Avant l’effondrement - Alice Zeniter, Benoît Volnais - critique

Critique : Niels Schneider s’impose aujourd’hui comme l’un des comédiens les plus en vue du moment. Il y a chez ce comédien la fragilité et la force d’un certain Jean-Pierre Léaud que seul Truffaut a si savamment dirigé. Il interprète un certain Tristan qui se balade dans un Paris mélancolique, entre ses émois amoureux, ses turbulences politiques et ses désirs d’émancipation sociale. Après l’effondrement apparaît ainsi comme un film lettré. Les deux réalisateurs accompagnent le destin absolument pas formidable de ce garçon lunaire avec des récitatifs, comme si le cinéma devenait le siège de la littérature. Pas de hasard alors que la colocataire fantasque de Tristan soit une professeure de lettres à l’université, cherchant à trouver dans les classiques, des armes pour la liberté de ses étudiants.

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Après l’effondrement est tout aussi politique que romantique. Le long-métrage s’ouvre sur une page glaçante d’un ours polaire qui tombe dans la glace craquelée par le réchauffement climatique. Tout le reste du récit se passe dans une chaleur accablante, signe que notre monde bascule vers un autre chose mais que peu d’entre nous prenons la mesure des changements à conduire. Le romantisme s’écrit aussi dans cette narration à la fois douce et cruelle d’un garçon qui part à la recherche de celle qui serait enceinte de lui. Ce voyage sentimental fait écho aux affres amoureux d’un certain Frédéric Deslauriers dans L’Éducation Sentimentale dont le destin était tout autant politique que romanesque. Tristan est un personnage sur le fil, au bord du gouffre, avec une sorte de menace secrète qui hante ses jours.

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En réalité, le film ne recherche pas l’esbroufe narrative. Il parle dans une langue simple, tendre, de la jeunesse bohème d’aujourd’hui qui doit composer avec le monde que leurs aînés leur ont laissé. On sourit autant qu’on se perd avec les personnages dans leurs émois et excès. La délicatesse générale de la tonalité apporte beaucoup de quiétude dans le récit où l’on se plaît à les voir marivauder et refaire le monde dans des discussions sans fin. Après l’effondrement donne envie de rêver et de croire à une jeunesse qui saura renverser l’inéluctable destruction climatique de l’univers.