Le 4 août 2024
Malgré l’humour dont il l’entoure, la politique fictive de Mathieu Sapin ne convainc pas totalement.
- Réalisateur : Mathieu Sapin
- Acteurs : Alexandra Lamy, Gilles Cohen, Philippe Katerine, Finnegan Oldfield, Brigitte Roüan, Valérie Karsenti
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h37mn
- Date télé : 4 août 2024 20:45
- Chaîne : TFX
- Date de sortie : 19 septembre 2018
- Festival : Festival d’Angoulême 2018
Résumé : Arnaud Jaurès, vingt-cinq ans, novice en politique, intègre par un concours de circonstances l’équipe de campagne d’un candidat à l’élection présidentielle. Il devient l’assistant d’Agnès Karadzic, directrice de la communication, une femme de pouvoir et d’expérience qui l’attire et le fascine. Sans l’épargner, elle l’initie aux tactiques de campagne, et à ses côtés il observe les coups de théâtre et les rivalités au sein de l’équipe, abandonnant peu à peu sa naïveté pour gravir les échelons, jusqu’à un poste très stratégique.
Critique : Mathieu Sapin est depuis plusieurs années déjà spécialiste ès bande dessinée. En 2017, son ouvrage consacré à notre Gégé national, intitulé Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu marque son goût pour le 7e art. Auparavant, en 2012, il se glisse au cœur de la campagne présidentielle de François Hollande qu’il relate en images dans Campagne présidentielle. Quelques années plus tard, il obtient l’autorisation de pénétrer au cœur de l’Elysée et son observation de la vie au cœur du palais présidentiel donne naissance à un nouvel ouvrage Le château, une année dans les coulisses de l’Elysée. Les meilleurs auspices semblent donc réunis pour l’élaboration d’une œuvre au réalisme acéré.
Pourtant, la faute à un scénario sans ressorts et peu crédible à l’humour légèrement redondant, l’intérêt s’émousse malgré une belle brochette d’acteurs, à commencer par le désormais incontournable Philippe Katerine, l’excessif mais attachant « recruteur de poulain » par qui tout arrive. Membre actif d’une cour toujours prête à dégainer son carnet d’adresses pour se donner l’illusion de briller, il jette dans les filets de la redoutable Agnès Karadzic (Alexandra Lamy) le jeune Arnaud Jaurès (Finnegan Oldfield) qui n’a jamais manifesté l’envie particulière de se lancer dans une carrière politique, malgré un patronyme prédestiné qui l’embarrasse plutôt (il prétend n’avoir aucun lien de parenté avec l’illustre politicien).
- Copyright Bac Films Distribution
Quadrilingue, Il a des projets qui s’orienteraient plutôt du côté des grands espaces, au fin fond du Canada où sa compagne, qu’il surnomme « poussin » au grand dam de sa supérieure qui ne s’attarde guère à quelque sentimentalisme, l’attend déjà pour défendre la cause des Esquimaux. Bien qu’il se voie reprocher sa lenteur, se fasse traiter de « gogol », notre apprenti politicien, probablement boosté par ce milieu « bourré de phéromones » (substances chimiques émises par les animaux pour provoquer l’attirance) abandonne ses rêves lointains et ses idéaux pour promouvoir un candidat aux élections en difficulté et, rapidement initié aux traditions politiciennes -les meilleures comme les pires- par la tornade qui le chaperonne, il se voit catapulté en un temps record vers des sommets qu’il n’avait jamais envisagé d’atteindre. Raccourci un peu rapide qui laisse songeur et fait regretter fugitivement la cohésion et la vigueur du Quai d’Orsay de Tavernier, lui aussi issu d’une bande dessinée.
- Copyright Festival Angoulême 2018 - Patrick Levanneur
Au cœur d’une mise en scène pragmatique à défaut d’être inventive, Finnegan Oldfield confirme toute l’étendue de son talent en passant avec naturel de la naïveté la plus pure à l’apprentissage des coups bas et des manipulations. Si Alexandra Lamy réunit certes bien des atouts pour éduquer et séduire ce débutant providentiel, malgré ses hauts talons, son rouge à lèvres trop rouge et son ton vindicatif et cynique, elle ne parvient pas à gommer l’image gentiment populaire qu’elle véhicule depuis le début de sa carrière et qui ici précisément nuit à son statut de politicienne aux dents longues. C’est du côté des seconds rôles que surgissent les surprises. Valérie Karsenti nous charme de son personnage à double facette pendant que Gilles Cohen s’investit totalement dans son rôle de candidat en campagne, affublé d’une mère possessive mais craquante que Brigitte Roüan interprète avec un bonheur communicatif.
Mais le plus bel exploit de Mathieu Sapin est bien d’avoir réussi en un seul film une parité (il a même installé une femme au plus haut sommet de l’État) que bien des gouvernements nous promettent depuis tant d’années sans jamais y parvenir.
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antiope75 7 octobre 2018
Le poulain - la critique du film
La prestation des acteurs n’est pas très bonne. Le héros joue toujours sur le même registre, Alexandra Lamy, que j’aime beaucoup, tire à peine son épingle du jeu. C’est un film très décevant.