Divergents
Le 15 août 2014
Plus proche d’un Infectés que d’un 28 semaines plus tard, The returned constitue un film de zombies qui joue habilement sur la corde sensible, tout en critiquant notre société contemporaine.
- Réalisateur : Manuel Carballo
- Acteurs : Emily Hampshire, Kris Holden-Ried, Shawn Doyle
- Genre : Drame, Épouvante-horreur
- Nationalité : Espagnol, Canadien
- Durée : 1h38mn
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Plus proche d’un Infectés que d’un 28 semaines plus tard, The returned constitue un film de zombies qui joue habilement sur la corde sensible, tout en critiquant notre société contemporaine.
L’argument : Le monde est en proie à une épidémie virale qui transforme les gens en zombies. Le virus peut être maîtrisé grâce à un traitement, mais les stocks mondiaux de médicaments sont en voie d’épuisement et ceux qui ont déjà été contaminés (les Revenants) doivent recevoir des injections régulières pour rester “humains”. D’influents groupes anti-Revenants se forment et le gouvernement impose l’isolement des Revenants par mesure de précaution. Kate, qui soigne ces malades, s’interroge : jusqu’où est-elle prête à aller pour sauver son propre mari ?
Notre avis : Présenté au festival de Sitges en 2013, The returned est un énième long métrage sur des zombies, genre un peu moribond, si l’on excepte le succès de Walking Dead à l’écran.
Même si The returned a bien du mal à jouer la carte de l’originalité thématique, force est de constater que l’approche prise par ce long métrage tend à le différencier du tout-venant.
Le réalisateur Manuel Carballo s’est avant tout concentré sur l’aspect dramatique lié aux zombies plutôt qu’à l’aspect purement horrifique. On est ici plus proche d’Infectés des frères Pastor que de 28 semaines plus tard qui jouait la carte du spectaculaire et et de la violence hystérique.
Lorsque The returned débute, le monde est le résultat d’années de contaminations infectant l’humain, le changeant en créature assoiffée de sang. Les autorités ne sont pas parvenues à éradiquer le virus. En revanche, elles ont réussi à trouver un antidote qui permet aux personnes touchées de rester intactes si elles sont prises en charge très rapidement. Ces personnes sont nommées les "revenants" (d’où le titre du film). Au premier abord, rien ne les différencie des autres. Sauf que passé un délai de 36 heures sans traitement, elles se transforment à leur tour en zombies.
Ce long métrage focalise son attention sur le problème de l’existence de ces "revenants". Les gens ont peur de ces êtres qui sont de véritables “monstres à retardement” puisque s’ils oublient de prendre leur dose, ils deviennent incontrôlables. The returned montre que l’opinion publique est largement défavorable à ces êtres. Il est bien connu que l’on a toujours peur de ce que l’on ne connaît pas. Il y a même des groupes anti-revenants qui se sont créés et des attaques terroristes qui s’en prennent aux revenants ainsi qu’aux stocks de vaccins. Une discrimination sociale, qui ne va pas sans sous-texte propre aux séries B de qualité (la peur de l’autre, de sa différence, la hiérarchie sociale, le poids de l’industrie pharmaceutique).
L’un des problèmes évoqués dans le film est celui de l’épuisement des stocks, qui génère un certain suspense. Ces doses de vaccin coûtent beaucoup d’argent et la continuation de la production dépend notamment du bon vouloir de fonds privés qui ne remettent pas facilement la main à la poche. On peut faire aisément un parallèle avec notre monde actuel où les sociétés pharmaceutiques commercialisent des produits qui sont réservés à des sociétés disposant de revenus suffisants. Des franges entières de population sont donc laissées-pour-compte, sacrifiées sur l’autel d’un capitalisme. Le syndrome Ebola !
The returned met en lumière une jeune femme médecin, Kate, qui soigne des revenants et vit avec Alex, lui-même atteint du virus. Il touche à l’intime avec cette relation forte qui unit ces deux personnes. Kate fait tout pour procurer des doses à son conjoint qui demeure l’amour de sa vie. Le film réserve de belles scènes d’émotion autour de cette histoire d’amour, qui peuvent paraître d’autant plus étonnantes dans une œuvre estampillée horrifique.
On est loin des productions horrifiques traditionnelles avec une surenchère au niveau du gore. Le réalisateur ne joue pas sur le côté spectaculaire. Il est bien plus intéressé par l’aspect psychologique. Et la tension ne naît pas des séquences violentes mais au contraire de la course contre la montre qui est engagée pour trouver la dose antivirale.
Dans un monde en proie à l’inquiétude et la peur de l’autre, l’homme n’hésite pas à faire fi de toutes les valeurs morales. La trahison, le marché noir d’antidotes, le vol, et même le meurtre sont d’autant plus communs. Pour pouvoir sauver sa peau ou celle de ses proches, l’homme sacrifie sa bonne conscience. La fraternité et la solidarité sont des notions qui s’évanouissent à mesure que grandit le danger. Le film met en exergue l’individualisme que l’on connaît (déjà) dans notre société actuelle où les zombies ont un autre visage (errance de sans-abris dans les paysages urbains à la tombée de la nuit).
Et puis les choses s’aggravent lorsque la décision est prise d’accentuer le communautarisme en écartant des centre-villes, les fameux revenants/divergents. On a l’impression d’un retour aux heures les plus sombres de notre histoire avec des hommes parqués et marqués, tels des pestiférés. La chasse aux "revenants" peut même être vue comme une sorte de rafle. La tension psychologique monte crescendo, jusqu’à un final fort sur le plan émotionnel.
Contrairement à ce que l’on voit dans la plupart des films de genre, ce long métrage dispose d’une distribution de qualité. L’actrice Emily Hampshire joue le rôle d’une Kate aimante et dévouée qui fait tout pour sauver son compagnon. Kris Holden-Ried dans le rôle d’Alex lui rend bien la pareille.
Au final, The returned s’avère une bonne surprise. On apprécie l’ambiance sérieuse du film et les intentions louables du réalisateur. En évitant le spectaculaire et en évoquant bien souvent la face sombre de l’être humain, The returned évite toute facilité scénaristique et se refuse à un happy-end hollywoodien.
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