Le pain et la rue
Le 30 avril 2009
L’attachement documentariste du cinéaste fait de L’enfant de Kaboul un témoignage détaillé de la vie quotidienne actuelle à Kaboul. Mais, la mise en scène très distante vis à vis des personnages peine à capter durablement l’attention des spectateurs.
- Réalisateur : Barmak Akram
- Acteurs : Hadji Gul, Valery Shatz, Amélie Glenn , Chafi Sahel, Leena Alam, Messi Gul
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Afghan
- Date de sortie : 29 avril 2009
- Plus d'informations : Le site officiel
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– Durée : 1h37mn
– Titre original : Kabuli kid
L’attachement documentariste du cinéaste fait de L’enfant de Kaboul un témoignage détaillé de la vie quotidienne actuelle à Kaboul. Mais, la mise en scène très distante vis à vis des personnages fictifs peine à capter l’attention des spectateurs.
L’argument : Dans l’immense tohu-bohu de Kaboul, un chauffeur de taxi, Khaled, prend en charge une femme et un bébé. Quand la cliente voilée quitte la voiture, surprise : le bébé est là, abandonné sur le siège arrière. Le film raconte trois jours de leur histoire, de ce destin qui a mis entre les mains de Khaled une jeune vie inconnue, dont il veut d’abord se débarrasser et dont il se sentira de plus en plus responsable.
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Notre avis : L’enfant de Kaboul est le premier long-métrage de fiction de Barmak Akram qui, jusque là, s’était consacré à la réalisation de films documentaires pour la télévision et les archives françaises. Dès les premiers plans, la réalité de la vie afghane est montrée dans son authenticité. Le cinéaste a filmé son histoire au cœur du centre-ville et des rues de Kaboul. Les passants ne sont pas des figurants mais des habitants de la ville et les heurts entre automobilistes sont bien réels. C’est au milieu de cette agitation que Barmak Akram a promené sa caméra et suivi le périple de Khaled à la recherche de la mère de l’enfant abandonné dans son taxi. La réalité servant de support à la fiction, L’enfant de Kaboul s’inscrit dans la veine du néo-réalisme qui, après la Deuxième Guerre Mondiale, avait donné un nouveau souffle au cinéma en se servant de l’environnement dévasté comme décor. Barmak Akram, lui, présente la capitale de l’Afghanistan désorganisée, détruite après les guerres et les envahissements successifs, mais pleine de vie.
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L’histoire que nous conte le cinéaste, bien que purement fictionnelle, témoigne donc de la réalité. Il est intéressant de noter l’attachement du cinéaste pour les apartés : alors que le père de famille tente de se frayer un chemin à travers la foule, la caméra se détache de lui et suit une enfant tentant de vendre du papier toilette aux passants. Cet intérêt pour la vie des enfants des rues n’est pas sans rappeler Sciuscià de Vittorio de Sica (1946) présentant, sans misérabilisme, la pauvreté quotidienne à laquelle sont confrontés de jeunes individus. Avec L’enfant de Kaboul, l’aventure vécue par le personnage principal n’est qu’un élément de la narration qui englobe plus généralement la vie quotidienne d’une population. La multiplication des anecdotes et autres divagations rendent néanmoins le récit quelque peu éclaté.
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Cependant, malgré les longueurs du scénario, Barmak Akram ne fait pas de L’enfant de Kaboul une œuvre sèche, qui se contenterait seulement de témoigner de la reconstruction d’une ville après des années de guerre. Pour contrebalancer la dureté du quotidien, il met en avant des personnages cocasses. Confronté à une situation aussi absurde que tragique, Khaled ne sait que faire de cet enfant qu’il a trouvé. Une affection muette s’installe entre lui et ce petit être qu’il chérit déjà malgré son attachement à retrouver sa mère. C’est dans ces situations que le père se révèle drôle et maladroit : il repart toujours avec l’enfant dans les bras. Cet homme, tel Charlot dans The kid (1921) emmène le bébé partout avec lui et finit par s’attacher à lui. Néanmoins, peu de tendresse se dégage de cette relation singulière. Le cinéaste filme les rapports humains comme la ville détruite, avec du recul. L’enfant de Kaboul se révèle être une œuvre touchante par la mise en présence de la bonté et de la solidarité humaine, mais peine à émouvoir profondément par son approche distanciée.
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