Le 9 octobre 2017
Une série parfois incompréhensible faite de délires sensoriels et barrés. Mais à quel prix ? Et surtout, au service de quoi ? Eh bien de pas grand-chose.
- Acteurs : Bill Irwin , Dan Stevens, Aubrey Plaza, Rachel Keller
- Genre : Drame, Fantastique
- Nationalité : Américain
- : Fox Pathé Europa
- Date de sortie : 8 février 2017
– Sortie DVD & Blu-ray : le 11 octobre 2017
Résumé : L’histoire de David Haller, le fils schizophrène du professeur Xavier, un homme sujet depuis l’adolescence à une maladie mentale. Au cours d’un de ses nombreux séjours en hôpital psychiatrique, une étrange rencontre avec un patient lui fait réaliser que les voix qu’il entend et les visions auxquelles il est confronté pourraient se révéler vraies.
Notre avis : Assurément l’une des séries les plus passionnantes à décortiquer de cette année 2017, Legion n’en demeure pas pour autant l’une des plus faciles à suivre. Bien évidemment c’est parce qu’elle repose volontairement (et intégralement, disons-le tout de suite) sur la confusion de son personnage principal schizophrène, ce qui implique forcément au spectateur de rester impliqué pour démêler ce bordel plus incompréhensible qu’un film sur deux mecs qui voyagent dans le temps pour anticiper le cours des actions boursières. A ce jeu de petit malin, la série excelle puisque chaque épisode, à leur découverte, constitue une épreuve pour le comprendre ne serait-ce que dans ses fondements. Le créateur Noah Hawley amoncelle de manière parfois bien obscure des concepts psychologiques ou simplement des idées scénaristiques perchées mais brillantes, malheureusement trop enroulés dans un voile épais (voire un drap 100% coton), animés par cette volonté d’embrouiller au maximum le spectateur. La persévérance est donc de mise pour trouver le sens de ce qui se déroule devant nos yeux ébahis, comme elle l’est pour David afin de remettre en question ce qu’on lui a dit toute sa vie, pour accepter le fait qu’il dispose de pouvoirs et pas seulement d’un état psychologique défaillant.
- Copyright : FX
Heureusement la série dispose d’un don pour mettre en image, donc représenter de manière concrète, des idées abstraites. La symbolique se révèle extrêmement lourde, mais indéniablement valorisante pour le spectateur qui désirerait se triturer les neurones en regardant une œuvre cinématographique. Le show FX donne clairement un os à ronger à ceux-là, en mettant de côté tout ceux qui ne serait pas susceptible d’être dans ce cas (un peu comme un "qui m’aime me suive"). Legion est donc une proposition très sectaire et jusqu’au-boutiste dans son approche délirante de cette adaptation du comics du même nom, ce qui fait d’elle l’une des séries grand public les plus expérimentales vues à ce jour. Derrière cette appellation honorifique se cache une pépite d’ingéniosité à la mise en scène folle et sans limites apparentes (les SFX peut-être, bien sales sur le plan séquence final du pilote) pour une explosion généreuse et presque fascinante d’effets de mise en scène et autres trouvailles visuelles, simplement dans l’optique de surligner le bouillonnement inquiétant de l’esprit de David. A ce titre, et ce n’est pas rien, Legion, malgré un design approximatif des créatures, parvient à éveiller une peur profonde et subjective par l’étude de la psyché d’un enfant torturé et de ses angoisses, à des kilomètres de la peur sensationnaliste et passagère auquel s’adonne le cinéma depuis le succès de Insidious et The Conjuring (on l’aime bien le James Wan, mais pas tellement ce qu’il a inspiré au cinéma horrifique).
- Copyright : FX
Seulement, et là se trouve tout le problème pour Legion, tous ces artifices et folies visuelles ne profitent au récit uniquement parce qu’ils savent déguiser la vacuité d’un scénario qui ne raconte presque rien. 8 épisodes d’environ 50 minutes juste pour explorer le cerveau du personnage principal (bien sûr, autour de cela gravite d’autres sous-intrigues, mais leur place est minime), voilà un superbe exemple d’un magnifique écrin bâti sur du rien. Habile dans ses innombrables pirouettes, Legion dilate excessivement cet exercice psychologique de se connaître soi-même par sa mise en scène sous psychotropes. Si le cache-misère fonctionne globalement au début, il perd rapidement de son efficacité tant le récit ne progresse jamais de manière significative, allant jusqu’à s’engouffrer dans une narration laborieuse, comme cette interminable excursion dans ce glaçon géant (oui), plus chiante qu’un épisode de The Walking Dead spécial Eugene (ou sur Tara, ou sur Sasha, ou sur Carol, ou sur Morgan, ou sur Rosita, ou...). Si bien que notre certaine admiration vis-à-vis de l’expérience sensorielle que représente l’univers de Legion se retrouve grandement altérée par cette sensation de vide qui entoure toute cette saison 1. Ce qui nous laisse pas forcément très confiant pour la saison 2.
- Copyright : FX
Le blu-ray :
Les suppléments :
On commence par les 7 featurettes promotionnelles composant ces bonus. Par "promotionnelles", entendez par là qu’il s’agit surtout de présenter les différents personnages et de complimenter un peu tout le monde (à raison d’ailleurs pour le coup), mais au final on en apprend peu sur cette série pourtant très complexe, si ce n’est l’élaboration d’effets spéciaux, du démon aux yeux jaunes à la scène de la cuisine (passionnant pour le coup). Un bonus plus conséquent, de 10 minutes, se focalise sur l’approche du super-héros opérée avec cette série. Forcément, vu les choix de Legion à ce niveau, on ne peut que être intéressé par ce module, mais qui malheureusement ne creuse pas vraiment non plus du côté de la folie de l’univers. Enfin, 26 minutes de scènes inédites (principalement situées dans le pilote) sont proposées aux plus curieux, l’occasion de profiter un peu plus de cet univers barré, avec des séquences pas forcément indispensables, mais globalement très plaisantes.
L’image :
Cette édition blu-ray de Legion renferme tout simplement ce qui peut se trouver de mieux en terme de numérique. Avec juste ce qu’il faut de grain (rajouté en post-production on imagine) pour ne pas se retrouver face à une image trop lisse, cette esthétique fait montre d’une très belle tenue, avec certains pics assez remarquables, comme ce ralenti impressionnant dans la cuisine de David. La série jouant énormément avec les lumières, les environnements et la photographie, quelques baisses de qualité semblent inévitables, néanmoins le transfert esquive au mieux les trop gros écarts d’une séquence à une autre, un défi au vu de l’exubérance de la réalisation.
Le son :
Qui dit série sensorielle, dit forcément travail sur le son, et si à première vue il paraît moins tape-à-l’oreille que l’image est tape-à-l’œil, le mixage assure vraiment dans le jeu entre les dialogues, musiques, bruitages divers, et distorsions délirantes d’une série qui ne manque pas d’intérêt à ce niveau-là. Dommage, la VF ne dégage pas la même folie et le même cabotinage excessif dans le doublage.
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MYTHOMANIAC 6 juin 2019
Legion saison 1 – la critique (sans spoiler) + le test blu-ray
Très original, des idées nombreuses et riches. Marvel à la télé montre plus de profondeur qu’au cinéma, malgré des produits parfois au bord de l’échec industriel. (Iron fist ?)