Le 6 août 2017
Bien que décousue dans son rapport avec ses personnages, la dernière saison de Kingdom permet à la série de se conclure d’une belle manière, fidèle à tout ce qu’elle avait construit en terme d’atmosphère, et ce pourquoi on l’aime tant.
- Acteurs : Jonathan Tucker , Nick Jonas, Frank Grillo, Kiele Sanchez
- Genre : Drame, Arts martiaux - Combats
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 31 mai 2017
Résumé : Drame familial dont l’action se déroule dans le quartier de Venice à Los Angeles, la série sombre et violente suit une famille qui évolue dans le milieu du MMA, les arts martiaux mixtes. On y suit leurs addictions et leurs relations tumultueuses.
Notre avis : Dès la première moitié de la saison 2, Alvey Kulina partageait avec le spectateur sa préférence pour la vie de combattant plus que celle d’entraîneur. Toujours dicté par sa mentalité borderline, fruit d’une éducation à la dure, le personnage central de Kingdom évoquait la notion d’honneur et de gloire à pénétrer dans la cage et affronter son adversaire avec rage, et surtout en ressortir vainqueur. L’absence de ces sensations en tant que coach étant partiellement à l’origine de son vide intérieur, la dernière saison de la série plus introuvable en téléchargement qu’une cellule sanguine clean chez Jay décide de lui offrir la porte de sortie qu’il attendait tant : un dernier combat, pour quitter le milieu la tête haute. De ce postulat s’articulait forcément une idée de force et de puissance, de renaissance même pour une ascension au rang de légende de combattant de MMA, ce que le showrunner Byron Balasco prend totalement à revers contre toutes attentes. Des 4 saisons (en comptant la seconde comme deux saisons, et non une) de Kingdom, cette dernière se révèle la plus avare en séquence de combats, preuve s’il en est qu’il faut attendre le sixième épisode pour voir le second affrontement dans la cage (le premier se situant en fin d’épisode de reprise). Loin d’être abandonné mais certainement relégué au second plan, le sport jusque là au centre de l’existence des personnages perd son omniprésence à l’écran parce qu’il perd justement en importance chez ces mêmes personnages pour qui le combat représente pourtant beaucoup.
- Copyright : Audience Network / DirecTV
L’absence prononcée de MMA s’explique par la propension importante de la série à figurer à travers ses protagonistes la fatigue et l’usure de l’existence, celles de Alvey, victime de son âge et de ses vices, main vissée à sa bouteille, mais également pour les autres combattants, embrassant la décadence d’un rythme de vie mortifère, sans véritable but et trop routinier pour être exaltant. En reprenant son récit bien des mois (voire une ou deux années) après la conclusion de la saison précédente, Kingdom pose des situations clairement innovantes et déstabilisantes où Jay finit jeune père à la retraite de sa carrière quand Ryan joue au crétin blanchi du nez et avide d’argent. Le bond dans le temps est soudain mais a le mérite de créer exactement ce qu’il voulait créer, de la surprise, et du renouvellement. Plus qu’un artifice pour maintenir le spectateur intéressé, ce choix narratif permet d’illustrer le caractère irréversible de la nature d’un personnage comme Jay, entraîné pour combattre, et de propulser l’irrévocabilité des addictions de Alvey sur du très long terme, ce qui aurait pu s’opérer plus en douceur si Audience TV n’avait pas annulé la série au terme de sa troisième saison.
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Cette saison finale exprime tout particulièrement cette sensation que Byron Balasco n’en a pas fini avec son univers, puisqu’il y injecte de nouveaux personnages quand il serait bénéfique de plutôt se focaliser sur ceux déjà installés. Car si ce dernier round se suit avec beaucoup d’intérêt, il n’en demeure pas moins très déséquilibré et moins bien écrit que les précédents. Le partage entre les différents personnages centraux montre de grande faiblesse, Nate passant à la trappe pendant de trop nombreux épisodes, pour laisser place à de nouveaux protagonistes très loin de convaincre. Assez rapidement est remise en question le sens des priorités de la série due à des péripéties inutiles pour les intrigues les moins passionnantes, avec des personnages méritant une prise de soumission éternelle comme Dom, mal écrit et par dessus tout mal joué par Kirk Acevedo, ridiculement cabotin (on s’était pas autant cogné la tronche contre un mur depuis la VF de Scarface). Toujours l’un des maillons les plus faibles (sans virer dans le médiocre pour autant), l’intrigue de Christina, elle, peine plus que jamais à ne pas flirter avec le remplissage afin de lui offrir un temps de présence raisonnable et ainsi conserver la sève de la série intacte.
Le MMA relégué à l’arrière-plan, Kingdom peut se conclure comme une grande saga familiale avant toute chose, et confirme malgré toute la place qui lui a été accordée au terme de ces trois saisons que le sport de combat servait de toile de fond pour dépeindre les troubles d’un clan aussi soudé que le grillage de la cage et plus conflictuel qu’une rencontre Ali / Frazier. Brillamment écrite et interprétée, la série aura su prendre une ascension surprenante et fulgurante au cours d’une seconde saison remarquable mais malheureusement peu remarquée. Ses épisodes de conclusion, eux, sans en égaler la puissance émotionnelle malgré quelques scènes ascenseurs marquantes, s’inscrivent dans cette lignée qualitative du drama burné et intense, où la virilité des personnages se montre comme vecteur à l’émotion du spectateur. Conscient de devoir fermer le livre et non pas simplement tourner une page importante, le dernier épisode se recentre complètement autour des Kulina en omettant tout le superflu de cette saison pour ainsi délivrer un final intense et tragique. Comme arrêtée dans l’intégralité de ses enjeux par la survenue d’un drame, Kingdom calque sa mise en scène sur le bouleversement de ses personnages. La timeline devient éclatée, vague, les intrigues se désincarnent au profit d’une douleur totale. Alors qu’il avait toujours beaucoup convaincu mais jamais impressionné, Frank Grillo donne au personnage de Alvey son apogée dramatique, non pas parce qu’il exprime explicitement sa douleur, mais parce que son visage et ses répliques transmettent l’échec et les remords d’un homme concernant la relation avec ses fils. Et que face à ça, seul un moyen existe pour oublier et recoller les morceaux momentanément : combattre dans la cage.
On peut faire les bonhommes autant qu’on veut, les larmes montent.
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mike 11 décembre 2017
Kingdom saison 3 finale – la critique (sans spoiler)
bonjour a tous ,j’ai vécu à travers cette série de grand moment, je tenais a dire un grand merci aux acteurs qui ont fait un beau boulot et qui ont su emmené le monde des arts martiaux autres que dans un stéréotype de violence ,merci encore dommage qu’il est fallu une fin à cette série qui mérité une autre saison .si je pouvais avoir les coordonnées pour écrire au réalisateur ,çà serait sympas ,merci encore