Le 23 mai 2020
Ce documentaire passionnant suit un double trajet : l’histoire des gènes est l’occasion d’une exploration tout à fait intéressante et pédagogique, la vie d’une petite fille atteinte d’une maladie neurodégénérative permet de faire le point en ce qui concerne les recherches sur le génome humain.
- Réalisateurs : Barak Goodman - Mareike Müller
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Allemand
- Date télé : 23 mai 2020 20:50
- Chaîne : Arte
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Critique : Des premières théories sur l’hérédité énoncées par les penseurs de l’Antiquité jusqu’à la découverte de l’ADN, en passant par les observations du botaniste Gregor Mendel, ou les sinistres dérives de certaines recherches, l’histoire des gènes, c’est aussi la confirmation de la célèbre réflexion de Rabelais : "Science sans conscience n’est que ruine de l’âme".
La première partie de ce documentaire évoque tout d’abord les anomalies génétiques responsables de maladies rares, qui intéressent moins les grands groupes pharmaceutiques que des chercheurs acharnés, dont l’intervention revêt aussi une dimension éthique. Comme le dit l’un des intervenants, "l’ADN n’est qu’un code génétique, c’est aussi un code moral". Puis le propos adopte une perspective historique et nous raconte la passionnante histoire de nos gènes, qui débute par les intuitions grossières des philosophes de l’Antiquité grecque, persuadés que le processus de la vie est prédéterminé par une intervention divine. Le concept de l’hérédité n’évoluera véritablement qu’au dix-neuvième siècle pour devenir un problème biologique qui mobilisera la recherche. Bien sûr, les expériences de Mendel, fondateur de la génétique, sont abondamment commentées, d’une manière très pédagogique. Elles permettent d’établir un lien entre ses découvertes, la nomination effectuée par le botaniste danois Wilhelm Johannsen (l’inventeur du mot "gène"), la recherche des différences entre les générations, à travers les expériences de l’embryologiste américain Thomas Hunt Morgan sur les drosophiles, jusqu’à la génétique moléculaire qui se développe après la Seconde Guerre mondiale, avec la découverte de l’ADN, décryptée par Crick et Watson (tout en rappelant que le fameux cliché 51 pris par la physicienne Rosalind Franklin, assistante de son homologue Maurice Wilkins, la grande oubliée de cette découverte, les a bien aidés à modéliser la structure en "double hélice"). Watson, Crick et Wilkins remporteront le Nobel de médecine. Pour Franklin, rien. Triste routine dans le destin des femmes scientifiques, terrible exemple de l’effet Matilda.
Parallèlement aux découvertes de la fin du dix-neuvième, l’anthropologue Francis Galton fonde l’eugénisme, qui expliquera les phénomènes sociaux par la biologie, selon les paradigmes de la supériorité et de l’infériorité. La science devient ainsi le moyen par lequel des actions politiques seront motivées, pour sans cesse améliorer l’espèce humaine. On sait quelles sinistres conséquences auront ces théories au vingtième siècle. Des stérilisations contraintes sur le sol américain aux atroces programmes nazis, le documentaire déroule le fil d’une dérive mortifère.
On suit aussi Wendy Chung, généticienne américaine réputée, sur son lieu de travail, au New York Presbyterian Hospital, prenant soin d’une petite fille atteinte d’une maladie neurodégénérative qui affecte le gène KIF1A.
L’acharnement de quelques scientifiques croise parfois des expériences difficiles : ainsi, les avancées sur la chorée de Huntington doivent beaucoup à Nancy Wexler, qui a trouvé le gène responsable de cette maladie. Sa mère a elle-même été atteinte de cette terrible pathologie. Des espoirs apparaissent, mais le chemin est encore long.
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