Le 12 septembre 2023
Une œuvre noire, directe, dans les tréfonds du Nicaragua, où l’espoir de tout un pays s’invite à travers les yeux d’une petite fille merveilleuse.
- Réalisateur : Laura Baumeister de Montis
- Acteurs : Noé Hernandez, Ara Alejandra Medal, Virginia Raquel Sevilla Garcia
- Genre : Drame, Road movie, Drame social
- Nationalité : Espagnol, Français, Allemand, Néerlandais, Mexicain, Nicaraguayen
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 13 septembre 2023
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Résumé : Nicaragua, aujourd’hui. Maria, onze ans, vit avec sa mère Lilibeth au bord d’une décharge publique. Leur avenir dépend de la vente d’une portée de chiots de race d’un voyou local. Lorsque l’affaire tombe à l’eau, Lilibeth doit se rendre en ville et dépose Maria dans un centre de recyclage où elle doit rester et travailler. Mais les jours passent et elle ne revient pas. Maria se sent perdue, déconcertée et en colère. Une nuit, Maria rencontre Tadeo, un nouvel ami plein d’imagination qui est déterminé à l’aider à retrouver sa mère.
Critique : Il y a quelque chose de grave et de poétique à la fois dans cette ouverture du film. Des montagnes de déchet s’entassent en formant une colline d’où, soudain émergent, comme une volée de colombes, des myriades d’enfants. Maria est de ceux-là. Elle permet à sa mère de survivre dans la misère totale, tout en poursuivant un seul rêve, celui de garder les chiots qu’elle a recueillis. Le drame est déjà là, sournois, celui du peuple nicaraguayen, qui doit composer avec la misère, l’abandon par les économies du monde, et la plongée de son peuple dans les abysses de la prostitution, de la faim et de la maladie.
- Copyright Tamasa Distribution
La hija de todas las rabias est une œuvre radicale, dure, qui ne fait aucune concession avec la détresse à laquelle la population pauvre est soumise. Le récit parle des subsides de maternité qui survivent malgré les conditions de vie terribles auxquelles les individus sont soumis. La photographie terne est à l’instar de la réalité terrible de la population pauvre du Nicaragua. Seul le regard de la petite fille, avide de savoir, de vie, semble un espoir dans cette jungle désolée où les milices circulent le fusil en l’air. Le long-métrage est tout à la fois un road movie à travers ce pays bien méconnu d’Amérique du Sud et un chant au métier de mère qui doit composer entre l’éducation de sa fille et la survie économique. En même temps que la fiction révèle l’abandon forcé d’une fillette par sa mère, se construit une nouvelle relation, emprunte d’affection, à travers la figure d’un petit garçon qui pourrait être son frère.
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Laura Baumeister de Montis filme de très près le personnage de Maria. La peau est couverte d’une poussière permanente, qui la rend tout aussi fragile qu’aguerrie à tous les combats. La détermination est lisible dans ses yeux, finalement comme celle de tout un peuple qui se bat pour plus de liberté et une meilleure répartition des richesses. Les enfants sont indéniablement des sources d’enrichissement pour ceux qui les exploitent dans les déchetteries. Ils sont très vite contraints à une autonomie dans leur existence. Le film dénonce avec force les abus terribles contre les enfants, la manière dont les adultes dédaignent l’attachement et les esclavagisent. La réalisatrice théâtralise la douleur de ces enfants dans des scènes où les éléments naturels, la nuit, constituent de solides remparts contre leurs peurs. Et il y a cette musique de fond, sensible, qui apporte au récit une connotation poétique supplémentaire.
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- Copyright Tamasa Distribution
Malgré la noirceur du long-métrage, La hija de todas las rabias insère des scènes d’une grande merveille où les enfants redeviennent des petits. Cet orphelinat de fortune où les bambins sont contraints de travailler peut à de rares occasions se transformer en un espace de grandissement. Dans tous les cas, à défaut d’une presse offensive, le film est une magnifique occasion pour dénoncer avec force la manière dont le Nicaragua traite ses enfants. Derrière cette déchetterie abominable à ciel ouverte, la Chureca, c’est une réalisatrice nicaraguayenne, Laura Baumeister de Montis, qui se fait l’ambassadrice et la passeuse de rêves, de ces petits oubliés du monde.
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