Burning Palms - la critique

Une vision sardonique de l’homme à travers les clichés du monde contemporain. Un film choc.

L’argument : Un conte subversif mêlant cinq histoires se déroulant à Los Angeles.

Notre avis :Lors de sa sortie outre-Atlantique, Burning Palms fut majoritairement contesté par la critique américaine. Après sa projection, l’un des journalistes présents dans la salle ira jusqu’à le qualifier d’ « un des films les plus outrageants de la dernière décennie ». Sur l’affiche officielle du film, on peut d’ailleurs lire l’avertissement : « Cinq histoires dont vous ne sortirez pas indemne... »
Premier long-métrage de Christopher Landon, scénariste de Paranoïak et Paranormal Activity 2, Burning Palms bénéficie avant tout d’un casting de choix. Malgré un budget réduit, de nombreux comédiens tels que Dylan McDermott (Texas Ranger, Les Messagers), Rosamund Pike (Une éducation, Orgueil et préjugés) ou encore Nick Stahl (Sin City, Terminator 3) se sont retrouvés lors du tournage. Après le visionnage du film, leur choix de se joindre à ce long-métrage subversif apparaît alors pleinement cohérent, Burning Palms proposant une myriade de rôles forts et atypiques.

Cette réalisation satirique nous rapporte cinq histoires distinctes se déroulant dans différents endroits stéréotypés de Los Angeles : West Hollywood, Santa Monica, Sherman Oaks, Westwood et Holmby Hills. Le récit de ces fables pour adultes se fait à travers les pages d’une bande dessinée, à la manière du Creepshow de George Romero ou encore de Short Cuts de Robert Altman. Proche parfois même du style de Tarantino, Burning Palms joue sur les couleurs intenses et la sténographie singulière des comics américains.
Similairement aux Contes de la Crypte, le film nous relate de multiples histoires ayant uniquement en commun les sujets dérangeants qu’elles abordent. La relation malsaine d’un père avec sa fille, la démence qui s’empare d’une jeune fille ayant perpétré un acte sexuel peu commun, l’adoption d’une enfant africaine par un couple homosexuel qui finira par la délaisser pour un chihuahua, l’impétuosité d’un groupe de bambins oubliés de leurs parents et enfin l’ambiguïté des sentiments d’une victime d’un viol envers son agresseur sont autant de points traités par le cinéaste.

A travers les clichés de notre société actuelle, Burning Palms souligne les névroses de chacun et les exagère à l’extrême. A grand renfort d’allégories et de métaphores, le long-métrage pose la question de savoir jusqu’où va notre propre morale. D’une précision chirurgicale, Christopher Landon dissèque les normes communément acceptées et les analyse avec un humour cynique. Ce faisant, il brouille les pistes, et l’on en vient à se demander qui est atteint mentalement, car dans Burning Palms la victime est coupable et rien n’est simplement noir ou blanc. Si le film choquera les plus sensibles, il fascinera les autres en les transformant malgré eux en voyeurs et donc complices.
S’attaquant à des tabous profondément ancrés, Burning Palms nous livre une réflexion amère sur le monde, volontairement de mauvais goût. Imprégné d’humour noir, ce long-métrage fait grincer des dents. Jamais le proverbe « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde » n’aura été plus vrai. Un film coup de poing.