La révolte des Cipayes - la critique du film + le test Blu-ray

Notre avis : Laslo Benedek a aujourd’hui mauvaise presse et même son Équipée sauvage, qui précède immédiatement La révolte des Cipayes, n’est plus autant apprécié. Il n’est pas certain que son aura grandisse significativement avec ce film, pourtant pas déplaisant, mais qui est loin des chefs-d’œuvre du genre. Il faut d’abord passer sur une vision aseptisée de l’Inde et paternaliste de son peuple, ainsi que sur certaines conventions dues à l’époque du tournage, pour savourer cette histoire d’honneur et de droiture à sa juste mesure. Dès le début d’ailleurs, une attaque pendant laquelle Jeff refuse d’obéir à un ordre afin de sauver ses hommes indigènes, Benedek montre une certaine habileté dans l’action : le danger permanent, les soldats tombant dans un piège, tout cela est bien mené, avec clarté et sobriété. Le héros, incarné par Rock Hudson dont la raideur convient au personnage, passe en cour martiale, et se voit contraint de renoncer à la fois à l’armée et à sa promise, la lumineuse Vivian. C’est sans doute la partie la plus fade du film que ce discours sur le devoir, à peine rehaussée par une tentative audacieuse de suicide lors d’une chasse au tigre.
Redevenu civil, Jeff est déchiré entre son amour des autochtones, qui lui fait comprendre leur défiance vis-à-vis de balles prétendument enduites de graisse de vache, et sa fidélité à la couronne, éprouvée dans ce qui s’avère être la première guerre d’indépendance de l’Inde. Il importe assez peu au spectateur que la réalité soit ou pas respectée (disons qu’elle est embellie), quand le héros marmoréen se trouve menacé par des cavaliers, par une dénonciation ou une traîtrise : ces rebondissements suffisent à son bonheur, tant ils s’enchaînent avec alacrité. Benedek les mène vigoureusement, toujours sans insister (le film ne dépasse pas l’heure et demie), réussissant même à créer une ambiance tendue dans les belles séquences brumeuses du marais. Certes, la fin sent la précipitation mais elle nous vaut encore une bataille efficace.
Tout ce qui concerne le dilemme moral de Jeff a mal vieilli et jamais La révolte des Cipayes ne parvient à le transcender par un lyrisme cinématographique : cela reste de l’ordre du discours caricatural ou d’un jeu sans nuances (la pauvre Arlene Dahl défend péniblement un rôle féminin visiblement sacrifié). Mais que le récit s’emporte, et l’on renoue avec cet élan hollywoodien de l’aventure, ferme, direct, qui donne au film un charme indéniable.

Les suppléments :
Passionnante mise en perspective du film dans une vision historique qui fait le départ entre le vrai et le faux : Catherine Clément, qui a écrit un roman sur la « reine des Cipayes », connaît son sujet sur le bout des doigts et fait partager sa passion en un savoureux récit (22mn). Quant à l’habituelle présentation de Linda Tahir, elle est toujours sommaire (1mn50).

L’image :
Un carton initial indique que la restauration n’a pas pu supprimer tous les défauts du film ; en effet dans certains plans la précision n’est pas optimale, des flous et des halos apparaissant de manière aléatoire. Pour le reste, les couleurs sont magnifiques, opulentes.

Le son :
La VO est un peu étouffée mais demeure préférable à la VF, même si le caractère désuet de celle-ci convient bien au film. La musique souffre de quelques aigreurs.