La Gifle (The Slap) - Arte dévoile enfin la série qui va vous mettre une claque, critique

Adaptée du roman de Christos Tsiolkas, The Slap, mini-série australienne en huit épisodes, arrive ce Jeudi sur Arte. Faut-il tendre l’autre joue ?

L’argument : Dans la banlieue de Melbourne, Hector (Jonathan LaPaglia) fête son 40e anniversaire autour d’un barbecue, entouré de ses proches et de sa famille. Une dispute entre enfants dégénère.
Harry (Alex Dimitriades), le cousin d’Hector gifle Hugo le fils de Rosie (Melissa George). Une gifle et tout l’équilibre d’une famille bascule.
De cet événement, anecdotique pour Harry mais dévastateur pour Rosie, découle un récit choral, où les couples se détruisent à petit feu, où le désir, la solitude, l’âge, les incompréhensions, les rancœurs et les espoirs sont dépeints avec une infinie délicatesse et une justesse émotionnelle remarquable.

Notre avis : La série commence par nous introduire Hector, grand et beau grec marié, fumant une cigarette dans sa voiture. Chaque bouffée le ramène à la vision fantasmée de son souvenir. La lumière y est luxuriante, Connie, la babysitteur de ses enfants, est adossée à la fenêtre, il regarde sa bouche tirer sur sa cigarette. Une voix off s’enclenche, nous entrons dans un conte moderne, désenchanté. Plus tard dans la journée, il fêtera ses 40 ans entouré de sa grande famille. D’un côté, la communauté grecque dont il est issu, de l’autre, les proches de sa femme. Et puis, finalement, il y aura ce déclencheur, un drame familial ; Harry, son cousin, donnera une claque à cet enfant insupportable, le fils de Rosie, la meilleure amie de sa femme. Dés lors, la famille va se déchirer. Au bord de l’hystérie, Rosie mettra tout en œuvre pour trouver justice, une vengeance aveugle qui obligera chacun à prendre parti.



Derrière cette prémisse assez simple, on découvre une série complexe, qui démêle les nœuds familiaux pour en comprendre les liens. L’individu en est le cœur, la série est riche parce que ses personnages le sont. The Slap est une œuvre délicate, aux mille et une nuances. La claque n’est finalement que contextuelle, elle plante un décor capable de mettre en exergue les caractères de chacun. Dans l’ombre du paraitre se cachent toutes sortes de vérités inavouables, du racisme ordinaire à l’infidélité.
Reprenant la structure du roman, chaque épisode est centré sur un personnage. L’action évolue alors sous l’alternance des regards, donnant à voir des êtres fragiles, en lutte perpétuelle avec leur existence. Chaque épisode est l’occasion de comprendre un à un ces personnages complexes, ancrés dans la réalité, avec un passé, des mensonges et des faiblesses.
Le « gifleur » est un homme pour qui la famille compte, colérique, comme son père, mais qui tente de devenir meilleur. « Le giflé » est un petit garçon de quatre ans incontrôlable, trop couvé par sa mère qui l’allaite encore. De ces deux éléments déclencheurs apparaîtront une multitude de portraits.


La réalisation, très soignée, embrasse à la perfection les spécificités du personnage qu’elle met en scène. L’épisode sur Harry nous fait ressentir viscéralement ses accès de colère et nous aide à comprendre ce qu’il se cache derrière sa violence. Chaque personnage est dépeint avec justesse, sans jamais occulter la part d’ombre qui les caractérise. A l’instar du dessin, le relief né de ses nuances, il faut de l’obscur pour voir le clair. Il n’y a pas d’héroïsme, d’artifices pour manipuler le spectateur, on admire simplement, et parfois avec douleur, l’implacable banalité de l’être. Chacun traîne avec langueur son propre désespoir, ses envies contrariées et la peur d’être passé à côté de sa vie. « God is a cocksucker » résume Manolis. Et si ce n’est pas toujours joyeux, c’est terriblement touchant.
La série est dores et déjà disponible en DVD, aux Editions Montparnasse, en voici la bande-annonce :