Guilt - La critique (sans spoiler) de la saison 1 + le test Blu-ray

Notre avis : Le principe est simple et éprouvé : un meurtre, un grand nombre de suspects, et chacun cache au moins un secret. Il suffit de tirer un fil pour que d’autres apparaissent et forment à leur tour des pelotes inextricables : la colocataire de la victime, son petit ami, sa sœur, son beau-père, un avocat cynique, deux policiers, un prince (!), tout ce beau monde se croise et interagit en s’efforçant de masquer la vérité par des mensonges successifs. Car ce sont pour l’essentiel des gens jeunes et avenants, dont seule l’apparence est lisse. Pour le meilleur, ce cocktail donne un suspense haletant rythmé par des rebondissements permanents. Un exemple suffira : on apprend très vite que Grace a eu une liaison avec son professeur. La victime peut-être aussi, et elle était enceinte ; mais par le passé, Grace a crevé les pneus de la femme du professeur, causant un accident grave. Celle-ci se venge en tuant l’infidèle et en faisant accuser le frère de la victime. Dans le même épisode elle est arrêtée au moment où elle voulait tuer Grace. On est donc cloué à son siège, emporté par un maelstrom d’action qu’un montage alterné densifie encore.
Mais le revers de la médaille, c’est un effet rapide de trop plein : à se vouloir trépidante, cette série se condamne à ne jamais baisser la garde, à inventer toujours plus de péripéties et de retournements. La saturation gagne un spectateur étourdi par temps de mouvement, d’autant que la réalisation (caméra en perpétuelle mobilité, montage haché, chocs musicaux, accélérés et ralentis) en ajoute un souvent artificiel. Tout se passe comme si l’intrigue ne reposait que sur une énergie qu’il fallait alimenter en continu, au risque de l’épuisement.
Plus encore, on a le sentiment que les personnages ne sont que des masques successifs sans épaisseur, qui ne servent qu’à retarder le dévoilement du meurtrier. D’ailleurs, le rythme et le nombre de protagonistes fait qu’on oublie souvent qu’il y a eu assassinat, trop concentré qu’on est sur le suspens présent. Pas de réflexion, pas non plus réellement de psychologie : il s’agit de montrer un monde pourri dans lequel chacun est coupable, un monde d’individus préoccupés de leur jouissance immédiate et personnelle, qu’elle soit financière, sexuelle ou perverse. Peut-être y a-t-il là une dénonciation de la société contemporaine. De même avec une certaine indulgence peut-on déceler une critique de l’importance des médias. Mais pour l’essentiel, cette série n’innove pas vraiment, recyclant des stéréotypes repris du polars, mais aussi, hélas, du « soap » et de ses dialogues sirupeux pour aboutir à l’équivalent d’un page turner sans âme, conclu par des révélations en cascade pas très loin du grotesque.

Les suppléments :
Huit minutes promotionnelles et huit minutes de scènes coupées qui n’ajoutent pas grand-chose.

L’image :
Impeccable : la définition frôle le parfait, du grain de la peau aux feuilles des arbres, les couleurs et la lumière atteignent le naturel sans efforts, tout est lisse et précis. Le Blu-ray à son meilleur.

Le son :
La spatialisation réussie permet une immersion dans les dialogues et les moments de forte musique. Ce serait impeccable si les voix françaises ne versaient pas dans les intonations « soap » et si les sous-titres n’étaient pas farcis de fautes et omissions.