Le 13 juin 2021
Plus qu’un véritable documentaire cinématographique, Douce France est un témoignage intéressant sur la conscience politique qui émerge chez des jeunes gens issus de la banlieue parisienne, à l’occasion de la construction d’un hypercentre commercial, aux portes de leur maison.
- Réalisateur : Geoffrey Couanon
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Durée : 1h36mn
- Date de sortie : 16 juin 2021
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Résumé : Amina, Sami et Jennyfer sont lycéens en banlieue parisienne, dans le 93. A l’initiative de trois de leurs professeurs, ils se lancent dans une enquête inattendue sur un gigantesque projet de parc de loisirs, qui implique de bétonner les terres agricoles proches de chez eux. Mais peut-on avoir le pouvoir d’agir sur un territoire quand on a dix-sept ans ? Drôles et intrépides, ces néo-citoyens nous emmènent à la rencontre d’habitants de leur quartier, de promoteurs immobiliers, d’agriculteurs et même d’élus de l’Assemblée Nationale. Une quête réjouissante qui bouscule les idées reçues et ravive notre lien à la terre !
Critique : Il est fort probable qu’avec la crise du Coronavirus, les promoteurs d’un équipement culturel, commercial, événementiel, de loisir, touristique et hôtelier, Europacity, aux portes de Gonesse ou de Villepinte en banlieue parisienne, revoient à la baisse leurs ambitions. Toujours est-il que la question est posée à ce groupe d’adolescents qui, à l’initiative de leurs enseignants, s’invitent dans une enquête à grande échelle, dans des espaces à proximité immédiate de chez eux. Quand ils ne s’amusent pas entre eux, ou qu’ils ne suivent pas leurs cours, ils partent à la rencontre de leurs congénères ou des adultes de leur ville, avec un petit air de militants écologiques. Douce France parle autant d’une certaine adolescence des banlieues que d’une France urbaine qui perd ses commerces de proximité, au bénéfice de complexes commerciaux immenses.
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Ils ne se font pas de cadeau. Ils se disputent. Ils se disent les choses, yeux dans les yeux. Ils rient aussi. Certains affirment sans équivoque leur idéologie consumériste ou leur goût de l’argent et de l’avoir. Mais d’autres, tout aussi militants, crient leur colère contre un projet qu’ils jugent dévastateur. En réalité, cette expérience citoyenne, de gauche disons-le, est l’occasion pour eux de redécouvrir les "océans de plaine", pour citer l’un d’entre eux, qui entourent leurs habitations et permettent de nourrir la population. Ils font connaissance avec l’agriculture de proximité, mettent la main à la terre sans sourciller et finalement se réconcilient avec leur être intérieur.
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On ne peut pas accuser Geoffrey Couanon de forcer la mise en scène au nom de son propre combat politique. Si les adolescents cultivent peu à peu leur rapport à la nature, au monde, à l’argent, s’ils voient dans cette enquête l’opportunité de se questionner sur le sens qu’ils veulent donner à leur vie, ils n’en demeurent pas moins des jeunes ordinaires, avec l’ambivalence qui peut les caractériser à cet âge, le ricanement facile et le franc-parler. Le film rassure sur la capacité de notre jeunesse, a fortiori de banlieue, de réenchanter l’existence et d’envisager un avenir qui soit autre chose que du béton, de la consommation à outrance et de l’individualisme acharné. Geoffrey Couanon a fait ses premières armes dans les documentaires radiophoniques. Ce n’est pas surprenant, car Douce France peut presque se passer d’images. La densité des dialogues, la vivacité de Jennyfer, Amina ou Sami suffisent à dynamiser le propos. Certes, il ne faut pas démentir le soin apporté à la photographie, grâce à ces prises de vue très belles sur la campagne, mais l’essentiel du film ne se situe pas dans la matière cinématographique elle-même. L’essentiel demeure le message que le réalisateur veut passer d’une jeunesse de Seine-Saint-Denis capable d’intelligence, de débats politiques et sensibles. En atteste l’une des scènes finales, où l’on voit un défenseur du projet Europacity perdre pied face à cette ribambelle de jeunes gens, droits dans leurs bottes, courageux et acerbes, au service sans doute de l’avenir qu’ils envisagent pour eux.
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Douce France est aussi le récit d’une émancipation intellectuelle et sociale des adolescents. Ils parlent de leur rapport aux parents, de la nécessité de grandir par eux-mêmes, dans un univers où l’emploi attractif est souvent réservé à une certaine classe de la population. Ce regard frais sur la jeunesse permet de faire oublier, juste un instant, l’incontestable parti pris politique du réalisateur.
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