Le 24 septembre 2016
- Acteurs : Jonathan Tucker , Nick Jonas, Frank Grillo
- Genre : Drame, Arts martiaux - Combats
- Nationalité : Américain
Résumé : Drame familial dont l’action se déroule dans le quartier de Venice à Los Angeles, la série sombre et violente suit une famille qui évolue dans le milieu du MMA, les arts martiaux mixtes. On y suit leurs addictions et leurs relations tumultueuses.
Au royaume des séries méconnues, Kingdom est roi...
Alors que sa saison 2 vient de se terminer sur OCS, l’occasion semble trop belle pour ne pas évoquer en détail une série qui pourtant le mériterait, mais qui continue son petit bonhomme de chemin dans l’anonymat chez nous : Kingdom.
Avec son affiche photoshopée à outrance et son postulat de départ peu ragoûtant, ce n’est pas si étonnant si la série démeure obscure aux yeux des Français, l’environnement dans lequel elle évolue reste assez méconnu dans l’Hexagone. En effet, si le MMA a acquis une notoriété importante aux États-Unis, la pratique demeure très peu connue chez nous, souvent perçue comme un sport idiot et ultra-violent par ceux qui en auraient entendu parler ça et là. Le "Mixed Martial Arts", comme son nom l’indique, est en réalité une association de différents styles d’arts martiaux, qui, si il reste extrêmement dangereux (c’est un sport de combat après tout), n’en est pas pour autant dépourvu de règles.
- Copyright : Audience Network
En regardant Kingdom, l’aspect strict de la pratique peut surprendre pour peu qu’on ne soit pas familier avec l’univers. Indubitablement bien renseignée sur le sujet et passionnée par celui-ci, la série, en suivant le quotidien d’un entraîneur de MMA et de ses combattants (dont deux sont ses fils), dépeint le plus honnêtement possible un monde partagé entre les excès et problèmes d’un côté, et le sens du sacrifice qu’impose une telle pratique de l’autre. Ne faisant jamais fi du cocktail destructeur alcools / drogues / prostituées (ou au moins conquêtes), le show parvient à tisser entre les personnages et le spectateur un sentiment de proximité et d’attachement pour ces hommes et femmes au mode de vie extrême. Passé les premiers épisodes poussifs, accumulant sans beaucoup de saveurs tous les poncifs auxquels on peut s’attendre avec une saga familiale dans le milieu du MMA, la série prend peu à peu aux tripes par sa dimension très sèche et bestiale. Avec un environnement viril par excellence, Kingdom trouve le juste milieu entre l’absurdité voire le grotesque de certaines situations (rappelant parfois la géniale Banshee et son aspect over the top) et l’écriture très humaine de ses personnages.
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Parfaitement développés, ces combattants de la vie de tous les jours prennent de l’ampleur au cours d’une saison 2 surpassant de loin la première, prémisse inattendu pour ce qui devient un véritable diamant brut à l’écriture polyvalente et surtout sans failles. Poussant encore plus loin son concept, en mettant notamment en scène les magouilles derrière le sport, Kingdom réussit de manière assez admirable à concilier le MMA avec la vie privée de ses protagonistes. Encore mieux, les deux sont indissociables, où l’un impacte l’autre et réciproquement. Ce naturel et cette cohérence apportent ainsi une toute autre saveur et puissance aux séquences d’entraînements et de combats de ces humains tourmentés aux carrures monstrueuses. On les voit expier leur rage et leur négativité de la même manière qu’ils évacuent la sueur, par le sport. Footing tôt le matin (voire carrément en pleine nuit, selon les pulsions de chacun), musculation et entraînement dans la cage nous sont montrés de la manière la plus frontale et brutale qui soit, le point d’orgue restant les séances intensives, presque surhumaines, avant la pesée obligatoire, elle-même avant chaque combat, où la série transpire le respect face à la douleur endurée par ces personnages, solidaires entre eux dans la difficulté.
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Avec une meilleure dynamique et une plus grande prise de risque dans la mise en scène, la seconde saison semble emprunter le chemin bien connu des "suites", celle du "plus de tout". Parce que cette surenchère ne prend jamais le dessus sur la place accordée aux personnages et à leurs sentiments, on continue d’être happé de bout en bout, même mieux, d’être ému (et à de nombreuses occasions) par la justesse de l’écriture (on ne le répétera jamais assez) mais également par l’excellence de l’interprétation. Si chaque personnage se distingue par des caractéristiques psychologiques propres, difficile cependant d’élire le plus intéressant tant leur incarnation reste extrêmement touchante. Découpées très équitablement, les différentes storylines captivent le spectateur grâce au jeu d’acteur habité de (notamment) Frank Grillo, Jonathan Tucker, Matt Lauria et Nick Jonas (oui, l’un des frangins des Jonas Brothers). Aux physiques glorifiés par une caméra collée aux basques de ses personnages, rappelant un peu le traitement accordé à Tom Hardy dans Warrior (autre œuvre avec Frank Grillo, avec le MMA en toile de fond, mais avec moins de respect pour le sport de combat), le quatuor de tête dépasse le cliché des bêtes énervées par un indéniable charisme ainsi qu’un regard laissant transparaître leurs fragilités respectives.
Tout en non-dit, la série s’inscrit ainsi dans une certaine idée de la virilité, de la même manière qu’un Ray Donovan peut la véhiculer, avec cette ambiance colérique et ses personnages mutiques (en particulier Nate, joué par Nick Jonas, encaissant les coups plus que n’importe qui), sauvés à la frontière de l’implosion par la violence d’un sport, le MMA, raison d’exister pour ces humains monstrueux, au centre d’un mode de vie où les coups de poings et de pieds semblent bien moins douloureux que ceux portés par la vie elle-même.
La série a officiellement été renouvelée par Audience Network pour une troisième saison, qui devrait débouler courant Automne 2016.
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rosiane 21 novembre 2018
Kingdom : une série injustement boudée
bonjour, j’ai bien fait de tomber sur cette site pour voir toutes vos articles interessant. C’est pareille à ce que j’ai vu un jour, en voyant quelques pages sur reef. merci beaucoup