Le 6 octobre 2024
The Outrun décrit avec brio les ravages de l’alcoolisme féminin malgré un montage un peu trop stylisé, qui contraste avec l’ambition réaliste de rendre compte du cheminement de destruction et reconstruction d’une femme.
- Réalisateur : Nora Fingscheidt
- Acteurs : Saoirse Ronan, Stephen Dillane, Saskia Reeves, Paapa Essiedu
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique, Espagnol, Allemand
- Distributeur : UFO Distribution
- Durée : 1h58mn
- Date de sortie : 2 octobre 2024
- Festival : Festival de Berlin 2024, Festival de Sundance 2023
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Résumé : Rona, bientôt la trentaine, brûle sa vie dans les excès et se perd dans les nuits londoniennes. Après l’échec de son couple et pour faire face à ses addictions, elle trouve refuge dans les Orcades, ces îles du nord de l’Écosse où elle a grandi. Au contact de sa famille et des habitants de l’archipel, les souvenirs d’enfance reviennent et se mêlent, jusqu’à s’y confondre, avec ceux de ses virées urbaines. C’est là, dans cette nature sauvage qui la traverse, qu’elle trouvera un nouveau souffle, fragile mais chaque jour plus puissant.
Critique : Il y a chez Rona un désir de vie aussi destructeur que résilient. Car depuis qu’elle est enfant, elles assiste à la folie d’un père, assommé par des troubles bipolaires, et à l’abandon de sa mère dans des pratiques religieuses, à la limite du sectarisme. Le spectateur la découvre à l’aube de ses trente ans avec, déjà derrière elle, un long parcours de fêtes, d’alcools et de crises de nerfs décuplées par l’ivresse. Son addiction l’isole peu à peu, mettant en péril son couple et son activité de chercheuse en biologie. The Outrun raconte donc l’histoire d’une femme qui se détruit dans l’alcool et décide, soudain, de se reconstruire en se réfugiant sur une île glaciale du nord du Royaume-Uni.
The Outrun est d’abord la démonstration de la puissance d’une actrice, Saoirse Ronan, dans les traits de cette jeune femme que l’alcool détruit petit à petit. La descente en enfer est filmée avec des aller-retours incessants entre le passé et le présent, où l’on perçoit la nécessité pour celles et ceux qui souffrent d’addictions, d’aller au bout du cauchemar pour mesurer l’intérêt de se soigner. Le point de vue cinématographique hésite en permanence entre la description quasi clinique de l’alcoolisme, de longues déambulations poétiques marines et une stylisation abusive de cette mise en abîme narrative. Ainsi, le spectateur finit par perdre de vue les intentions réelles de Nora Fingscheidt qui approche dangereusement la complaisance dans le tableau qu’elle dresse de Rona.
- Copyright UFO
Il faut dire que le propos est très long, trop long. Pendant deux heures, la réalisatrice mélange les périodes, mettant en avant les tourments qui ont précipité l’adolescente puis la jeune adulte dans l’alcoolisme, les effets de cet alcoolisme sur sa vie sociale et la lutte presque initiatique pour en sortir. D’ailleurs, le récit de la réparation sur une île jonchée de phoques attendrissants demeure le meilleur de ce long-métrage où l’on peine à trouver le fil conducteur de la narration.
Alors, pourquoi autant de complaisance ? C’est toute la question que le spectateur se pose du début à la fin de ce récit jamais linéaire où la maladie mentale est abordée dans toutes ses formes à travers différents personnages. Le spectacle de la mer magnifie toutefois l’histoire qui aurait pu se perdre dans des orgies de cris, vomissements, viols et désespoir. Il faut reconnaître que la comédienne apporte beaucoup de dignité à son personnage qui alterne entre des comportements franchement insupportables et une envie lumineuse d’exister autrement.
The Outrun demeure un joli exercice de style qui se prend les pieds dans les intentions trop esthétisantes de la mise en scène. Peut-être qu’un montage moins abrupt, un choix de scénario moins explicite et un travail plus sobre de l’image auraient permis à ce personnage féminin de gagner à nos yeux un intérêt supplémentaire.
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