Le 24 janvier 2025
Si la question des organisations mafieuses, sous couvert de trafic de drogue, est largement d’actualité dans le sud de la France, Akaki Popkhadze en offre une variation dans un thriller mené tambour battant, mais dont la violence gratuite finit par épuiser.
- Réalisateur : Akaki Popkhadze
- Acteurs : Denis Lavant, Nicolas Duvauchelle, Sandor Funtek, Florent Hill
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français, Autrichien, Belge, Géorgien
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h49mn
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 22 janvier 2025
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Résumé : Dans les quartiers populaires de Nice, un pilier de la communauté géorgienne locale se fait assassiner. Son fils Tristan, qui aspire à devenir prêtre orthodoxe, se retrouve seul avec sa mère en deuil. C’est alors que réapparaît Gabriel, le grand frère au passé sulfureux, qui revient d’un long exil dans le but de se racheter en lavant l’honneur de sa famille.
Critique : Il ne fait pas bon d’être avocat ou chauffeur d’un riche propriétaire russe dont la fortune ne semble pas qu’issue d’un capitalisme régulé. Car justement, le long-métrage démarre sur le massacre cruel de ces deux pauvres personnes dont la seconde justement est le père de Tristan et Gabriel, lesquels sont déterminés à venger ce crime. Les deux frères sont deux personnes totalement opposées. Le premier s’apprête à rentrer au séminaire, là où le second est revenu de longues années d’absence, on imagine, teintées de trafic en tout genre.
- Copyright Jean Louis Paris
Brûle le sang est un film noir qui ne lésine pas sur les tueries sauvages, les tortures, et la multiplication des armes, sous couvert de fonctionnements mafieux. Akaki Popkhadze décrit un monde où la mafia russe règne en maîtresse sur une cité populaire de Nice avec la vente de cocaïne et la gestion d’espaces de loisirs pour les touristes. La privatisation des plages constitue manifestement un enjeu majeur pour les mafias de l’est de l’Europe qui se battent pour obtenir des terrains. La mort et les règlements de compte demeurent des affaires courantes pour ces corpuscules, qui n’hésitent pas à faire disparaître les corps dans des bennes de camion, sous des monceaux de terre. Bref, voilà un film sur la violence, comme d’ailleurs l’affiche le revendique avec ce révolver pointé sur la joue d’un personnage. La mise en scène où domine la gente masculine multiplie les attaques, les crimes poisseux, sans parfois grande cohérence, et surtout avec le sentiment que la justice et la police, absentes de l’histoire, n’y peuvent rien.
Le film signe le retour sur les écrans de Nicolas Duvauchelle qui incarne le frère aîné, revenu de plusieurs années de disparition. Le personnage cultive deux facettes de sa personnalité : d’un côté un être sans scrupule, pétri de haine et de violence ; et de l’autre un homme anxieux, sensible et (presque) décidé à se refaire une santé morale. Mais le projet ne tient pas longtemps, réactivé par la mort du père. Il parvient ainsi à engager son jeune frère qui résiste comme il peut pour ne pas succomber à la délinquance et au trafic. S’ensuivent alors, à défaut d’une enquête sérieuse, des règlements de compte incessants, avec, au cœur du récit, un jeune homme toxicomane, pourri gâté, qui occupe un magnifique appartement situé en front de mer.
- Copyright Jean Louis Paris
En réalité, si l’on ne conteste pas la force des réseaux mafieux, aucun des personnages ne semble crédible. On ne comprend pas que la police reste à distance de ces crimes sordides tant ils sont énormes. Même les enjeux de rivalité autour de la vente de ces terrains de bord de mer ne sont pas très clairs. Le film souffre apparemment d’une grande ambition narrative, couplée à des moyens insuffisants pour être à la hauteur du récit. Le peu qu’on voit des trafics ou des activités de prostitution donne le sentiment d’un univers misérabiliste, malgré les millions qui circulent dans ce type de pratiques illégales. La fiction ne fonctionne pas, avec le sentiment d’un remplissage qui rallonge considérablement la durée du film.
Brûle le sang est passé à côté de son sujet du fait d’un manque absolu de nuance et de modestie. Pourtant, l’actualité du moment a de quoi nourrir le cinéma. Mais Akaki Popkhadze s’enferme lui-même dans une tonalité bourrin, sans proposer la moindre aération qui donnerait au récit un peu de souffle. Les femmes sont trop absentes, là où elles auraient apporté à la fiction un peu de respiration et de finesse. Même la mère des deux garçons, laquelle donne des cours de piano à tous les gamins du quartier, n’élève absolument pas la pensée et la narration. Bref, nous sommes restés indifférents devant cette histoire sauvage dont nous ne retiendrons que les litres d’hémoglobine qui dégoulinent gratuitement.
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