The Rose
Le 2 janvier 2016
Le plus touchant dans le portrait que fait Amy Berg de Janis Joplin est la sincérité totale de cette dernière envers son art. Pour Janis, monter sur scène, c’était faire l’amour. Lorsque le public dansait en transe sur sa musique, elle et lui ne faisait plus qu’un. Un grand documentaire pour une grande dame.
- Réalisateur : Amy Berg
- Genre : Documentaire, Biopic
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Happiness Distribution
- Durée : 1h43mn
- Date télé : 19 janvier 2023 21:10
- Chaîne : France 4
- Titre original : Janis: Little Girl Blue
- Date de sortie : 6 janvier 2016
- Festival : Festival de Deauville 2015, Festival de Venise 2015
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Résumé : Janis Joplin est l’une des artistes les plus impressionnantes et une des plus mythiques chanteuses de rock et de blues de tous les temps. Mais elle était bien plus que cela : au-delà de son personnage de rock-star, de sa voix extraordinaire et de la légende, le documentaire {Janis} nous dépeint une femme sensible, vulnérable et puissante. C’est l’histoire d’une vie courte, mouvementée et passionnante qui changea la musique pour toujours.
Critique : L’ambition, ce n’est pas seulement vouloir plus d’argent, plus de gloire, c’est aussi vouloir plus d’amour. Et de l’amour, Janis n’en aura jamais assez. Les millions de fans hurlant son nom n’y changèrent rien : jusqu’à la toute fin de sa vie Janis se sentira seule et exclue. C’est ce regard intime qui intéresse la réalisatrice Amy Berg et si la forme de son film peut sembler académique, son savoir-faire indéniable dans le maniement des archives et la conduite des entretiens permet à Janis de prendre en ampleur et dépasser son approche chronologique.
- © Happiness Distribution
Janis, c’est d’abord l’histoire d’une « outcast », une « nerd », une « weirdo », d’une gamine élue « garçon le plus laid de la promo » et qui deviendra l’une des plus grandes rock stars de tous les temps. Mais avoir été si malmenée dans l’adolescence laisse des traces pour toujours et le parcours de Janis prendra sous bien des formes celui d’une douloureuse quête d’affection. Le titre original est Janis : Little Girl Blue : Amy Berg réussi avec brio à faire la lumière sur ce pan de la personnalité de Janis Joplin, excentrique, délurée, mais surtout fragile comme une petite fille un peu triste. Et si parler de Janis Joplin, c’est aussi parler de l’ambiance des sixties aux États-Unis, le film parvient toujours à recentrer son sujet sur elle et seulement elle. La lecture par Chan Marshall (la chanteuse connu sous le nom de Cat Power) des lettres très intimes de Janis à ses proches (jusqu’ici inédites) permet par exemple d’approcher de façon touchante le personnage et de ponctuellement agrémenter les événements de sa vie par ses impressions de ceux-ci.
La reconnaissance, le succès n’y changent donc rien : Janis restera toute sa vie en marge. Et puis vient la drogue. Les soirées, la musique, Woodstock bien sûr, mais pour Janis, les shoots d’héroïne finissent par ne plus faire partie du fun. Comme l’exprimera avec justesse John Lennon, la récurrence des overdoses parmi les rock stars ne vient pas questionner un mode de vie mais la pression que ces célébrités subissent. Alors qu’elle décide d’abandonner le groupe avec lequel elle eu tant de succès, Janis s’écroule sous la pression de l’enjeu et termine sa course à pleine vitesse avant même d’avoir sorti Pearl, son chef-d’œuvre.
- © Happiness Distribution
Le plus touchant dans le portrait que fait Amy Berg de Janis Joplin est la sincérité totale de cette dernière envers son art. Janis est une boule d’énergie pure. Mais à bien y regarder, cette énergie semble parfaitement contrôlée ; ce chant parfois hurlé, ces variations vocales hasardeuses, semblent en fait totalement maîtrisées. Même défoncée au dernier degré à Woodstock, Janis déblatère quelques mots hésitants et laisse présager le pire ; mais dès les premières notes, sa voix prend le dessus sur la faiblesse de son corps et vient fendre l’air pour un set de légende. Pour Janis, monter sur scène, c’est faire l’amour. Lorsque le public danse sur sa musique, elle et lui ne font plus qu’un. Mais cette honnêteté émotionnelle que Janis Joplin apportait sur scène semble avoir un prix. De pouvoir être aussi sincère devant tant de personnes, de pouvoir exprimer un tel amour sans frontières, Janis le paiera par une solitude sinistre. Car comme après chaque shoot d’héroïne, il y a la descente, il en va de même après chaque concert où la communion laisse place aux pensées noires de l’isolement soudain. La scène était et restera le seul espace ou Janis Joplin se sentait bien, protégée, heureuse et c’est sur scène qu’on se souviendra d’elle.
La vie de Janis et sa gloire spectaculaire inspira une œuvre célèbre du cinéma américain, The Rose de Mark Rydell, avec Bette Midler. Un complément de fiction essentiel à ce grand documentaire.
- © Happiness Distribution
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