Le 21 mars 2023
Une première œuvre dense, belle et cruelle à la fois, qui rappelle ô combien que la jeunesse, la plus déstructurée soit-elle, est un joyau à préserver.
- Réalisateur : Andrés Ramirez Pulido
- Acteurs : Maicol Andrés Jimenez Zarabanda, Miguel Viera, Diego Rincon, Carlos Steven Blanco
- Genre : Thriller, Drame carcéral
- Nationalité : Français, Colombien
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h26mn
- Titre original : La Jauría
- Date de sortie : 22 mars 2023
- Festival : Festival de Cannes 2022
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Résumé : Eliú, un garçon de la campagne, est incarcéré dans un centre expérimental pour mineurs au cœur de la forêt tropicale colombienne, pour un crime qu’il a commis avec son ami El Mono. Chaque jour, les adolescents effectuent des travaux manuels éprouvants et suivent des thérapies de groupe intenses. Un jour, El Mono est transféré dans le même centre et ramène avec lui un passé dont Eliú tente de s’éloigner.
Critique : La séquence est furtive, brutale, celle de deux adolescents des rues qui se préparent à tuer en avalant des litres d’alcool et que l’on voit, quelques secondes plus tard, à bord de leur mobylette, brûlés par le sang, un corps inanimé entre eux deux. L’Éden est un témoignage sur la réinsertion de jeunes gens en plein cœur de la forêt équatoriale. Les méthodes ré-éducatives sont pour le moins discutables. Les adolescents sont hébergés dans des conditions des plus précaires et subissent des exercices thérapeutiques étranges, quand ils ne sont pas consignés à exécuter des travaux forcés. La justice s’exerce dans une froideur absolue, peu soucieuse de l’intégrité physique et psychique de ces gosses des rues qui ont grandi sans repère ni affection.
- Copyright Pyramide Distribution
L’Éden n’est pas un film ordinaire. Il hésite entre le ton froid et distancié du documentaire et la fiction où transparaît, dans une grande pudeur, le vide affectif des enfants. La nature s’invite dans ces parcours de vie chaotiques avec ses grottes semblables au ventre d’une mère et ses forêts épaisses et humides qui épuisent le corps juvénile des garçons. Assez rapidement, on ressent le trouble, le risque d’abus sur ces jeunes livrés à l’autorité du thérapeute et des gardiens. Eliú est un gosse de la campagne. Il a le visage éteint, presque sans vie, dont on sent qu’il se préserve de la monstruosité du monde. La musique électronique accompagne le portrait sensible du jeune délinquant qui tente de se souvenir de ce qui l’a conduit à tuer un homme avec El Mono.
- Copyright Pyramide Distribution
Le cinéma colombien est rare sur les écrans français, avec une attention particulière pour le documentaire et le réalisme social. Andrés Ramirez Pulido saisit à travers sa caméra des visages adolescents qui expriment un vide intellectuel et affectif abyssal. Le réalisateur les observe travailler, s’adonner à des thérapies aux relents spirituels, se livrer les uns les autres, comme si leur seule famille était désormais cantonnée à ces gosses prisonniers. De temps en temps, l’enfance resurgit dans des jeux d’eau. En fait, le long-métrage rappelle dans la manière dont les garçons sont filmés, les œuvres cinématographiques de Pasolini. Il y a dans ces visages et ces corps nus de la dureté, mais aussi comme une sorte d’érotisme latent, quasiment imperceptible.
- Copyright Pyramide Distribution
On ne saura pas si cet Éden est un paradis pour continuer à grandir quand on a commis le pire. En tous les cas, le tout premier film d’Andrés Ramirez Pulido est une grande réussite, donnant à voir dans une mise en scène totalement maîtrisée tout un pan de la jeunesse désœuvrée de Colombie. Il témoigne sans filtre de la nécessité pour tout pays qui se veut démocratique d’offrir à ses mineurs délinquants des conditions d’éducation et d’insertion sociale, humaines et dignes.
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