Le 12 janvier 2021
Cyril Gelbat livre un avertissement salutaire à la génération d’insatisfaits chroniques que nous sommes devenus et nous rappelle une vieille recette : "Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède".
- Réalisateur : Cyril Gelblat
- Acteurs : Aure Atika, Manu Payet, Audrey Lamy, Pascal Demolon, Bruno Clairefond
- Genre : Comédie romantique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Mars Distribution
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Durée : 1h37mn
- Date télé : 31 juillet 2023 21:00
- Chaîne : Téva
- Box-office : 332.329 entrées (France), 83.909 (Paris)
- Date de sortie : 13 avril 2016
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Antoine, bientôt quarantenaire, dilettante, égoïste et insatisfait ne s’est jamais réellement senti investi d’une mission pour s’occuper de ses filles, âgées de 5 et 9 ans.Infantilisé par sa femme Alice, Antoine n’arrive pas à trouver sa place dans son foyer et décide subitement de la quitter pour une histoire sans lendemain.Lorsqu’Alice lui confie leurs filles quelques jours par surprise, Antoine va se retrouver sur un continent inconnu. Et alors qu’il était incapable d’assumer son rôle de père à l’intérieur du noyau familial, il va finir par devenir une véritable « mère juive ».Après avoir quitté sa femme par nostalgie de sa liberté d’antan, le nouvel Antoine va se retrouver confronté à une nouvelle nostalgie, celle de sa vie de famille…
Critique : Pour son deuxième film après les Murs porteurs (en 2008), Cyril Gelblat adapte le roman de Xavier de Moulins (le "Monsieur infos" de M6) Un coup à prendre, dont l’extrait qui suit résume parfaitement la situation d’Antoine : "J’ai attendu pour être Père de ne plus vivre avec ma femme et ça m’a pris du temps parce que comme beaucoup d’homme, j’ai du mal à faire deux choses en même temps."
Effectivement, Antoine, interprété par un Manu Payet à qui le rôle d’adulescent va comme un gant, n’est plus heureux avec sa femme et ne s’est jamais réellement occupé de ses deux filles, trop obnubilé par ses rêves de gloire musicale. Alice, jouée par une Audrey Lamy autant à l’aise dans le registre dramatique que la comédie, l’engueule quand il se trompe de brosse à dents, lui demande de rapporter des médicaments quand ses filles tombent malades, et le confronte ainsi à un tas de petites choses qui font que la vie quotidienne n’est pas toujours un conte de fées. Lassé de tous ces tracas et persuadé que son ménage est un frein à son épanouissement personnel et professionnel, il décide de tout envoyer balader et de changer de vie comme on change de smartphone ou d’amis sur Facebook. Mais voilà, alors que notre société de consommation nous pousse effectivement vers cette quête du "toujours plus", généralement par le remplacement immédiat plutôt qu’une tentative de réparation, la version 2.0 de sa vie sera-t-elle le rendre plus heureux ? Pas sûr.
Faisant écho à un récente étude plaçant la France au trente-deuxième rang seulement des pays les plus heureux du monde (deux places seulement devant l’Arabie Saoudite !), Cyril Gelblat aborde la thématique de l’insatisfaction permanente qui caractérise notre société. A travers Antoine, il dépeint une génération adepte du zapping, du "J’aime/J’aime pas" et qui finit par faire de ce concept marketing un modèle de vie. Il se rendra rapidement compte de son erreur et cet apprentissage de la vraie vie, auquel beaucoup d’entre nous pourrons nous ’identifier, le mènera sur le chemin de la rédemption.
Pour cela le cinéaste choisit de jouer les équilibristes, entre comédie romantique et drame social, et réussit à trouver le ton juste, sans tomber dans la facilité des genres mais au contraire grâce à cette volonté permanente de prendre le spectateur à contre-pied (voir, par exemple, le traitement accordé au nouveau compagnon d’Alice). Ainsi la rédemption d’Antoine sera parsemée de scènes d’une drôlerie tendre, qui alternent avec des passages chargés d’émotion au fur et à mesure qu’il se rend compte de l’étendue de son erreur. Mais toutes les erreurs sont-elles réparables ?
Suivant le proverbe "il vaut mieux prévenir que guérir", le réalisateur lance ainsi un avertissement bienvenu à la génération d’aujourd’hui, celui de ne pas succomber à tous les mirages de la vie moderne, aux risques que certaines illusions se transforment rapidement en désillusions et de se rendre compte trop tard de ce que nous possédions alors... La réponse est dans le titre.
Le DVD - sortie le 17 août (TF1 Vidéo)
Edition qui offre des conditions plus que convaincantes pour passer un moment sympathique auprès d’un Manu Payet égal à lui-même, gentiment roublard, décontracté et charismatique. Pas d’édition blu-ray prévue.
Les suppléments :
Long making-of/interview de Payet et Audrey Lamy. Sans enfant, Payet revient sur la difficulté de jouer le rôle d’un père. Quant à Lamy, la petite histoire veut que depuis la sortie du film, elle est enfin devenue maman pour la première fois. Et oui, les deux acteurs principaux ne connaissaient pas la joie d’être parents sur le tournage d’un film pourtant entièrement construit sur la famille. Le contenu est anecdotique mais
trois scènes supplémentaires, très pertinentes, sont proposées.
L’image :
Image SD de bonne qualité, avec des noirs profonds et une définition garantie par des contrastes suffisants. On adhère.
Le son :
Proposé en 5.1 Dolby Digital ou 2.0, le film ne manque pas de puissance dans sa bande-son. On reste moins élogieux quant à la piste vocale qui est beaucoup trop faible par rapport à la bande originale. L’ensemble est donc seulement convenable.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.