Le 18 février 2024
Derrière ce récit estival et familial au milieu d’un paysage espagnol parsemé de ruches, s’invite le portrait subtil d’une famille tourmentée par la difficulté d’être soi. Un régal de délicatesse.
- Réalisateur : Estibaliz Urresola Solaguren
- Acteurs : Patricia López Arnaiz, Sofía Otero, Ane Gabarain
- Genre : Drame, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Espagnol
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 2h08mn
- Titre original : 20.000 especies de abejas
- Date de sortie : 14 février 2024
- Festival : Festival de Berlin 2023
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Cocó, huit ans, a bien du mal à savoir qui elle est. Au cours d’un été passé parmi les ruches du Pays basque, elle éveille sa singularité au sein des femmes de sa famille, elles-mêmes en proie au doute. Dans un monde où il existe vingt mille espèces d’abeilles différentes, il existe forcément une identité qui corresponde à Cocó…
Critique : Les films qui mettent en scène des histoires de vacances en famille peuplent le cinéma. En l’occurrence, 20 000 espèces d’abeilles relate quelques jours d’été d’une mère de famille et ses trois enfants dans la demeure de sa propre mère en Espagne. Toute le famille se prépare à un baptême, en dépit du fait que la statut de Saint-Jean a disparu et qu’il faut se mettre à sa recherche dans les fonds de la rivière. Les tantes, la grand-mère, les cousins se préparent à l’heureux évènement, pendant que la mère s’enferme dans l’atelier laissé par son père dans le but de créer une sculpture qui lui permettra de devenir enseignante en arts plastiques à Bayonne.
- Copyright Gariza Films, Inica Films
Raconté de cette manière, le film pourrait sembler d’une terrible banalité. En réalité, la fiction s’attache autour du portrait de la petite fille, surnommée Cocó, qui, à la croisée des abeilles, s’interroge sur son identité sexuelle. C’est là que commence le merveilleux. Bien sûr, les longs-métrages sur la question du genre deviennent nombreux dans les programmations des distributeurs, sauf qu’ici le traitement privilégie la douceur, la subtilité et la sensibilité du regard de cette jeune fille. Estibaliz Urresola Solaguren met beaucoup de pudeur et d’amour dans ce portrait de famille, refusant les excès du mélodrame. La réalisatrice donne à ce récit feutré et intime toute sa sensibilité féminine au service de personnages qui se révèlent peu à peu au contact les uns des autres. Chacune des personnes est engagée dans une construction identitaire où l’enjeu majeur est de donner un sens à son existence et s’assumer dans ses désirs profonds.
- Copyright Gariza Films, Inica Films
La mise en scène choisie est très épurée, voire académique. La réalisatrice ne multiplie par les effets de style avec sa caméra, privilégiant la sincérité des dialogues. Certes, des longueurs s’invitent dans le film, mais elles semblent au service d’une fiction où les détails offrent aux personnages les supports à leur puissance narrative. Il serait inconvenant d’ignorer dans ce papier le rôle des abeilles qui constituent une activité familiale majeure, se transmettant de mères en filles. Le rôle de la reine, des ouvrières et des mâles est décrit avec grande efficacité, tout en permettant un lien absolument pas artificiel entre leur activité et ce qui se joue au cœur de la famille. La grande tante qui s’occupe des ruches apparaît peu à peu comme le moteur essentiel de la révélation identitaire des uns et des autres. Là où l’on pourrait penser qu’elle serait un frein à la modernité, elle devient la passeuse de transformation de soi.
- Copyright Gariza Films, Inica Films
Récompensé par de multiples nominations aux Premios Goya, 20 000 espèces d’abeilles constitue une véritable surprise sur les écrans. On aurait pu espérer une distribution plus large pour cette œuvre sincère au plus près des tourments et des joies de toutes les familles du monde.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.