L’âme du vin - la critique du film

Notre avis : « Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles : Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles Un chant plein de lumière et de fraternité ! ». Les fameux vers de Baudelaire résonnent en écho à ce titre de film, qui annonce l’art de faire du vin, du grand vin devons-nous préciser, dans un climat de passion qui engage toute la chair de ses concepteurs. En réalité, L’âme du vin n’est pas un documentaire lassant sur le processus de fabrication du vin, qui aurait toute sa place sur un écran de télévision. C’est un florilège d’expressions absolument pétries de poésie, qui viennent décrire l’expérience unique de sommeliers, vignerons ou œnologues autour d’une même passion.

Copyright Nour Films

Il s’agit de grands crus. Pas ces bouteilles qui peuplent les allées des caves à vin ordinaires. Ici, le propos de la réalisatrice est d’aller à la rencontre de terroirs aux noms fascinants, dans des lieux-dits qui parfois se résument à une minuscule parcelle de vignes, promise à des bouteilles de renommée exceptionnelle. On écoute avec délectation les goûteurs cracher le nectar rouge, le faire tourner et retourner dans la bouche, et le sentir du bout du nez. On les écoute parer leur joyau de mille et un attraits, comme s’ils parlaient d’une histoire d’amour, d’un paysage, d’un parfum ou d’une œuvre d’art.

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L’âme du vin est un film d’une très grande sobriété. La musique médiévale survient à quelques rares moments, comme pour forcer l’éternité de ce bien français. D’ailleurs, l’un des vignerons avoue que son intérêt principal demeure dans le sentiment qu’il n’est pas au service de la production d’un bien de consommation, mais de la transmission d’un patrimoine de génération en génération, se présentant comme une sorte de gardien d’un Temple dont il a une responsabilité pour les anciens qui le précèdent et ceux qui viendront après lui. Le spectateur se rend compte alors que le vin en France se situe au-delà d’une production artisanale. Il s’agit d’un savoir-faire ancestral, qui raconte tout autant l’histoire de la gastronomie, des régions vinicoles françaises que des familles entières chevillées à leur passion.

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La réalisatrice ne s’appesantit pas sur la description technique. Néanmoins, elle prend le temps de regarder avec amour des hommes construire des fûts, et des groupes de tous les âges ramasser le raisin. Le film respire une tonalité véritablement spirituelle, qui emmène son spectateur dans une symphonie des sens. Notre goût pour la poésie et notre imagination est mis à contribution dans ce film. La réalisatrice choisit la suggestion afin de mettre en scène la grande passion française du vin.

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Le meilleur est gardé pour la fin, quand deux Japonais découvrent un grand crû de 1945 ! La scène est drôle, poétique, cocasse. Surtout, le spectateur ressent le plaisir d’un vin immense, l’émotion gustative des deux restaurateurs. Finalement, c’est comme si l’on avait été invité à notre tour à quitter le fauteuil de cinéma, pour s’attabler avec ces gens et avaler le nectar magique.