RIP
Le 4 avril 2017
Moins de mort-vivants. Plus de vivant-morts.


- Acteurs : Norman Reedus, Andrew Lincoln, Jeffrey Dean Morgan, Lauren Cohan
- Genre : Drame, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 23 octobre 2016

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Résumé : Après une apocalypse ayant transformé la quasi-totalité de la population en zombies, un groupe d’hommes et de femmes mené par l’officier Rick Grimes tente de survivre... Ensemble, ils vont devoir tant bien que mal faire face à ce nouveau monde devenu méconnaissable, à travers leur périple dans le Sud profond des États-Unis.
Notre avis : A force de poursuivre dans la direction entreprise par les showrunners, The Walking Dead va bientôt compter plus de téléspectateurs en état de décès (ou en état comateux, restons réalistes) que de zombies dans le show. C’est bien simple, dorénavant, pour apprécier une saison de cette série qui en prévoit sûrement 27 autres (au moins ça laissera le temps à tout le monde pour apprendre à écrire de bons dialogues), il faut juste regarder le premier épisode. Ensuite, tenez vous simplement au courant des suivants par Twitter (l’intérêt étant que ça permet également de rigoler un peu) et / ou par des amis qui se sont sacrifiés en les découvrant à votre place, pour enfin regarder le final. Entre le premier et le dernier épisode ? Le néant, ou presque. Ne soyons pas de mauvaise foi non plus, les 30 dernières secondes de chaque épisode valent généralement le coup d’œil, rien que pour admirer le niveau de putasserie venant d’une série qui n’hésite pas à fidéliser ses spectateurs en leur proposant un cliffhanger important à chaque conclusion, pour repartir sur un truc chiant, mais qui se finira sur un cliffhanger, pour préparer un truc tout aussi chiant. Parmi les quelques-uns gratinés, on retiendra celui de l’épisode 5, qui débouche sur un 6ème complètement hors sujet ou encore celui du 14ème, à l’héroïsme déjà bas de gamme (parce que incroyablement bête) en plus désamorcé par la suite, soulignant un peu plus encore la stupidité de l’acte de Sasha.
- Copyright : AMC
Pourtant les attentes étaient élevées pour cette reprise, notamment avec les nombreux commentaires des têtes pensantes (qu’est ce qu’on se marre) du show promettant un renouveau dans les intrigues, afin d’éviter de se faire manger à toutes les sauces par des téléspectateurs plus affamés et haineux qu’un infecté de 28 Jours plus Tard (fallait pas finir la saison 6 sur une telle scène...). Grâce à sa reprise riche en tension et plutôt risquée, The Walking Dead pose les bases d’une nouvelle ère rafraîchissante autant que prenante, où l’on se prend à espérer que les annonces faites sur le contenu de cette saison ne se limite pas qu’à un objectif marketing. Et si, dans les faits, la situation est nouvelle pour Rick et sa bande, son traitement, lui, reste finalement assez symptomatique des travers d’une série aussi captivante que le discours n°144 de Negan avant de tuer personnage dont on a rien à foutre n°42.
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Le constat est simple, pas un seul épisode ne vaut le coup d’œil pour ce qu’il propose et ne donne sûrement pas envie de revoir cette 7ème saison soporifique et abracadabrantesque par la bêtise de sa scénarisation. Mortelle si on la regarde seul, drôle si on la regarde et surtout si on la commente entre amis, cette fournée d’épisodes se joue de nos nerfs et de notre bon sens, mis à rude épreuve face à une tonalité qui fonce droit dans le mur. Non pas que l’idée d’une ambiance toujours plus sombre et torturée nous déplaise, juste que The Walking Dead est dans l’incapacité d’en construire une cohérente entre les épisodes et qui ne provoque pas de rire gêné lorsqu’un personnage ouvre sa bouche (on se marrait moins devant le claquement de dents des zombies de laboratoire de la pub Pepsi). Le plus embarrassant au final et ce qui nous ferait presque prendre en pitié les scénaristes, c’est de contempler à quel point ils semblent convaincus de la qualité de leurs dialogues, comme Joe le clodo peut l’être lorsqu’il parle de la crise migratoire au PMU du coin, au point de persévérer dans la même direction. De grands dialogues pompeux et incroyablement longs viennent donc creuser la psychologie de personnages moins bien écrits que la biche en CGI de l’épisode 12 (Say Yes), tant leurs traits de caractères sortent de nul part (Rick et son côté hippie déluré dans Say Yes), et leurs décisions défient parfois le plus décérébré des zombies en matière de conneries (Sasha et Rosita, l’alliance rebelle).
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Dans tout ça, il n’est guère étonnant de voir, encore une fois, Daryl tirer son épingle du jeu et réveiller l’intérêt du spectateur (et le spectateur tout court). Son rôle n’a rien de majeur dans cette saison, mais, s’exprimant plus par des grognements que par des phrases intelligibles, il demeure celui qui agace le moins et intéresse le plus, en évitant de prendre le risque de trop partir dans l’introspection et l’expression de ses sentiments les plus profonds. De même, coïncidence ou non, son alter ego du côté des Sauveurs, Dwight, se détache de la masse de personnages de cette 7ème saison, grâce à son acteur impeccable (Austin Amelio), et non sans mal au vu de l’effort délivré pour le décrédibiliser à renforts de dialogues dont la série détient le secret. On en arrive même à préférer ses séquences à celles de Negan, dont l’on redoute les apparitions, synonymes de discours interminables, aussi épuisants que ceux d’Eugene, si ce n’est que, étant munie de sa batte Lucille (plus effrayante que lui), personne n’ose lui demander de se la fermer.
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Toujours scindé par un mid-season en deux parties égales, The Walking Dead pouvait jouer du contraste entre la première et la seconde moitié, la soumission d’un côté, et la rébellion de l’autre, mais le rythme n’est géré correctement ni avec l’un, ni avec l’autre. On accorde à la série la difficulté de mettre en place et d’explorer la passivité de Rick et de son groupe, en plus dispersé ça et là, seulement, en focalisant ses épisodes sur des personnages parfois transparents et secondaires (le spécial « Tara »), le show se tire une balle dans le pied et laisse un zombie le bouffer tranquillement. Si cette étape nécessaire avant la révolte incroyablement mal découpée et écrite (notamment pour Carol, même le tigre d’Ezekiel n’a pas cru à son interprétation de femme fragile pleine de reconnaissance) aboutissait dans un second temps à l’élaboration d’un plan captivant, on aurait pu encore passer outre, sauf que non.
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D’une seconde partie sur le papier extrêmement alléchante ne se conserve que son spectre fantomatique, celui de voir Rick unir son clan, puis s’unir avec d’autres dans l’optique de vaincre Negan et son armée. De ce postulat au potentiel sacrément classe ne subsiste donc qu’une excursion chez la tribu des sans-charismes où Rick manque d’y laisser sa main (tout n’est pas perdu, le tétanos existe), une excursion chez un ersatz des Amazones mieux armé mais moins qualifié et quelques allers et venus chez les Sauveurs, Alexandria et le Royaume, sans que jamais le pouls du future affrontement ne soit pris. Constamment au niveau 0 de la tension dramatique, The Walking Dead désamorce ses enjeux par son parti-pris intimiste de privilégier ses personnages et leurs tourments, leurs questionnements, plutôt qu’à l’action, avec comme appui une psychologie de comptoir. Les aboutissants de la psychologie de chacun sont pourtant perceptibles, même devant un acte aussi grotesque que de préférer tuer une biche à 10$ le CGI plutôt qu’une armada de zombies à ses trousses, mais tellement mal amenés, mal liés, qu’ils ne s’imbriquent pas naturellement dans l’esprit du spectateur.
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Difficile dès lors de s’attacher à des trajectoires que l’on ne comprend pas, qui ne nous paraissent pas justifiées, alors que les showrunners détenaient les clés pour apporter une dimension tragique à certains personnages, Sasha, Rosita et Maggie notamment. En s’exprimant trop longuement et inutilement sur les émotions de chacun, The Walking Dead les dénature incontestablement, au point de provoquer une totale indifférence face à la mise en danger de certains. Pire, lorsqu’il s’agit de traiter la fin de quelques-uns des acteurs majeurs de la série, elle s’engouffre dans une mise en scène maniérée, inutilement alambiquée tant ce qu’elle tente de construire émotionnellement se montre aussi consistant que la cage thoracique d’un zombie à la diète depuis 2 ans. Le grotesque est atteint lors du monologue final de la 7ème saison, bien représentatif du fossé séparant ce que la série a voulu bâtir, et ce qu’elle a en réalité bâti. The Walking Dead ne passionne plus, se regarde par automatisme, plus par envie, et si la conclusion de l’épisode 16 promet pour la suite, on se souvient de ce qu’il en avait été pour celle de la saison 6. Et de ce qu’il en a découlé dans la saison 7.
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