Le 24 janvier 2023
Un chef-d’œuvre d’animation pour saluer le courage de ces Italiens exilés bien déterminés à se faire une place dans la France xénophobe du début du XXe siècle.
- Réalisateur : Alain Ughetto
- Acteur : Ariane Ascaride
- Genre : Animation
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gebeka Films
- Durée : 1h10m
- Date télé : 30 décembre 2023 22:30
- Chaîne : OCS Pulp
- Date de sortie : 25 janvier 2023
- Festival : Festival de Locarno 2022, Festival film d’animation Annecy 2022, BIAF 2022 (Corée du Sud), European Films Awards (EFA) 2022 (Allemagne), Festival International de Rotterdam 2023, Festival du film français au Japon 2022, Festival Films francophones CINEMANIA 2022 (Canada), DOK Leipzig 2022 (Allemagne), Festival International de Rotterdam 2023
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Résumé : Début du XXe siècle, dans le nord de l’Italie, à Ughettera, berceau de la famille Ughetto. La vie dans cette région étant devenue très difficile, les Ughetto rêvent de tout recommencer à l’étranger. Selon la légende, Luigi Ughetto traverse alors les Alpes et entame une nouvelle vie en France, changeant à jamais le destin de sa famille tant aimée. Son petit-fils retrace ici leur histoire.
Critique : À l’heure où l’arrivée de migrants venus d’Afrique ou d’ailleurs continue de susciter bon nombre de polémiques, il est utile de rappeler que ceux qui sont désormais nos voisins européens se sont heurtés, eux aussi, à notre méfiance et notre inhospitalité il y a plus d’un siècle.
Cinéaste bricoleur, historien dans l’âme et conteur hors pair, Alain Ughetto, reçoit le César du meilleur court-métrage d’animation en 1985 pour La boule et réalise en 2013 Jasmine qui, dans le Téhéran de Khomeiny, fait frémir la pâte à modeler pour construire une incroyable histoire mêlant amour et révolution dans les années 70. Aujourd’hui, il s’empare de l’histoire de Luigi, son grand-père italien devenu français, pour façonner un récit universel autour du déracinement.
Fil conducteur de la narration, la voix d’Ariane Ascaride fait revivre avec émotion Cesira, la grand-mère du réalisateur et femme de Luigi, qui témoigne du vécu de ces migrants transalpins.
- Copyright Gebeka Films
S’appuyant sur les anecdotes que lui a laissées sa grand-mère, dépoussiérant moult archives, et surtout rassemblant les objets les plus hétéroclites (charbon, mousse, sucre, châtaignes, citrouille), le cinéaste fabrique des personnages dotés d’un mouvement naturel grâce à la technique de l’animation en volume, le « stop motion », tandis que le choix de matériaux organiques donne une idée précise des conditions de vie à cette époque. Un bricolage bien plus sérieux qu’il n’y paraît qui, entre poésie et réalité, ne laisse filtrer que dignité et détermination. Dans les premières scènes, les décors sont bruts et les matières rustiques. Leur évolution vers un univers moins rude signale l’amélioration de la condition sociale de ces exilés ballottés au gré des péripéties de l’histoire.
Si le Piémont est aujourd’hui l’une des régions d’Italie la plus prospère, à la fin du XIXe siècle, la vie, essentiellement rurale, y est misérable. Abandonnée à elle-même, bercée de croyances diverses (le prêtre, le rebouteux et la sorcière tiennent le haut du pavé), entassée dans des maisons sans confort ni hygiène, la population a à peine de quoi nourrir sa nombreuse progéniture. Nombreux sont ceux qui rêvent d’un avenir meilleur. Les plus fortunés portent le regard vers la prospère Amérique. Luigi et Cesira n’ont d’autre choix que de diriger leurs pas vers la toute proche Provence. Même si la France ne réserve qu’un accueil froid à ceux qu’elle appelle « les macaronis », elle sait reconnaître les qualités dont ils font preuve. Travailleurs, rompus aux températures extrêmes, ils participent sans rechigner aux grands travaux que ce tout nouveau siècle impose, comme la construction du tunnel du Simplon à laquelle participèrent plus de dix-mille ouvriers dans des conditions plus que laborieuses.
- Copyright Gebeka Films
Plus tendre que misérabiliste, tout à la fois personnel et confraternel, sensible et concret, le récit déroule plusieurs décennies, témoins d’une intégration individuelle tout autant que de changements collectifs et sociaux. S’il nous touche autant, c’est par l’authenticité qu’insuffle son auteur à ce devoir de mémoire autour de la difficulté migratoire, hier comme aujourd’hui.
Mêlant subtilement mémoire intime et mémoire historique, cette ode libératrice et universelle, récompensée du prix du jury et du prix de la fondation GAN au dernier festival d’animation d’Annecy, rappelle avec sagesse et douceur que de tous temps la migration participe au mouvement d’une humanité en marche, éternellement animée de l’espoir d’une vie meilleure.
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