Le 26 décembre 2020
Du Corniaud à L’As des as, Gérard Oury enchaîna les succès avec ses trois acteurs fétiches : de Funès, Bourvil, Belmondo. Secrets de tournage, anecdotes et extraits célébrissimes rendent hommage au roi du divertissement comique made in France.


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Critique : De Bourvil et de Funès, il est beaucoup question, comme si la carrière de Gérard Oury était intrinsèquement liée à ces deux-là. Ce documentaire globalement plaisant à suivre, plus analytique que bien des émissions delahoussiennes, accorde une large importance à un duo comique finalement éphémère : concernant Le corniaud, l’émission rappelle à juste titre que le binôme fut surtout à distance, pour des raisons scénaristiques. Dans un seul film, les deux comédiens partagent un grand nombre de séquences : La grande vadrouille, dont l’évocation permet un certain nombre d’anecdotes parfois surprenantes (on pense à l’influence picturale de Dufy sur la scène du concert, à l’Opéra de Paris). Pour le reste, l’organisation en chapitres offre un panorama complet qui débute par Les aventures de Rabbi Jacob et s’achève par L’as des as, dernier grand succès du réalisateur, avant une suite de carrière beaucoup plus délicate.
Le meilleur de Gérard Oury, situé entre 1964 et 1982, se confond avec son zénith commercial. Michel Boujenah, qui tourna le très dispensable Lévy et Goliath, et Pierre Arditi, qui fut dirigé par le metteur en scène sur le médiocre Vanille fraise, sont réduits au rôles d’intervenants. Leurs commentaires sont anecdotiques.
Une portion congrue est également accordée à l’acteur Pierre Richard, qui tourna La carapate et Le coup du parapluie, deux films à succès, mais dont aucun n’a atteint le statut de classique, multi-rediffusé à la télévision. Yves Montand est également mentionné, qui remplaça fort bien le regretté Bourvil dans La folie des grandeurs. Mais le comédien et chanteur n’était pas naturellement un acteur comique.
Les meilleurs intervenants de ce documentaire sont Danièle Thompson, la fille de Gérard Oury qui, très tôt co-scénarisa les films de son père (dès La grande vadrouille), ainsi que l’assistant du réalisateur Bernard Stora sur Les aventures de Rabbi Jacob, parce que tous deux éclairent la fabrication des longs-métrages populaires, au-delà des sempiternels best of (la danse hassidique de Victor Pivert, l’accident de 2CV qui accable le pauvre Antoine Maréchal). Tous deux apportent des éclairages qui se hissent un cran au-dessus des témoignages hagiographiques.
Moins plat que d’autres numéros d’Un jour un destin, cet hommage à Gérard Oury a au moins le mérite de tenter la réhabilitation artistique d’un réalisateur globalement décrié par la critique, de son vivant.