Le 4 novembre 2024
Un documentaire passionnant. Revoir ce film aujourd’hui fait terriblement mal tant nous savons combien le racisme systémique perdure plus que jamais aux États-Unis.
- Réalisateur : Leon Gast
- Genre : Documentaire, Historique, Musical, Politique, Film de sport
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Splendor Films
- Durée : 1h29mn
- Reprise: 30 octobre 2024
- Date de sortie : 23 avril 1997
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Résumé : Il y a cinquante ans, le 30 octobre 1974, la République démocratique du Congo (RDC), alors Zaïre, accueillait deux géants américains de la boxe anglaise pour un combat mythique : Mohamed Ali vs George Foreman pour le titre de champion du monde. Ce combat "Rumble in the jungle" est associé à trois jours de concert avec des artistes africains et afro-américains, dont Miriam Makeba, B.B. King et James Brown. Prévu le 25 septembre 1974, le combat est reporté en octobre suite à une blessure à l’œil de Georges Foreman. L’attente constitue la matière première du documentariste Leon Gast. En 1994, soit vingt ans ans plus tard, Taylor Hackford découvre ce document et décide d’y associer des images d’archives, notamment sur le contexte politique) et des entretiens, avec, entre autres, l’écrivain Norman Mailer et le cinéaste Spike Lee (son dernier film MALCOLM X venait de sortir au cinéma). En 1997, lors de la cérémonie des Oscars, Mohamed Ali, diminué par la maladie et soutenu par George Foreman, monte sur scène. WHEN WE WERE KINGS est désigné meilleur film documentaire de l’année.
Critique : Même celles et ceux qui n’ont aucune idée qui fut Mohamed Ali ne peuvent s’empêcher d’être happés par son extraordinaire présence charismatique. Dès les premiers plans du film, nous sommes captifs, follement charmés. Bien plus qu’un sportif de haut niveau, bien plus qu’un boxeur sacré, c’est une personnalité hors du commun, où sa prose, entre faconde et bravache, n’en est pas moins nouée intrinsèquement à l’obligation quasi existentielle de se faire voir, entendre et surtout comprendre. Le combat pour son existence se niche totalement dans sa langue, une langue chantée, scandée, parfois psalmodiée, où le rythme relève du chant comme de l’incantation. Mais de quelle incantation s’agit-il exactement ? Le plus troublant aussi, c’est de constater la fragilité de cet homme, malgré sa séduction qui emporte tout le monde. Il est agité, bondissant autant par le corps que par la parole, et nous le suivons dans cette première rencontre sur la terre africaine. Ce qui importe n’est pas tant le match, toujours évoqué mais comme un horizon lointain, tel un désir suspendu, que les préparatifs et coulisses de cet évènement plusieurs fois annoncé. L’écrivain et scénariste Norman Mailer, tel un conteur lucide et néanmoins toujours admiratif, nous raconte le parcours de Mohamed Ali, depuis New York jusqu’à Kinshasa, tout comme sa détermination à lutter contre la toxicomanie des jeunes Noirs américains, jusqu’à son engagement aux côtés des Blacks Muslims. Le suspense monte, accrochés que nous sommes à ce qui nous est déroulé, telle une aventure sportive, politique et spirituelle.
- © 2024 Splendor Films. Tous droits réservés.
Roman Polanski, David Wolper et Berry Gordy (président de Motown Records) avaient été pressentis pour filmer le match, avant que Leon Gast, déjà auteur de documentaires musicaux tel que Nuestra cosa (1972), décide d’en faire « une sorte de WOODSTOCK afro-américain dans lequel viendraient s’insérer des interviews des deux champions et des séquences sur leur entraînement et leur rencontre ».
Il mettra une quinzaine d’années à faire développer les 100 000 mètres de pellicules qu’il avait tournées. En 1989, Island Records rachète son travail pour un million de dollars. Sa rencontre avec le réalisateur et producteur Taylor Hackford, crédité comme coréalisateur, lui offre l’occasion d’enrichir son film par une mise en perspective historique et politique de ce qui se jouait sous sa caméra. À cette époque, les États-Unis s’apprêtent à perdre la guerre du Vietnam, le scandale du Watergate oblige le président Richard Nixon à la démission, les révolutions culturelles et sociales changent profondément le pays, au nom de la liberté et de l’égalité.
- © 2024 Splendor Films. Tous droits réservés.
Revoir ce film aujourd’hui fait terriblement mal tant nous savons combien le racisme systémique perdure plus que jamais aux États-Unis, aggravé depuis la politique racialiste de D. Trump, soutenue par le Ku Klux Klan.
Le titre, si ambigu, sonne aujourd’hui comme une utopie perdue, celle où les Afro-Américains se pensaient au cœur du monde, si forts, invincibles, et enfin sous toutes les lumières, autant celle de la liberté, de la justice et de l’égalité.
Qu’en est-il aujourd’hui de cet héritage ? Il se niche très vraisemblablement dans l’exigence éthique que ne cesse de revendiquer toute la jeunesse américaine depuis plusieurs mois, voire années. Celle d’un monde où les puissances mortifères du capitalisme raciste ne doivent plus exister. Une autre utopie ?
Le film est dédié à la mémoire de Sonny Liston, Joe Louis, Rocky Marciano, Alex Haley, Odessa Clay, Howard Cosell, Sugar Ray Robinson, Elijah Muhammad et Malcolm X.
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