Les caprices d’un fleuve
Le 1er mai 2014
Un film fluide et poétique sur l’éternel débat africain : modernité contre tradition.
- Réalisateur : Salif Traoré
- Acteurs : Fili Traoré, Sotigui Kouyaté, Djénéba Koné
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Canadien, Allemand, Burkinabé, Malien
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 29 octobre 2008
- Plus d'informations : le site du film
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Un film fluide et poétique sur l’éternel débat africain qui oppose le désir de modernité aux traditions.
L’argument : Zan revient dans son village natal de Sekoro d’où il a été banni enfant pour être né hors mariage. Il compte bien retrouver son père. Mais son retour coïncide avec l’agitation du fleuve Niger. Les villageaois y voient la manifestation de la colère de Faro, l’esprit du cours d’eau, que Zan aurait bravé en revenant.
Notre avis : Faro, la reine des eaux s’inscrit dans la pure tradition du cinéma ouest africain : il évoque l’aventure d’un continent oscillant entre tradition et désir de modernité. Ce dilemme est porté par Zan, un bâtard anciennement banni. Devenu ingénieur en génie civil, le jeune homme est de retour au village pour lui faire profiter de son savoir, notamment en utilisant le Niger comme source d’irrigation. La démarche permettrait de développer l’agriculture et d’en faire une ressource alternative à la pêche artisanale. Mais comment faire quand Faro, l’esprit du fleuve, fait la pluie et le beau temps et s’érige inlassablement en obstacle contre le progrès ?
A travers ce postulat, le cinéaste malien, Salif Traoré, explore la tradition dans tous ses méandres. Il décrit avec habilité une société où les coutumes retirent le pouvoir aux hommes pour le remettre aux femmes quand Faro, la reine des eaux, a été offensée.
Il expose les spectateurs à des croyances ancestrales qui malmènent ici les personnages, comme cette jeune orpheline, Penda, tiraillée par l’esprit du fleuve, qui se persuade quelle doit le servir bon gré mal gré, tandis que son fiancé, tel Orphée prêt à arracher son Eurydice des enfers, brave le fleuve en colère pour la reconquérir, au risque d’y perdre la vie.
Refusant toutes les digressions, le scénario, coécrit par Salif Traoré et le coauteur d’Indigènes, Olivier Lorelle, est d’une belle clarté. Il est à l’image de la réalisation dont on apprécie la grande lisibilité et la simplicité. Cette dernière est portée par des images somptueuses et une photographie qui sublime les humeurs du fleuve Niger, tantôt paisible, tantôt enragé, faisant de Faro, la reine des eaux une réussite artistique où l’on s’est soucié avec minutie des costumes et des décors, sans jamais brader toutes les autres considérations esthétiques et techniques. Toutes ces qualités permettent de donner plus de substance à la dimension philosophique d’un cinéma progressiste, qui considère les traditions comme des repères nécéssaires ne devant toutefois pas entraver l’évolution des sociétés africaines. Une belle pensée pour une bien belle œuvre.
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