A propos de Lanzarote en général et de Michel Houellebecq en particulier - Vincent Tricon - critique du court métrage

Critique : Ce drôle de film fonctionne sur le principe d’un récit enchâssant et d’un récit enchâssé, comme l’on dit en narratologie. Une voix raconte son histoire sur les traces d’une autre histoire, les deux ayant pour cadre la géographie des îles Canaries, entre montagnes volcaniques et océan Atlantique.
Et puis, pour prolonger l’angle littéraire qui semble convenir à son sujet (Michel Houellebecq), il y a une aire du soupçon qui prend la forme d’un DVD, supposément transmis par l’écrivain en vacances à une femme rencontrée, puis brusquement quittée, sans un adieu.
Entre vérité et fiction, entre reconstruction des faits et fantasmes fictionnels, entrecoupés de cartes Google, nous sommes en territoire houellebecquien et celui qui semble en avoir la voix, le phrasé, suspendant volontiers ses énoncés ou modulant quelques réflexions d’une banalité poétique, paraît un personnage aussi désœuvré que ses héros de roman. Au vide existentiel semble répondre l’aridité d’un paysage lunaire. Mais il s’agit aussi d’un lieu où tout finit par faire sens, où l’importance du détail vaut bien qu’on s’arrête pour regarder les voitures passer, depuis la hauteur d’un toit.
Curieux film : l’ombre d’un écrivain potentiel, son regard détaché sur le monde n’auront jamais la consistance d’une preuve. Normal : le protagoniste est un fantôme et ce court métrage lui est dédié.