Le 20 mars 2016
Une comédie sympathique qui recèle des éléments satiriques féroces.


- Réalisateur : Charles Frend
- Acteurs : Kay Walsh, Stephen Murray, William Fox
- Genre : Comédie, Noir et blanc
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Tamasa
- Durée : 1h15mn

L'a vu
Veut le voir
– Sortie DVD : le 12 avril 2016
Une comédie sympathique qui recèle des éléments satiriques féroces.
L’argument : Johnny, garçonnet espiègle, trouve dans la rue un aimant grâce auquel il va vivre de folles aventures...
Notre avis : Film aussi plaisant qu’étrange, The Magnet se présente sous les dehors d’une comédie enfantine, avec son jeune héros, Johnny, qui, se livrant à une blague puérile, voit sa douce existence perturbée par une série de quiproquos. Et au premier degré, effectivement, on peut suivre avec plaisir cette histoire amusante qui tient du Club des Cinq ; dans le genre, c’est plutôt soigné et inventif (voir les plans de grilles ou les premières apparitions de l’aimant). Les aventures du blondinet, à partir de l’échange d’un aimant contre une « montre invisible », déroulent une implacable logique qui repose sur le sentiment de culpabilité. En ce sens, le scénario de T.E.B. Clarke est un modèle d’efficacité, sans graisse ni facilités.
Mais le film dépasse largement ce cadre ; outre l’aspect documentaire, toujours fascinant, qui va d’une évocation des bombardements à la carte d’alimentation, c’est l’aspect satirique, mordant et inattendu, qui fascine. À travers le personnage du père, Frend et son scénariste s’en prennent à la psychanalyse en un jeu de massacre jouissif : les patients et leurs rêves imbéciles, bien sûr, mais surtout la totale absence de lucidité ; croyant comprendre son fils, il élabore une théorie fumeuse, se méprenant sur un mot écrit avec le pied ! C’est aux certitudes que le film s’en prend le plus férocement ; mais nous étions prévenus : quand le père explique qu’un enfant qui s’attache à un animal voit en celui-ci une image paternelle, un plan nous montre Johnny caressant … un âne.
Tout aussi sûrs d’eux, les notables ridicules affichent une générosité de façade qui se mue en concurrence hypocrite. Et que dire de cet chercheur qui enjolive l’histoire selon son public pour obtenir des fonds ? Peu ou prou et à la notable exception de la mère, qui finit d’ailleurs par envoyer paître son mari, tous les adultes sont médiocres, enfermés dans leurs habitudes. C’est un monde privé de fantaisie, terne, peuplé par des névrosés ou des incapables, que le film bâtit autour de son jeune héros qui a encore la faculté d’imaginer et de transformer la réalité.
Sans être une comédie majeure des studios Ealing, The Magnet est une joyeuse aventure, mené à un rythme plaisant, qui contient des échappées inabouties vers les possibilités dramatiques (la chute d’un adolescent), mais qui vaut surtout par son mauvais esprit. La galerie de portraits devient une charge féroce contre la bien-pensance, et même la religion est égratignée avec l’homme-sandwich qui préfère visiblement le bar à l’église. Sans insister, comme en passant, Frend dresse un état mordant de l’Angleterre de 1950 qui prend le pas sur l’anecdote gentillette pour s’amuser de ses différents travers.
Les suppléments :
C’est moins la galerie d’affiches ou les filmographies que le livret de 16 pages, signé par Charlotte Garson, qui retient l’attention : très informé, pertinent dans ses analyses, il constitue le complément idéal à la vision du film.
L’image :
Malgré quelques fluctuations, la copie est claire et bien constratée.
Le son :
La seule piste disponible a souffert des outrages du temps : la musique est éraillée, et les voix, un peu mieux préservées, gardent quelque chose de désagréable.