Tiens-toi droite - la critique du film

Un film dans l’air du temps qui ne convainc toutefois pas.

L’argument : Louise, Sam, Lili. Trois femmes qui ne se connaissent pas mais dont la volonté farouche d’évolution va les faire se rencontrer, se rejoindre, se juxtaposer.
C’est l’histoire de Louise qui quitte le pressing de famille pour travailler dans une grande entreprise de fabrication de poupée où l’a pistonnée son amant.
De Lili, Miss Nouvelle-Calédonie, qui fait la rencontre d’un riche industriel.
De Sam, mère de famille nombreuse, qui décide de prendre son indépendance.
Il y a la pression de leurs mères, de leurs sœurs, de leurs amies.
Il y a leurs hommes qui disparaissent. Il y a leurs filles qui les regardent, les imitent.
Et il y a la conception de ce nouveau modèle de poupée, enfin à l’image de la femme.
Mais est-ce le modèle qui doit s’adapter à la femme ou l’inverse ?

Notre avis : Katia Lewkowicz réalise ici un film dans l’air du temps. Ce second long-métrage qui vient rendre hommage à la figure féminine souffre toutefois d’un grand nombre de maladresses et d’impasses scénaristiques.
Tiens-toi droite, c’est l’histoire de trois femmes en prise avec leur destin. Lili, Sam et Louise sont toutes trois spectatrices d’une vie qui leur échappe jusqu’au jour où elles décident de reprendre les devants. Dès lors, les destins croisés de ces personnages vont prendre une tournure inattendue.
Sur le papier, ça fonctionne. Trois personnages incarnés par Laura Smet (Lili), Marina Foïs (Louise) et Noémie Lvovsky (Sam), des femmes battantes accablées par le poids des difficultés sentimentales, professionnelles et familiales qui, portées par leurs ressources intérieures, se démènent pour transformer les coups assénés par la vie en forces. Une narration originale, portant tour à tour sur les épreuves qui rythment la vie de nos personnages principaux, tout comme le découpage chronologique calqué sur les 7 jours de la création. Un bon potentiel comique au vu du casting et un scénario initial des plus prometteur.
Sam, mère de trois préadolescentes en pleine crise de puberté, semble mener une vie de famille épanouie. A grandes familles, grandes joies seulement voilà, Sam s’apprête à devenir mère une nouvelle fois, un travail épuisant qu’elle ne se sent plus capable d’assumer. Elle veut à tout prix reconquérir son indépendance. Louise a repris la gestion d’une teinturerie héritée en qualité de fille illégitime de l’ancien propriétaire. Elle porte à bout de bras le sort du petit groupe de femmes qui fait tourner la teinturerie depuis des années. Son ascension sociale dépend inéluctablement de son amant, cadre d’une entreprise de fabrication de poupées. Lili, détruite par le manque d’amour de ses parents cherche en éternelle enfant la reconnaissance de son père, mineur du Pas-de-Calais. La miss Pays Francophones enchaîne les scandales médiatiques provoqués par une absence totale d’inhibition, au grand dame de son assistante. Point commun à ces trois femmes : elles vivent dans l’ombre....des hommes. Au fil du récit et à mesure que les personnages reprennent les devants de leurs vies, les figures masculines s’amenuisent pour laisser la place à des femmes combatives, de plus en plus sures d’elles.
Le pitch est intéressant, on saluera également les décors et costumes qui placent le récit dans une intemporalité toute à propos. L’histoire est bonne, on l’admet volontiers. Cependant, la pâleur des dialogues vient couper court à tout espoir de sortie heureuse de la salle obscure. Hormis une scène délirante interprété à merveille par une flopée de préados en proie à une montée hormonale sous les yeux effarés du jeune garçon pris pour cible, la plupart des dialogues tombent à plat et les ressorts comiques avec.
Dès le début, on est miné par la faiblesse de l’introduction des personnages présentés sur un modèle narratif trop entendu, qui sera d’ailleurs écarté après une demi heure de film. De fait, on se perd dans une narration bien trop fouillis. L’ennui et le désarroi commencent à prendre le dessus alors que le personnage totalement discordant de la domestique chinoise entre en scène.
Comme dans son personnage, Laura Smet sauve les meubles grâce à une interprétation pêchue de son personnage contrairement à Marina Foïs. A sa décharge, les dialogues de Louise tombent progressivement dans une abstraction des plus invraisemblables. Quand au personnage de Sam, s’il commence fort, il est totalement laissé de côté en seconde partie et éclipsé par sa fille Lola, interprétée par Lyna Ramdane, une jeune actrice à suivre. La dernière partie du film est très largement soutenue par le personnage Lola qui, peine malgré tout, à adoucir le goût d’inachevé laissé par le film.
Fable féministe moderne, Tiens-toi droite bénéficie d’un scénario et d’une mise en scène des plus efficaces, mais ne parvient pas à tenir toutes ses promesses.

Fadila Gormit