Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir - la critique du film + le test DVD

Notre avis : Gros succès en Italie, ce film est une charge qui tire à boulets rouges sur un grand nombre de cibles, visant aussi bien la famille que le commerce des armes, l’hypocrisie généralisée ou les gouvernements africains corrompus. Un vrai jeu de massacre, d’autant plus fort qu’il est incarné par des gens sans scrupules, parfaitement cyniques. Mais dès le début, Sordi inscrit son personnage de vendeur d’armes dans un milieu qui le méprise sans fard : sa femme n’est intéressée que par l’argent, ses enfants sont froids, un représentant de commerce refuse qu’il le touche et son patron l’exploite. La famille italienne soudée en prend pour son grade et la visite de la villa sonne comme le symbole de ces rapports faussés sur lesquels Chiocca s’illusionne. Mais Sordi réserve ses flèches les plus acérées au monde du commerce, avec une concurrence fondée sur les pots de vin et les coups tordus. Ainsi paie-t-il pour que la démonstration d’un Espagnol échoue, ou bien il passe des accords qu’il ne tiendra pas.
Petitesses, mépris généralisé, l’univers qu’il décrit cache sous des dehors luxueux un système pourri, qui fait du tiers-monde un terrain de jeu commercial, sans tenir compte des populations : il va jusqu’à faire tirer sur de la nourriture pour épater un président. Rien ne le retient, ni scrupules ni morale. Évidemment, Sordi est l’interprète idéal de ce personnage incarnant la banalité du mal, et sa retenue sert le film puisqu’il excelle dans une sorte de candeur aveugle.

Néanmoins, le scénario peine sur la durée et donne l’impression de tourner en rond dans la première partie, trop longue ; s’il tente un crescendo avec l’arrivée du journaliste et la prise de conscience, c’est surtout à partir de la révélation publique de ses activités que le film trouve un second souffle bienvenu. Il y a jusqu’à ce rebondissement un problème de rythme évident, la férocité se diluant dans des situations répétitives. De même la mise en scène, qui abuse des mouvements de caméra et des zooms, ne dépasse-t-elle pas, malgré un montage très efficace, le niveau télévisuel. Certes, il y a de beaux moments, comme le passage de la douane, la visite de la villa, le vol avec un pilote fou ou la visite décalée au village des rebelles. Mais la verve s’épuise en chemin, jusqu’au bombardement qui par sa cruauté détaillée remet les choses en ordre. Un retour de morale, en quelque sorte, qui se poursuit avec son rejet à son retour. Là le film finit de régler ses comptes avec la famille et la société et récupère une méchanceté salutaire, fustigeant leur hypocrisie. Seul l’oncle a le mérite de la franchise, les autres l’avilissant à plaisir. Cette séquence très dure et très réussie humanise le personnage dans sa prise de conscience et le rend attachant, tout en mettant à nu, par une pirouette finale, la réalité de l’aveuglement. En un sens, cette fin désabusée rachète les quelques longueurs d’un film inégal, mais à la force indéniable.

Les suppléments :
Outre la rituelle bande-annonce de la collection, le tout aussi rituel entretien avec Stéphane Roux fait le tour des informations sur le film et la carrière de Sordi en 14 minutes. Instructif et précieux pour une œuvre aussi peu connue.

L’image :
Vraiment pas terrible : outre les parasites, les instabilités, les couleurs approximatives, les plans bouchés, certains plans (heureusement rares) sont abîmés.

Le son :
La VO est avantagée, mais le son est en général assez confus, râpeux, bref pas toujours agréable.