Le 4 janvier 2024
Une histoire délicieusement romantique pour célébrer la naissance du premier restaurant et faire rimer gastronomie avec démocratie.
- Réalisateur : Éric Besnard
- Acteurs : Isabelle Carré, Grégory Gadebois, Guillaume de Tonquédec, Benjamin Lavernhe, Lorenzo Lefebvre, Christian Bouillette, Jérémy Lopez
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Editeur vidéo : M6 Vidéo
- Durée : 1h52mn
- Date télé : 4 janvier 2024 21:10
- Chaîne : France 3
- Date de sortie : 8 septembre 2021
- Festival : Festival du Film Francophone d’Angoulême 2021
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Résumé : A l’aube de la Révolution française, Pierre Manceron, cuisinier audacieux mais orgueilleux, est limogé par son maître le duc de Chamfort. La rencontre d’une femme étonnante, qui souhaite apprendre l’art culinaire à ses côtés, lui redonne confiance en lui et le pousse à s’émanciper de sa condition de domestique pour entreprendre sa propre révolution. Ensemble, ils vont inventer un lieu de plaisir et de partage ouvert à tous : le premier restaurant. Une idée qui leur vaudra clients… et ennemi.
Critique : Au XVIIIe siècle, le restaurant tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existe pas. Les cuisiniers se louent à la noblesse. Pierre Manceron (Grégory Gadebois) est de ceux-là. Son talent attire régulièrement chez son maître le duc de Chamfort (Benjamin Lavernhe) une cour aussi gourmande que vulgaire. Cette aristocratie rigide craint le moindre changement même culinaire et toute initiative d’un nouveau plat est déconseillé. Pourtant, poussé par son génie créatif, Manceron ose proposer ce soir-là un feuilleté aux pommes de terre, un légume habituellement réservé au petit peuple. Cette audace suscite la colère immédiate du membre du clergé alors présent qui, encouragé par les autres convives, prend un malin plaisir à humilier notre malheureux chef cuistot. Accompagné de son fils, un adolescent vif et ingénieux, il retourne se morfondre sur ses terres, jusqu’à ce qu’une femme (Isabelle Carré) au passé mystérieux et à la détermination inépuisable, le pousse à s’ouvrir au monde.
- Copyright Jérôme Prébois/2019 Nord-Ouest Films
Après L’esprit de famille, Éric Besnard s’intéresse à l’esprit républicain à travers cette comédie appétissante, en forme de conte de fée. Dans une campagne magnifique, est posée une masure qui se transforme peu à peu en auberge pimpante pleine de vie. Elle est habitée par deux personnes talentueuses et de bonne foi (symbolisant le petit peuple oppressé) venues panser les blessures infligées par quelques membres méprisants de la noblesse. Pourtant, aucune mièvrerie ne sourde de ce récit qui en plus d’être fort bien écrit se pique d’ironiques parallèles avec nos préoccupations contemporaines, qu’elles soient sociales, économiques ou même culinaires.
- Copyright Jérôme Prébois/2019 Nord-Ouest Films
Le choix de Grégory Gadebois dont la rondeur et le regard enfantin donnent à ce cuisinier bien plus roué qu’il n’y paraît une dimension singulière, constitue un atout essentiel. Judicieusement accompagné d’Isabelle Carré qui déborde d’ingéniosité pour doter son personnage d’une multitude de nuances au point d’en faire une femme à la modernité fascinante, il nourrit de saveurs délicates cette histoire d’entraide, de partage et d’amour. Une flopée de personnages secondaires hauts en couleur tant du côté des opprimés que des tout-puissants complète avantageusement cet échantillon d’une société au tournant de son histoire. Tandis que Benjamin Lavernhe communique son plaisir évident à se couler dans les plis de ce personnage trouble, Guillaume de Tonquédec rivalise de facéties pour donner vie à cet intendant antipathique et ambigu.
- Copyright Jérôme Prébois/2019 Nord-Ouest Films
Même si quelques scènes s’étirent en longueur à mi-parcours, la réalisation emmène d’un pas toujours alerte cette fable avenante, tandis que la lumière, extraordinairement chaude, éclaire des plats de toute beauté et capte avec la même intensité les expressions des visages des comédiens et la magnificence de la nature environnante, imprégnant l’ensemble d’une étonnante sensualité.
A travers cet éveil des sens patriotique, Éric Besnard rend un hommage inattendu à l’un des fleurons de notre patrimoine. Une idée originale et savoureuse !
Le test du DVD/Blu-ray
Image :
L’atmosphère de l’époque bénéficie d’un excellent rendu. Tout est impeccable, que nous nous invitions en cuisine ou en extérieur.
Son :
Délicieux se pare de musique classique. Le tout est délectable à entendre et ponctue des dialogues ne manquant pas de goût.
Suppléments :
Les suppléments, n’en déplaise à notre gourmandise, sont hélas peu nombreux :
– Le making of
Délicieux a le mérite de mettre en valeur autant les acteurs que le staff : la parole est octroyée à plusieurs interlocuteurs pour une juste mise en lumière. Ce long-métrage réjouissant évoque la conception du premier restaurant, en province, et ce dans un souci d’être proche du terroir. Le restaurant est un modèle philosophique où s’exprime la subjectivité du maître des lieux. Le film est aussi le témoin des failles de la masculinité. La mise en valeur des paluches de Grégory Gadebois, taillé pour le rôle principal, montre que des mains épaisses peuvent créer des mets subtils. Le travail sur les costumes a été minutieux et ambitieux. Il en est de même de la recherche documentaire préalable à la réalisation de Délicieux (prise en compte notamment des produits de l’époque : esthétisme et qualité au menu). Les comédiens confirment une entente savoureuse entre eux.
– Bande-annonce.
– Sortie DVD : 12 janvier 2022
– Sortie VOD : 8 janvier 2022
Galerie Photos
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