vrai qu’on chipote.
Image
Comme d’habitude, la photographie est très classieuse avec la Hammer et très bien rendue en encodage FULL HD 1920x1080p pour le Blu-ray, avec un format respecté en 16/9.
Son
Nous trouvons ici à la fois la version française et la version anglaise sous-titrée. On s’aperçoit d’ailleurs que les jumelles ont été post-synchronisées, même dans la version anglaise. L’ambiance sonore participe à la couleur baroque et théâtrale du film, rendue en DTS HD Dual Mono pour le Blu-ray et en Dolby Digital Mono pour le DVD.
Galerie Photos
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