Le 5 décembre 2017
René Clément réalise un film bancal, aussi réussi dans sa première partie qu’informe dans la seconde.
- Réalisateur : René Clément
- Acteurs : Faye Dunaway, Maurice Ronet, Frank Langella, Barbara Parkins, Raymond Gérôme
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français, Italien
- Editeur vidéo : Tamasa
- Durée : 1h36mn
- Date de sortie : 9 juin 1971
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– Ce film fait partie du coffret Tamasa consacré aux thrillers de René Clément paru le 7 novembre 2017
Résumé : Un couple américain, Phil, Jill, avec leurs deux enfants, vient s’établir à Paris. Mais le couple entre dans une zone de turbulences, qui atteint son comble lorsque les enfants sont kidnappés. Il semble que le passé d’espion industriel de Phil ne soit pas étranger à ces événements...
Notre avis : Tourné entre Le passager de la pluie et La course du lièvre à travers les champs, La maison sous les arbres n’a pas eu leur succès et demeure relativement ignoré. On comprend aisément pourquoi en le voyant car ce n’est pas une œuvre facile ni très plaisante. Elle a même quelque chose d’ingrat, avec son esthétique du vaporeux, du halo, du terne qui semble d’abord réservée aux extérieurs brumeux mais contamine vite les séquences intimes. D’autre part, ceux qui attendaient un thriller nerveux en seront pour leur frais, tant le scénario néglige la partie policière, la reléguant à une improbable et peu passionnante sous-intrigue mal ficelée.
On sent que ce n’est pas ce qui a intéressé Daniel Boulanger et René Clément : le personnage torturé du père est à peine esquissé et Frank Langella a du mal à le faire exister en tant que pivot de la narration. C’est que cette seconde partie est brouillonne, nébuleuse et inutilement compliquée. On le regrette d’autant plus que le début est fascinant, le portrait de Jill, femme sujette aux absences, avançant par petites touches impressionnistes : c’est même cette accumulation de détails apparemment anodins qui en fait le sel. Chutes d’objets, miroirs déformants, lieux étranges et oublis multiples composent un univers qui se délite peu à peu : le film excelle à traquer les non-dits et Clément parvient à créer une menace sourde et grandissante. Sa mise en scène cherche les angles étranges et les décors saisissants pour les transformer en un monde obtus où le quotidien devient décalé.
Faye Dunaway incarne avec beaucoup de talent cette mère névrosée, mais elle perd toute son ambiguïté dans une fin explicative et balourde. Les secrets révélés trahissent ainsi l’aspect fabriqué du scénario, même si de fugaces beaux moments l’illuminent encore : tel plan sur une toile d’araignée, tel bruit d’escalier mécanique ou le thème du verre brisé rehaussent un peu une enquête et une conclusion banales, mais Clément n’y croit plus et nombre de séquences sont carrément bâclées. La découverte des enfants, qui devrait être un temps d’émotion, est expédiée ; la toute fin verse dans la niaiserie à la musique insupportable. Bref, tant que le film reste dans le flou, il fonctionne et intéresse ; dès que la machination, qui commence avec l’intervention sardonique et caricaturale de Maurice Ronet, devient transparente, il se perd et tourne à vide. Et pourtant, sans doute grâce à la maîtrise éclatante du portrait de Jill, La maison sous les arbres reste une œuvre attachante et singulière.
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