Le 21 juin 2016
Nous jetant d’abord dans la chaleur d’un grand bain de drôlerie au cœur d’une piscine montreuilloise pour ensuite nous rafraîchir de l’univers poétique des grands espaces islandais, cette comédie contrastée et gentiment absurde nous plonge dans un monde tout de douceur.


- Réalisateur : Solveig Anspach
- Acteurs : Didda Jonsdottir, Samir Guesmi
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français, Finlandais
- Date de sortie : 29 juin 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016

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Résumé : Samir, la quarantaine dégingandée, grutier à Montreuil, tombe raide dingue d’Agathe. Comme elle est maître-nageuse à la piscine Maurice Thorez de Montreuil en Seine St Denis, il décide, pour s’en approcher, de prendre des leçons de natation avec elle alors qu’il sait parfaitement nager. Mais son mensonge ne tient pas trois leçons -or, Agathe déteste les menteurs ! Choisie pour représenter le département, Agathe s’envole pour l’Islande où se tient le 10ème Congrès International des Maîtres-Nageurs. Morsure d’amour oblige, Samir n’a d’autre choix que de s’envoler à son tour.
Notre avis : Film posthume de la réalisatrice américano-islandaise (française d’adoption) Solveig Anspach décédée en août dernier des suites d’un cancer, L’effet aquatique est un formidable hymne à la vie. Elle reconstitue ce couple fétiche (Samir Guesmi et Florence Loiret-Caille) qui en 2011 avait déjà fait les beaux jours de Queen of Montreuil et l’on comprend très vite toute l’affection qu’elle éprouve pour ces protagonistes que tout oppose.
Pour ne rien brusquer, un peu comme une mère protégerait ses enfants, elle leur laisse le temps de se dévoiler et surtout de s’apprivoiser. Quand dans un bar, Marie envoie directement au tapis (oralement s’entend) un olibrius qui se croyait autoriser à la draguer, Samir, en retrait, ne perd pas une miette de la scène. Il est subjugué par tant d’énergie et n’aura de cesse de retrouver ce petit bout de femme. Nous voilà spectateurs, non pas d’une histoire d’amour, mais plutôt de la description de l’état amoureux et de ses conséquences. Ainsi, Samir, d’une timidité maladive, trouvera la force de se surpasser pour aborder et même poursuivre sa sirène bourrue.
- Copyright : Le Pacte Distribution
Humour et quiproquos déroulent le fil de l’histoire, nous rassasiant de gags plus savoureux les uns que les autres basés sur les contrastes d’un couple mal assorti mais à la fragilité touchante : elle (la trop rare Florence Loiret-Caille) est petite, lui (le lunaire Samir Guesmi) est très grand, elle fusille du regard, parle comme une mitraillette, il a un regard candide empreint de bonté et, toujours hésitant, peine à finir ses phrases.
Avouant s’être inspirée de Deep End (1970) de Jerzy Skolimovsky, la réalisatrice construit un huis-clos séduisant, maniant avec talent humour léger et personnages subtiles. On sourit de ces situations cocasses et de ces dialogues sincères et on n’hésite pas à rire de bon cœur aux facéties de cette galerie de personnages secondaires hilarants (la lubrique Olivia Côte et son exercice de la grenouille, l’ineffable Estaban en caissier mollasson, Philippe Rebbot en dragueur lourd et mal chanceux), parfait complément à la douce romance du couple Samir/Agathe.
La deuxième partie se passe en Islande, autre patrie de la regrettée Solveig Anspach. Après la moiteur de la piscine, on se rafraîchit dans les paysages enneigés de cette île lointaine. Si ces scènes nous permettent de retrouver la fantaisie de l’excellente Didda Jonsdottir, fidèle parmi les fidèles (elle débute en 2003 dans Stormy Weather, puis retrouvera Solveig Anspach dans Back Soon, et Queen of Montreuil), l’aspect burlesque prend le pas sur toute autre forme de récit et on se prend à regretter de perdre de vue notre joli duo, dont le jeu nous avait, jusque-là, si gentiment envoûtés. Raison de plus pour nous immerger à nouveau dans les eaux bleu-chlore de la piscine et nous laisser flotter dans leur tiédeur réconfortante. L’effet sera immédiat !