Cop Car - la critique du film

Notre avis : C’est apparemment avec ce petit film que Jon Watts a été repéré par Marvel pour diriger le prochain Spiderman, ce qui, on en conviendra, justifie qu’on y jette plus qu’un œil distrait ; et, dès le début, on est assez frappé par le lent cheminement de ces deux gosses qui jouent à prononcer et répéter des insanités. Des enfants en cavale ? Mais ils n’ont pas l’air pressé ; des enfants qui jouent ? Mais ils sont loin de tout, comme nous le prouvent d’abondants et gracieux travellings. Car l’espace, qui tient un rôle majeur dans le film, a l’ampleur des meilleurs Cohen (on pense à Fargo plus d’une fois) et noient les personnages, au demeurant fort peu nombreux, dans des routes et des champs sans fin. La ville, à peine montrée, tient plus du trou perdu que de la haute civilisation.
Deux enfants, donc, qui jouent à la transgression verbale, l’un plus audacieux que l’autre, qui hésite à répéter le dernier mot. Ils sont complices – on comprend assez tôt qu’ils ont fait une fugue- et, s’entraînant mutuellement, auront l’audace de voler une voiture de police, celle du titre, laissée là par un flic peu recommandable, un Kevin Bacon plutôt sobre. De là, évidemment, encore comme chez les Cohen, des situations de plus en plus inextricables, avec leur lot d’absurde, voire de grotesque, jamais éloigné du meilleur tragique.

Copyright Universal Pictures Germany

Ce qui frappe sans doute le plus, c’est le minimalisme aussi bien du scénario, avec ses ellipses, ses inconnues (pourquoi ont-ils fugué ? Que deviendront-ils ? Dans quoi exactement trempe le « bad cop » ?) que de la mise en scène très classique, ce qui n’est pas un reproche, à la limite parfois de l’austère. Rien ici de démonstratif ou d’appuyé : la sobriété des dialogues coïncide avec la rareté des protagonistes. Revers de la médaille, le film peine parfois à imposer un rythme que l’action limitée comme le refus du lyrisme condamne à des moments plats ; reconnaissons néanmoins une certaine habileté à garder dans cette histoire un peu tirée par les cheveux une logique et une cohérence de bon aloi.
Si l’on ne s’ennuie donc quasiment pas, et en ce sens la durée du film est une bonne idée, si on apprécie la retenue globale, on ne peut s’empêcher de regretter que cette œuvrette manque singulièrement d’ambition ; peu de moyens, certes, mais cela n’explique et surtout n’excuse pas tout. Reste donc un petit métrage sympathique, qui tient son pari minimaliste jusqu’au bout, ni déplaisant ni inoubliable.

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