Sport individuel
Le 27 juillet 2020
Une histoire d’amitié, avec ses hauts et ses bas, mais surtout la révélation d’un cinéaste, qui brille autant par la finesse de son écriture que par le soin qu’il apporte à sa mise en scène, et aussi grâce à la prestation des acteurs. On tient peut-être le nouveau Woody Allen.
- Réalisateur : Michael Angelo Covino
- Acteurs : Talia Balsam, Michael Angelo Covino, Kyle Marvin, Gayle Rankin, Zina Wilde, Judith Godrèche, George Wendt, Meredith Holzman
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h34min
- Date de sortie : 29 juillet 2020
- Festival : Festival de Cannes 2019
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Résumé : Kyle et Mike sont deux meilleurs amis aux tempéraments très différents mais dont l’amitié a toujours résisté aux épreuves de la vie. Jusqu’au jour où Mike couche avec la fiancée de Kyle... Alors que l’amitié qui les lie aurait dû être irrémédiablement rompue, un événement dramatique va les réunir à nouveau.
- Copyright Topic Studios, 2019
Critique : Avec son pitch pour le moins évasif, son titre qui, comme l’affiche, évoque essentiellement le cyclisme, et son réalisateur inconnu, il est certain que ce The Climb est une œuvre dont on ne savait pas quoi attendre. Michael Angelo Covino n’avait jusqu’à présent réalisé que des publicités et opéré, dans le milieu du cinéma indépendant américain, qu’en tant que producteur. Il fait aujourd’hui le choix de passer derrière la caméra. Mais aussi devant, car l’un des deux personnages principaux du film est interprété par le réalisateur lui-même. Cette façon d’opérer ne laisse pas de rappeler les premiers films de Woody Allen, à qui on pense automatiquement en entendant, dès la première scène, la qualité des dialogues. Ces propos sont ceux que Covino échange avec Kyle Marvin, qu’il nous a préalablement présenté comme étant son « ami depuis plus de dix ans ». L’un des facteurs de qualité du rendu est d’ailleurs très certainement lié à cette complicité entre les deux acteurs, qui donne à celle de leurs personnages une sincérité visible sur l’écran.
Avant même que le premier plan n’apparaisse à l’écran, le bruit de leurs essoufflements combinés nous induit à penser que l’on va les surprendre en plein câlin intense. Au lieu de ça, c’est sur les routes montagneuses françaises qu’on les découvre. A sa façon, c’est en localisant son premier chapitre en France que Covino rend hommage au cinéma hexagonal qui l’a, semble-t-il, beaucoup inspiré. C’est aussi en offrant un petit rôle à Judith Godrèche (dont la présence a émoustillé le Festival de Cannes) et en glissant un extrait d’un film de Pierre Etaix, que Covino souligne son amour pour le cinéma d’auteur made in France. Le travail d’écriture, qui permet aux dialogues de se maintenir sur la longueur avec un humour corrosif, et malgré tout une tendresse émouvante, demeure dans l’esprit des comédies américaines contemporaines. Mais le soin tout particulier que le cinéaste accorde à la mise en scène très chorégraphiée, prouve bel et bien qu’il a trouvé ses principaux modèles dans le cinéma européen.
- Copyright Topic Studios, 2019
La construction du récit est sectionnée en chapitres, tranchés par des ellipses. Ainsi, on peut suivre l’évolution de la relation entre Kyle et Mike sur une quinzaine d’années. Les hauts et les bas de cette bromance – le terme a rarement été aussi approprié–, offrent au public une peinture d’une amitié, qu’elle soit toxique ou salutaire, dans laquelle chacun pourra se reconnaître. Cette universalité rend inévitablement l’humour plus touchant encore, et en particulier auprès des hommes qui se retrouveront personnellement dans la façon toujours délicate de combiner une amitié envahissante et une relation amoureuse. Et quand bien même cette situation ne fait pas écho à votre propre intimité, The Climb n’en reste pas moins une œuvre remarquable, du fait de sa mise en scène fluide, qui offre à chacun des huit chapitres un long plan-séquence. Dès lors, même si les travers, parfois rocambolesques, de cette amitié fragile ne vous parlent pas, il est impossible de ne pas être ébloui par la façon dont les scènes parviennent à s’étirer sur de longues minutes. C’est très certainement cette qualité formelle qui a permis à The Climb de se détacher du lot des nombreuses comédies tragi-comiques américaines, pour venir trouver sa place à Cannes. A ce titre, le film mérite d’être vu.
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