Tanta agua - la critique du film

Parenthèse familiale douce-amère, Tanta Agua dresse de nouvelles chroniques de la désillusion et caresse d’espoir les relations humaines.

L’argument : À 14 ans, qu’est ce qui peut être pire que partir en vacances avec son père ? Emmener ses enfants en voyage dans un endroit où la pluie semble ne plus vouloir s’arrêter. Depuis son divorce, Alberto passe moins de temps avec ses enfants Lucía et Federico. Par un matin d’orage, ils partent visiter une région thermale. Les sources chaudes sont malheureusement fermées jusqu’à nouvel ordre. Malgré le regard plein de reproches de ses enfants, Alberto ne veut en aucun cas changer ses projets. La météo ne s’arrange pas, et malgré les jeux de société sur la table de la cuisine, l’humeur de chacun va être mise à l’épreuve.

Notre avis : La réalité s’insinue dans les lézardes des apparences. Torrentielle, elle s’abat sans relâche sur ces parois invisibles que l’on dresse par lassitude autant que par devoir. Les milliards de gouttelettes du quotidien y creusent des sillons invisibles. Lorsque l’on s’aperçoit des crevasses béantes forées par le pragmatisme de nos existences, il est déjà bien trop tard pour prévenir l’effondrement de l’édifice.

© A3 Distribution

Qu’est-il de plus dramatique et à la fois atrocement beau qu’une pluie diluvienne un après-midi morose ? Film claustrophobique se jouant des ramifications de l’ennui, Tanta agua se dilue à l’écran comme de l’encre dans un verre d’eau. Timide de prime abord, le long-métrage éclôt en une fleur sombre aux pétales tristement familiers.
Profondément ancré dans le contexte Uruguayen, il s’affranchit néanmoins d’une infinité de repères sociaux et mute progressivement en un conte moderne. A travers une perspective neuve et alerte, Tanta agua présente une situation des plus banales avec l’humour amer du réalisme. Les cinéastes Ana Guevara Pose et Leticia Jorge Romero émeuvent avec cette histoire de famille que le sang rapproche et que la vie sépare.

© A3 Distribution

Tanta agua dépeint la folle étreinte des personnages avec leurs envies et la chute vertigineuse qu’ils éprouvent lors de leur accomplissement. Si la légèreté du portrait soulève de son humour et de sa tendresse l’ensemble du film, il n’en demeure que Tanta agua aurait pu bénéficier d’un surcroît de profondeur. Il n’en reste que l’interprétation des acteurs, le soin apporté au scénario et la douceur de la mise en scène font de ce premier long-métrage une véritable réussite, couronnée d’ailleurs de lauriers à l’occasion de multiples festivals.