4 jours en Enfer : Kerbala, Irak - la critique du film + le test Blu-ray

Notre avis : Formellement ce film polonais rejoint nombre d’œuvres contemporaines, et surtout américaines : absence de profondeur de champ, utilisation limitée des couleurs, caméra portée, goût du gros plan, montage haché à la limite de la lisibilité pendant l’action, ralentis dans les moments pathétiques ; n’était la langue, on se croirait dans un pur produit hollywoodien. On retrouve aussi, pour le meilleur, une description sèche de la violence, sans fards ni complaisance. Même la situation, le siège de l’hôtel de ville, relève de l’efficace plutôt que du neuf.

Il y a pourtant des raisons de voir ce film, et en particulier le regard porté sur les Irakiens, loin du cliché : l’histoire parallèle à celle du siège, celle d’un médecin en fuite sauvé par un autochtone et réfugié chez lui, nuance et enrichit les portraits sommaires du début. En particulier, la complexité de Farid, Irakien qui travaille avec les Polonais mais dont la fille est morte d’avoir bu de l’eau empoisonnée par les Anglais, ajoute de l’humanité à un combat assez froid. Mais ce personnage apporte aussi un supplément de suspense, son comportement déjouant les attentes.

Pour le reste, si l’on peut apprécier le suspense croissant dans la menace pesant sur les soldats, si certains détails (les visages apeurés, la chaleur, l’angoisse face au danger permanent) sont bien saisis, les stéréotypes ne manquent pas non plus : des blagues grasses au héros qui sauve un enfant des flammes en passant par le soldat sous tension qui craque, le sentiment de déjà-vu surgit périodiquement. D’autant que le scénario déséquilibré n’explore pas toutes les pistes avec le même brio ; ainsi de la rivalité des deux frères ou du rachat caricatural du médecin accusé de lâcheté, qui entravent la narration plutôt qu’elles ne la densifient.

Certes, l’absurdité et la cruauté de la guerre apparaissent au grand jour dans cette ville en ruines dont les décors fournissent un cadre idéal et, encore une fois, l’action même, celle du siège, est suffisamment prenante, avec ses péripéties, ses cas de conscience et par moments l’utilisation très efficace du montage alterné, pour que l’on passe sur quelques banalités. Pourtant, malgré le plaisir qu’on a à suivre ces aventures, palpitantes par moments, il manque à ce métrage sobre une densité, une ampleur, une réflexion aussi, qui marquent les grands films de guerre. Tel quel, il n’échappe pas à des naïvetés déplaisantes (la fin…) et échoue à dépasser un cinéma soigné mais standardisé.

Le test vidéo

Les suppléments :
0
Rien.

L’image :

On ne peut rien ignorer des rides ou du grain de peau des personnages, les pierres du désert sont dénombrables, bref, le piqué remarquable du Blu-ray satisfait aux plus hautes exigences. Quelques plans néanmoins contiennent des grouillements intempestifs.

Le son :

Trois versions possibles, deux en VO (5.1 et 2.0) et une en VF (2.0), présentent un son limpide qui ne laisse rien dans l’ombre, ni les dialogues ni les détonations. On pinaillera sur l’ampleur des scènes d’action, légèrement insuffisante.