Rêve de gosse
Le 7 août 2016
Ce film aurait pu s’appeler « Quand on veut on peut ». Oui mais pour donner réalité à cet adage populaire, ne doit-on pas être bouleversé par des circonstances inattendues, voire douloureuses ? Cette comédie sincère et émouvante donne un éclairage à la fois drôle et grave sur cette quête de soi.
- Réalisateur : Lucien Jean-Baptiste
- Acteurs : Michel Jonasz, Édouard Montoute, Olivier Sitruk, Firmine Richard, Lucien Jean-Baptiste, Jean-François Balmer, Baptiste Lecaplain, Noémie Merlant, Jacques Frantz, François Deblock, Delphine Théodore
- Genre : Comédie
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h35mn
- Box-office : 116.611 (entrées France)
- Date de sortie : 9 mars 2016
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Résumé : À sa sortie de prison, Dieumerci, quarante-quatre ans, décide de changer de vie et de suivre son rêve : devenir comédien. Pour y arriver, il s’inscrit à des cours de théâtre qu’il finance par des missions d’intérim. Mais il n’est pas au bout de ses peines. Son binôme, Clément, vingt-deux ans, lui est opposé en tout. Dieumerci va devoir composer avec ce petit « emmerdeur ». Il l’accueille dans sa vie précaire faite d’une modeste chambre d’hôtel et de chantiers. Au fil des galères et des répétitions, nos deux héros vont apprendre à se connaître et s’épauler par atteindre l’inaccessible étoile.
Critique : Après La Première étoile, puis 30°couleur, Lucien Jean-Baptiste choisit encore une fois d’être devant et derrière la caméra. Il continue à poser un regard bienveillant sur ceux que la vie n’a pas vraiment aidés au départ mais qui, animés d’une foi inébranlable, franchiront tous les obstacles pour réaliser leur rêve. Il se décerne le rôle du loser : il est Noir (comment un Noir peut-il jouer Roméo et Juliette se demande-t-il ?), déjà un peu âgé (c’est son professeur de théâtre qui le lui fait remarquer) et ne sait pas quoi faire de sa vie. Il ne peut compter que sur sa mère à la bonne humeur sans faille (la toujours pétillante Firmine Richard) qui a pris son parti d’une vie émaillée des multiples tracas du quotidien. L’ascenseur, il y a longtemps qu’il ne monte plus nulle part dit-elle « c’est comme l’ascenseur social, il ne fait que descendre ».
Mais Dieumerci ne veut pas de cette existence, il a d’autres rêves et pour espérer les réaliser, il sait qu’il doit quitter cette cité triste et lointaine. Commence alors pour lui un vrai parcours du combattant. Face à lui, un tout jeune homme à la gueule d’ange venant d’une classe sociale aisée et qui prétend pouvoir obtenir ce qu’il veut quand il veut, c’est du moins ce qu’il tente de faire croire. La formation d’un couple d’acteurs que tout oppose est la recette de bon nombre de comédies cinématographiques. Souvenons-nous du désormais mythique L’emmerdeur mettant dos à dos Jacques Brel et Lino Ventura ou du non moins savoureux Les compères réunissant Gérard Depardieu et Pierre Richard. Malgré toute sa sincérité, Lucien Jean-Baptiste n’atteint jamais la justesse de ton de ses prédécesseurs (Édouard Molinaro et Francis Veber). Nos deux protagonistes, tout sympathiques soient-ils, nous offrent une cascade de gags un peu trop poussés pour vraiment être comiques, même s’il est vrai que la scène où le très maladroit Clément ne parvient pas à maîtriser l’engin de chantier qu’on lui a confié ne manque pas de piquant. Durant une bonne moitié du film, on craint de n’avoir à faire qu’à une énième comédie passe-partout. Et puis, au fur et à mesure de leurs galères, on s’attache à ces deux paumés solitaires pleins d’humanité et de naïveté que rien ne décourage, jusqu’à ce que l’on découvre avec émotion la dure réalité qui a poussé Dieumerci à réaliser son rêve d’enfant.
Les seconds rôles hauts en couleur apportent un bel équilibre à cette ambiance à mi-chemin entre gravité et légèreté : à commencer par l’extraordinaire Michel Jonasz en avocat peu ordinaire ou l’impeccable Jean François Balmer en directeur de théâtre cynique et désabusé « Il ne fera jamais rien dans ce métier. Il pourra toujours monter un cours de théâtre », prédit-il avec mépris.
La plus touchante de tous est sans conteste la secrétaire du cours de théâtre. Fantasque et déjantée, elle fond face à la détresse de cet apprenti comédien désargenté mais si motivé et fait tout ce qui est en son pouvoir (et même au-delà) pour lui venir en aide. Merveilleuse Delphine Théodore que l’on devrait retrouver sur les écrans plus souvent.
S’inspirant d’une partie de sa propre histoire, Lucien Jean-Baptiste nous livre une comédie riche d’humanité passant doucement du rire aux larmes. Une comédie sur la vie en somme, celle où souvent on rit pour ne pas pleurer. Que fait-on de nos malheurs ? Peut-on transformer du négatif en positif ? La réponse se trouve dans les paroles de la chanson de Brel « La Quête » qui clôt le film fort à propos.
Le DVD
Pas d’édition Blu-ray pour cette comédie de divertissement léger. Et pour cause, avec un peu plus de 110.000 entrées France, l’échec a miné toutes les attentes du distributeur et de l’éditeur vidéo.
Les suppléments :
Photos, bande-annonce... Du maigre, mais l’interview par Christine Haas pour FilmoTV vient donner un peu plus de consistance, avec une trentaine de minutes servant d’éclairage biographique, mais qui, à l’image du métrage, demeure un peu trop ronflante.
L’image :
Copie SD qui ne manque pas de qualités (luminosité optimale), mais ancrée dans une dure réalité SD à une époque où la haute définition, déjà présente en salle, implique des attentes plus élevées, notamment en terme de contraste.
Le son :
L’éditeur limite la casse avec la présence d’un DTS D.D. 5.1 qui n’était pas acquis d’avance ! Le confort sonore est sans conteste, même si le genre comique ne nous donne pas matière à nous enthousiasmer plus qu’il n’en faut.
Test DVD/Bluray
– Sortie DVD : le 27 juillet 2016
– Sortie VOD : le 22 juillet 2016
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