Mon cheval, ce héros
Le 4 février 2018
Derrière la fable sur un humble voleur de cheveux se dissimulent un drame humain plein de mélancolie, une ode à la liberté mais aussi un discours politique alarmant.
- Réalisateur : Aktan Arym Kubat
- Acteurs : Aktan Arym Kubat, Taalaikan Abazova, Bolot Tentimyshov, Zarema Asanalieva, Ilim Kalmuratov, Nurali Tursunkojoev, Maksat Mamyrkanov
- Nationalité : Kirghize
- Distributeur : Épicentre Films
- Durée : 1h29mn
- Genre : Drame
- Titre original : Centaur
- Date de sortie : 31 janvier 2018
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Résumé : Dans un village au Kirghizistan. Centaure, autrefois voleur de chevaux, mène désormais une vie paisible et aime conter à son fils les légendes du temps passé, où les chevaux et les hommes ne faisaient plus qu’un. Mais un jour, un mystérieux vol de cheval a lieu et tout accuse Centaure…
Notre avis : Peu de films nous proviennent du lointain Kirghizistan, un pays dont les hautes steppes sont pourtant propices à de splendides décors pittoresques et romanesques. Autant dire que chacun que nous fait parvenir Aktan Arym Kubat via divers festivals européens est un petit régal. Le dernier en date, Le Voleur de Lumière en 2011, traitait à sa façon des injustices sociales qui tarissent son pays. Sept ans plus tard il nous revient avec un long-métrage qui reprend évidemment cette thématique mais y rajoute un sujet tout aussi crucial au sein de sociétés en pleine modernisation telle que la sienne : celui de la place à donner aux traditions. En l’occurrence, la problématique est axée sur le cas particulier des chevaux. Cet animal, autrefois totem du peuple local, n’est plus qu’une vulgaire marchandise pour de riches amateurs de courses hippiques. Et celui qui va vouloir lutter contre cet état de fait en libérant les chevaux n’est considéré que comme un voleur qui mérite la plus lourde des pénitences.
- (C) Epicentre Distribution
Même si le film débute en suivant plus ou moins les codes classiques du polar moderne, ce n’est que pour mieux nous mener vers cet univers en retrait du monde et plus encore vers le personnage éponyme. Ce fameux Centaure est interprété par Aktan Arym Kubat lui-même et concentre à lui seul tout la charge mélodramatique mais aussi le lyrisme du long-métrage. En ayant fait de lui un ancien projectionniste qui s’est retranché dans les traditions de ces aïeux après la fermeture de son cinéma, le réalisateur a d’ailleurs fait en sorte que le septième art apparaisse comme le seul point positif de la modernité. Autour de lui, même si les paysages restent d’une beauté éblouissante, tout semble être rongé par un étrange mélange entre une occidentalisation qui creuse l’écart entre riches et pauvres, un islam radical qui veut imposer une misogynie malsaine mais aussi un étrange pouvoir donné aux on-dit les plus calomnieux.
A côté de ce que Kubat nous dépeint comme une civilisation sur le déclin, chacune des scènes où on le retrouve auprès de sa famille, une femme sourde-muette et un jeune garçon lui aussi mutique, apparaît comme une vraie respiration. La part intimiste du récit côtoie ainsi un véritable drame. Malgré tout, le ton parvient à rester léger jusqu’à sa conclusion. Mais les passages les plus marquants sont assurément ceux où l’on voit Centaure galoper dans les vastes plaines. Des images poétiques porteuses d’un souffle de liberté salvatrice. Le réalisateur réussit à ne jamais se perdre dans les nombreuses thématiques qu’il aborde et tisse un pamphlet sociologique teinté de fatalisme derrière ce qui a pourtant tout d’une petite fable naïve. Un coup de force bouleversant, fin, et d’une pure intelligence.
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