American pie 4 - la critique

Des retrouvailles qui ne manquent pas de charme.

L’argument : Comme le temps passe… Souvenez-vous de cette année 1999 où quatre lycéens d’une petite ville du Michigan décidèrent d’en finir avec… leur virginité. Quête héroïque, burlesque, inoubliable… Une décennie plus tard, Jim et Michelle sont mariés, Kevin et Vicky sont séparés, Oz et Heather se sont éloignés à contrecœur, tandis que Finch soupire encore après… l’extravagante mère de Stifler. Quant à Stifler, rien ne le changera jamais. Amis d’hier, amis de toujours, ces jeunes hommes attendaient depuis longtemps de pouvoir se réunir le temps d’un week-end pour se remémorer leurs exploits d’antan et y puiser de nouvelles inspirations. Que la fête commence, l’heure du checkup hormonal a sonné…

Notre avis : Cela faisait neuf ans qu’on n’avait plus aucune nouvelle de Jim Levenstein et de sa bande, le temps pour la saga American Pie de se transformer en franchise juteuse pour Universal via son exploitation à outrance en direct-to-video. L’annonce du retour du casting original pour un nouvel opus bénéficiant d’une sortie cinéma pouvait donc inquiéter. Ce quatrième épisode, pas vraiment attendu par le public, allait-il être un simple véhicule promotionnel pour des acteurs dont la carrière n’a jamais réellement décollé ou, au contraire, une tentative sincère de faire renaître la série ? Quand les lumières se rallument après près de deux heures de pantalonnade crétine à l’ancienne, on est rassuré : non, cet American Pie 4 n’est pas qu’un produit opportuniste de studio, mais une bonne comédie sans prétention, certes anodine et non dénuée de défauts, qui a cependant le mérite de chercher à faire passer un bon moment au spectateur, pour peu que ce dernier soit attaché aux personnages de la franchise.
La réussite de ce quatrième épisode ne tient finalement qu’à une chose : le désir de retrouver la formule gagnante des précédents épisodes (gags burlesques gentiment trashs + sentimentalisme soap), sans jamais chercher à la bouleverser. Si cette absence de prise de risque peut inquiéter de prime abord, elle s’avère payante sur la longueur tant l’équipe technique et le casting se sont visiblement donnés les moyens pour que cette mécanique usée jusqu’à la corde soit la plus efficace possible. A ce titre, l’une des bonnes idées de la production est d’avoir confié les rênes du projet au duo de réalisateurs/scénaristes John Hurwitz et Hayden Schlossberg. Fans d’American Pie depuis leurs études universitaires, Hurwitz et Schlossberg sont surtout connus aux Etats-Unis pour être les géniteurs de la saga cinématographique Harold et Kumar, monument d’humour régressif jubilatoire comme seul le cinoche ricain est paradoxalement capable de nous offrir. Si American Pie 4 est loin de jouer dans la même catégorie et s’avère finalement très sage, il porte cependant la marque de ses auteurs, notamment au travers de dialogues comportant leur lot de punchlines cinglantes et de gags burlesques d’une efficacité redoutable.

Visiblement concernés par le projet, Hurwitz et Schlossberg démarrent ce quatrième opus sur les chapeaux de roue en signant une première heure véritablement enthousiasmante. Drôle, rythmée, réussissant le parfait équilibre entre comédie et soap opéra, développant les anciens protagonistes avec respect tout en introduisant de nouveaux, cette première moitié du métrage est un sans faute qui réjouira toute personne sensiblement attachée à la saga. Probablement galvanisés par leurs retrouvailles, les différents interprètes incarnent leurs personnages avec une joie communicative. Dés lors, on est tout aussi ravi qu’eux de retrouver Jim, Oz, Kevin, Finch ainsi que l’inénarrable Stifler. Si certains semblent n’avoir jamais disparu de nos écrans (la toujours excellente Alyson Hannigan à la carrière brillamment négociée), c’est non sans émotion que l’on retrouve des actrices comme Tara Reid ou Mena Suvari, promises il y a dix ans à un brillant avenir mais finalement tombées dans l’oubli, le succès au cinéma étant loin d’être une science exacte... Revoir tout ce petit monde agit comme une délicieuse madeleine de Proust et on se laisse facilement emporter par ce spectacle décomplexé, jamais avare en situations scabreuses, quiproquos improbables (ah, l’imprévisible voisine de Jim...) et séquences délicieusement naïves et romantiques dans la plus pure tradition soap.
Le film s’essouffle cependant dans sa seconde partie, la faute revenant à une fête finale qui est très loin de tenir toutes ses promesses. Si le climax des American Pie se situait lors d’une party mémorable pendant laquelle tous les enjeux se résolvaient à grand renfort de péripéties rocambolesques, ce quatrième opus succombe malheureusement à la facilité, préférant jouer avec la nostalgie du spectateur plutôt que de continuer dans un registre purement burlesque. Les nouveaux protagonistes sont donc évacués au profit des anciens (c’est bien dommage car certains avaient prouvé leur fort potentiel comique, la copine allumée d’Oz par exemple), tandis que les caméos inutiles des personnages secondaires et les clins d’oeil aux précédents épisodes se multiplient au détriment de situations réellement nouvelles ou amusantes. Plus grave, la majorité des problèmes de chacun est résolue en trois lignes de dialogues, certains personnages importants voyant ainsi leur sort scellé en quelques secondes. Dés lors, on sourit plus qu’on ne rit dans la dernière demi-heure, et il faudra attendre une séquence post-générique mettant en scène le père de Jim (formidable Eugene Levy) pour que nos zygomatiques fonctionnent à nouveau.

Heureusement, ce final paresseux ne suffit pas à occulter les bons moments du film. Si elles ne sont pas mémorables, ces retrouvailles ne manquent pas de charme. Les détracteurs de la saga passeront leur tour (et on ne leur en voudra pas) mais les autres seront comblés par cet opus éminemment sympathique, à la fois humble et drôle, qui ne prend jamais son spectateur pour une buse. Un American Pie de plus en somme ? Certes. Mais un American Pie réussi.